Aux prises avec mes contradictions Place de la Nation.

La place de la nation : projet vert

La mairie de Paris a décidé de transformer la place de la Nation en grand jardin et d’y réduire de 57% la circulation automobile.
Des blocs de ciment blancs et moches ferment les avenues et réduisent les files de voitures sur la place.
Mon premier réflexe en tant qu’habitante de ce quartier,propriétaire d’une petite voiture qui dort dehors, c’est de me révolter contre ces abrutis d’écolos et leur cheftaine.
Vais-je pouvoir continuer à me garer dans la rue dans un quartier sans parkings ? Pourquoi ajouter des jardins alors qu’il y en a déjà ? N’y avait-il pas plus urgent, par exemple loger correctement les demandeurs d’asile et fournir des abris aux SDF ? etc …
Pour moi qui y suis née et y ait vécu depuis plus de 70 ans, Paris est une ville avec des voitures,des embouteillages, une ville sale, un foutoir où ça bouge, ça fait du bruit. C’est le contraire de la campagne.
J’engueule une jeune femme qui s’émerveille devant les barbouillages (verts) de ses enfants sur les blocs de ciment.
Je manque de me faire écraser par un mec en vélo qui prend une rue à contresens sans aucune mauvaise conscience en plus
J’évoque ces minutes interminables passées à tenter de me garer pas trop loin de chez moi depuis plus de 30 ans que j’habite ce quartier. Et ça va être pire.
Bon sang, je suis vieille, fatiguée. Ma petite voiture est un havre de paix. Qu’a donc ce petit Hidalgo contre les voitures ?
Et pourtant j’ai fait des efforts : je fais comme si je n’avais pas peur de me faire renverser par une trottinette, un skate, un vélo sur le trottoir. Je m’efforce de marcher droit …
Quelque chose en moi me dit que je deviens vraiment vieille à vitupérer ainsi. Quid de la pollution, de la disparition des petits oiseaux, des jeunes qui ne jurent que par leur téléphone et les trucs à roulette ?
J’ai lu que la mairie va nous distribuer des plantes pour que nous puissions jardiner. C’est une bonne idée de jardiner « tous ensemble ». On va peut-être même réussir à se parler et participer à notre petit niveau à la lutte contre le réchauffement de la planète (sic). Enfin les autres, parce que moi, je ne peux plus me baisser.
Puis ma colère revient, contre les marches dans le métro qui excluent les handicapés et les vieux, l’absence de prévisions pour les parkings, les jardins pour les bobos et les blocs de pierre pour les migrants…
Qui a raison ? qui a tort ?
Gouverner c’est tenter de concilier l’intérêt général et les intérêts des uns et des autres…en même temps., dans la mesure du possible.
Je veux bien coopérer mais je ne capitulerai pas sur un point : J’ai besoin de ma voiture quand je suis trop fatiguée, quand je pars en vacances.Dusse-je faire cent fois le tour de cette place pour me garer.
En écrivant ce petit article, je voulais juste donner un petit exemple de la difficulté de gérer les conflits, les contradictions présentes dans toutes les sociétés humaines.
Chacun doit tenter de raisonner dans l’intérêt général mais celui qui tranche ne doit pas le faire sans avoir pris la mesure des besoins légitimes de tous ses citoyens.
Il n’y pas d’alternative si nous voulons rester en démocratie.

De quelle catégorie relève ce blog ?????

Il ne relève d’aucune catégorie.
Les catégorisations sont indispensables pour les sciences exactes. Elles prennent le risque d »être caricaturales quand il s’agit d’un être humain.
Je suis femme, militante, féministe, juive, athée, libertaire, réformiste, sociologue, juriste, petite, vieille…etc
Un trouble dans l’identification -comme dirait Judith Butler (sic)*-m’habite et c’est finalement plutôt sympa.
Les éventuels lecteurs ne trouveront aucune recette, aucune certitude et mon blog ne sera jamais suivi par Treize millions de personnes , sniff.
En fait j’écris ce blog pour y voir plus clair dans mon cerveau en désordre. Je devrais peut-être l’intituler comme cela.
Que se passe-t-il quand un cerveau en désordre rencontre le désordre politico-social et les contradictions humaines ?
Cela peut donner le pire, le fascisme par exemple, comme le meilleur, un essai de réflexion sur les contradictions.

* Allusion à « Trouble dans le genre »

En Jordanie, j’ai rêvé d’un monde en paix

Dans ce pays pour le moment préservé de la folie humaine, j’ai vu des femmes avec des foulards et d’autres sans.
J’ai vu les enfants des écoles visiter les sites historiques de leur pays avec enthousiasme et gaieté
J’ai pu parler sans tabous avec mon guide Mahmoud, à moitié palestinien, du conflit israélo-palestinien. il m’a raconté l’histoire d’une négociation sur un canal reliant la mer rouge à la mer morte, qui dure depuis 20 ans. Ce canal sauverait la mer morte et permettrait à la Jordanie de remplacer en partie l’eau du Jourdain accaparée par Israël.
J’ai apprécié cette culture arabo-musulmane, ces salamalecs sympathiques, ces douces soirées à Petra ou Amman où personne ne songe à déranger une femme seule qui dine en terrasse.
Ce pays magnifique avec ses déserts,sa capitale répartie sur 25 collines, ses vallées verdoyantes offre dans des sites bien aménagés, des siècles de culture, nabatéenne, héllénistique, romaine, byzantine…
Ce court voyage m’a permis d’oublier un peu les querelles parisiennes stériles et obsessionnelles sur l’identité, l’Islam etc.
Tout à coup, tout paraissait simple.
Je ne suis pas dupe: je devine la misère, l’intolérance, l’absence de liberté d’expression etc… Tout est relatif
Mais ce que ces longues conversations avec Mahmoud ,dans ces paysages à couper le souffle,m’ont apporté, c’est une forme de paix , sans illusions, avec le monde arabo-musulman.

A gauche, Mosaïque byzantine à Mabata, A droite, sculpture hellenistique près d’Amman
Au milieu, Théatre romain à Jarash
A gauche en bas, jeunes filles dansant à Jarash. A droite en bas, Les sept piliers de la sagesse dans le Wadi Rum

« En même temps »

C’est un jeune homme poli, bien élevé, pas vraiment affriolant mais quel autre choix avons nous quand on ne croit pas au revenu universel, quand on souhaite reconstruire l’Europe et non la détruire, quand on veut tenir compte de l’absence de perspectives dites socialistes dans ce monde ici et maintenant.
Outre cette absence de choix face à la menace Le Pen /Fillon, Macron parle un langage que je comprends : ce « En même temps » qu’il emploie souvent, objet de moquerie de la part de journalistes peu attirés par les discours contradictoires, est une source d’espoir.
Concilier la mondialisation, la construction européenne avec la défense des plus démunis, concilier l’expansion d’un nouveau mode de production (capitaliste bien sûr) et sa nécessaire fluidité avec un code du travail moins contraignant mais toujours protecteur, réconcilier la société civile et la classe politique…etc nécessite de ne plus raisonner par idées simplistes ou apparemment « révolutionnaires ».
C’est un pari difficile auquel semble vouloir s’attaquer Macron, celui de mener à bien les nécessaires transformations économiques sans faire disparaitre complètement les droits sociaux acquis.
Il lui faudra mener en même temps une politique libérale et une politique sociale qui ne détricote pas trop les droits acquis . Il lui faudra essayer de moderniser le travail tout en évitant de jeter les nouveaux travailleurs « indépendants » dans un processus « d’uberisation » sauvage.
Tout ceci doit se faire « en même temps ». Cela s’appelle le Réformisme

Soyons réalistes, demandons le possible !

J’ai trouvé amusant de mettre côte à côte ces deux citations de Winston Churchill et Christophe Colomb.
Je garde au fond de moi l’illusion de la possibilité d’un socialisme à visage humain.
Mais je suis lasse de voir ce terme utilisé n’importe comment.
Le socialisme, ce serait l’appropriation publique des moyens de production et leur redistribution selon les besoins (et les mérites ?), par le biais de groupes autogérés….Mais comment éviter que cette appropriation publique ne conduise à la toute puissance de l’Etat, à la corruption, à une forme de dictature … Personne n’a trouvé la solution pour le moment.
Je ne suis ni marxiste, ni politologue… Je suis une vieille dame qui mourra sans comprendre -entre autres- les génocides…
Se revendiquer de la possibilité du socialisme, c’est poser comme hypothèse que les êtres humains sont bons par nature et ne deviennent mauvais que s’ils sont maltraités par la société. C’est en partie vrai, c’est en partie faux.
Penser cela, c’est oublier la coexistence du bien et du mal en nous mêmes.
La citée socialisée-politique- doit gouverner en tenant compte de cette dualité (qui est aussi la sienne)
« Le régime politique n’est qu’un aspect de nous-mêmes…Le régime c’est nous, il n’est pas assis sur le vide, mais sur une chaise, la chaise c’est nous. Tout expliquer par la faute du régime nous a servi à nous absoudre de nos propres responsabilités…Nous nous comportons avec le régime comme s’il était venu par la mer…Le régime est un aspect de notre échec.. » (Kamel Daoud, interrogé par El Watan le 19 février 2017)
Il nous reste d’immenses choses à faire : Faire passer dans la réalité les grands principes établis par la révolution française entre autres, réguler le libéralisme par des accords mondiaux et last but not least : apprendre à s’empêcher de pencher du côté du mal.
On ne construit pas une société plus juste en refusant le dialogue, en ignorant son voisin, en méprisant tout ce qui est autre
Soyons réalistes, tentons d’obtenir de nous-mêmes l’impossible !

C’est quoi le socialisme ?

 » Christophe Colomb fut le premier socialiste : il ne savait pas où il allait, il ignorait où il se trouvait…et il faisait tout çà aux frais du contribuable. » Winston Churchill

Réponse de Christophe Colomb : » On ne va jamais aussi loin que lorsque l’on ne sait pas où l’on va. »

« Nous n’avons pas les moyens de nos émotions » (Hubert Védrine sur France Inter)

A propos de l’Europe :
L’Histoire de l’Europe est pleine de bruit et de fureur.
Pour la génération de la guerre, la construction de l’Europe était vraiment la réalisation d’un rêve de paix, de dialogue entre les nations, de prospérité.
Sortir des nationalismes étroits, organiser les premiers échanges Erasmus dans nos universités, voir s’éloigner le spectre d’autres guerres, assister de notre vivant à l’entrée dans l’Europe des ex-pays du Bloc soviétique, oui c’était un rêve.
Le Non français et néerlandais au referendum de 2005 sur une constitution pour l’Europe a été le premier signal d’alerte. Ce Non montrait paradoxalement de la part des Français un intérêt pour l’Europe. Puis il y a eu le Brexit, en passant par les discours de l’extrême droite populiste, partout en Europe, jusqu’aux refus d’accueillir des réfugiés ,de la part de la Hongrie notamment, sans qu’aucune sanction ne soit prise.
Hubert Védrine a raison. Nous n’avons pas eu les moyens de nos émotions. Les nationalismes sont toujours là, le refus des « étrangers » (…) le repli sur soi renaissent un peu partout. Tout cela n’avait sans doute jamais disparu.
Faut-il abandonner le rêve. Sans doute. Les rêves vous mettent hors de la réalité et celle-ci a vite fait de vous rattraper par surprise.
Ce n’est plus à nous, les vieux, de mener ce combat pour une Europe équilibrée, sociale, pas trop bureaucratique, capable d’imposer à ses membres le minimum de règles sociales. Mais nous pouvons au moins jouer le rôle de lanceurs d’alerte : si l’Europe s’autodétruit, ce n’est pas seulement nos rêves qui disparaitront, ce sont peut-être nos pires cauchemars qui se réaliseront.
« Construire peut être le fruit d’un travail long et acharné. Détruire peut être l’oeuvre d’une seule journée. » Winston Churchill

Combat féministe : les viols systématiques en République Démocratique du Congo

Le centre Primo Levi qui s’est spécialisé dans l’accueil des victimes de torture, de violences, de viols vient de publier un document remarquable sur le viol systématique des femmes notamment dans l’est de la RDC .
On connaissait déjà la Clinique du viol dirigée par le Docteur Denis Mukwege, où l’on tente de réparer les victimes.
Il semble que depuis 2013, les viols de femmes, d’enfants, de bébés aient repris de plus belle.
Voici un extrait du document publié par le Centre Primo Levi :
 » La cruauté et l’inhumanité des actes subis par nos patients dépassent l’entendement. Souvent, maris, frères, pères et enfants sont obligés d’assister aux viols, voire d’y participer. D’autres fois, des jeunes filles sont capturées, enrôlées de force afin de servir d’esclaves sexuelles ou « d’épouses » de soldats. Traumatisées, souvent rejetées par leurs familles qui les considèrent désormais comme impures, ces filles doivent également subir les risques sanitaires que ce type d’exactions implique : grossesses, hémorragies internes, exposition accrue aux MST. » ( www.primolevi.org/le-centre-2)
Combattre le sexisme, le mépris des femmes dans l’éducation, dès l’acquisition du langage, dans l’utilisation des stéréotypes, c’est aussi participer à notre petit niveau à ce combat contre l’horreur.

Le 8 mars, le féminisme est tendance…

couverture de ELLE du 3 mars 2017

La délicieuse et talentueuse Virginie Effira arbore ce tee-shirt en couverture de ELLE, cette semaine du 8 Mars, Journée internationale des femmes.A l’intérieur du magazine, il y a un article qui s’intitule : »Simone de Beauvoir, Pop Star« , illustré par des mannequins enturbannés.
Loin de moi l’idée de dire du mal de ce magazine agréable et où des journalistes comme Dorothée Werner font un excellent travail.
Mais après le 8 mars, il faudra continuer le combat. Relevons nos jupes mes soeurs, il y a du boulot pour éradiquer le sexisme, les violences envers les femmes, le Mansinterrupting, l’absence de parité etc.
L’écrivaine Chimamanda Ngozi Adichie vient d’écrire un Manifeste pour une éducation féministe.(Gallimard). J’en extrais quelques phrases :
« Sois une personne pleine et entière, Ne te définis pas uniquement par le fait d’être mère. » »Bannis le vocabulaire de l’aide pour le père de ton enfant. Il fait ce qu’il doit faire. »« Considère ta fille comme une personne, pas comme une fille qui devrait se comporter comme ci ou comme çà. » « Au lieu de laisser ta fille intérioriser les rôles de genre, apprends lui l’autonomie. »
Ce petit livre devrait être enseigné à l’école .
Mais il y a une phrase qui m’a particulièrement ravi : « Bien sûr que je suis en colère. Le racisme me met en colère, le sexisme me met en colère. Le sexisme me met plus en colère, parce que dans ma colère contre le sexisme, je me sens souvent seule. »
Je me suis sentie très seule quand le présentateur Nagui (par ailleurs intelligent et plein de bonnes intentions) s’est écrié devant deux jeunes femmes charmantes qui participaient à son émission : »Que vous arrive-t-il Messieurs, ces femmes sont très jolies et pourtant célibataires! Mon époux depuis 55ans qui a partagé mes combats féministes (entre autres) a dit : » C’est vrai qu’elles sont jolies »...et ça m’a fichu en colère. Parce que comme le dit Chimamanda, c’est très perturbant de s’apercevoir que des êtres très proches ne voient pas le sexisme dans certains propos. Regrette-t-on que des hommes « jolis » soient célibataires ? Non.
Je finis ce (trop) long article sur une citation de Chimananda : » Ne présente jamais le mariage comme un accomplissement..Les hommes ne sont pas conditionnés de la même manière, ce qui peut entraîner un grave déséquilibre. »
A suivre

Retour sur le fil ténu

Mélenchon se fout de tout ce qui n’est pas lui, l’avenir de la gauche, une éventuelle victoire de l’extrême droite ou de la droite extrême.
On se demande parfois s’il sait qu’il existe un monde en dehors de sa petite personne…à part bien sûr Monsieur Chavez !
Pour moi il est l’exemple même du repli sur soi, de la difficulté de certains êtres humains à prendre conscience de l’existence des autres, des conséquences de leurs actes ou de leur narcissisme.
Depuis près de 50 ans, je suis passionnée par ce lien (le fil ténu) entre les petits narcissismes quotidiens et la violence sociale.

Sur cette photo, il y a une jeune femme assise sur un strapontin dans le métro. A côté d’elle, debout, il y a une vieille dame de près de 80 ans qui s’efforce de ne pas les faire mais sent dans tous ses membres la douleur de l’arthrose, la fatigue de ses jambes.( c’est moi)
La jeune femme fixe son téléphone. Elle ne fait pas exprès (laissons lui le bénéfice du doute), non, elle ne voit pas la vieille dame. Elle est enfermée dans son monde, son égoïsme et sa forme d’autisme.
C’est comme la vie, à la fois ridicule et tragique.