La vieillesse pour les nuls(6) : la fille qui n’aimait pas les vieux
La scène se passe dans une émission de télévision animée par Nagui, à midi sur la Deux: « Tout le monde veut prendre sa place ».
Chaque participant au jeu doit raconter uns histoire drôle qui lui est arrivée.
A cette heure là, le public est composé à 80% de personnes de plus de 70 ans.
La jeune candidate raconte l’histoire suivante : avec ses copines, elles avaient décidé de partir en vacances au soleil, dans un grand hôtel.
Tout se présente à merveille.
Puis, elles débarquent à l’hôtel en question qui est magnifique.
Mais quand elles regardent autour d’elles, catastrophe ! L’auditeur imagine des cafards, une réunion de la maffia chinoise, des salafistes enturbannés…Non, ce qu’elles voient autour d’elles, ce sont des vieux, certains avec des déambulateurs, d’autres avec des cannes…
Tout le monde s’esclaffe devant une telle vision d’horreur racontée sans aucun humour.
« Rien n’est plus imprévu que la vieillesse » Simone de Beauvoir in « La vieillesse, Gallimard, 1970
La vieillesse pour les Nuls (5): un nouveau challenge : essayer des chaussures

Je me souviens de mes parents me disant que si je ne travaillais pas bien à l’école, je deviendrais vendeuse de chaussures, le comble de l’humiliation.
Je me souviens d’avoir été gênée quand les vendeuses assises sur le petit banc à mes pieds, m’aidaient à enfiler des chaussures.
Puis je me souviens de la première fois où j’ai voulu acheter des bottillons avec cette fichue arthrose dans le dos.
La « technicienne de vente » me regardait me contorsionner du haut de ses 175 cm. Elle ne comprenait pas que mes pieds étaient soudainement devenus hors d’atteinte. Je n’étais pas sûre de comprendre non plus.
je suis sortie de la boutique, humiliée et furieuse contre la disparition de ces petits bancs de ma jeunesse.
La vendeuse a dû penser que j’étais une vieille emmerdeuse qui cherchait à s’occuper, incapable d’imaginer que si elle m’avait juste un peu aidée, je me serais ruinée dans sa boutique !
Comme dit mon toubib favori : « c’est de l’arthrose, rien à faire. »
La vieillesse pour les nuls (4) : la visite chez le médecin
« Alors, qu’est-ce qui ne va pas encore ? »
je sens dans ma main le petit post-it où j’ai noté toutes les questions que je voulais lui poser : un doigt de la main qui se replie dans la nuit, les légers vertiges, les palpitations etc…Je le cache précipitamment dans ma poche.
« Tout va bien docteur, je viens comme d’habitude pour le renouvellement de mes médicaments, puisque vous ne pouvez pas soi-disant me les donner pour plus de trois mois! « (Non mais…)
« Non évidemment, c’est interdit et à part çà, comment va votre mari ? »
« ça va, ça va…moi j’ai très mal à la main et…. »
« Arthrose, rien à faire… »
« Ah bon, et les palpitations ? »
« L’angoisse, rien de grave. C’est tout ? »
Il tape sur son ordinateur sans me regarder, imprime l’ordonnance et murmure : »Carte vitale »
« Vous avez toujours mes directives pour mourir dans la dignité ? »
« Elles doivent être quelque part par là… »
Je pense : »Mais avant de mourir dans la dignité, ce serait possible de vivre encore un peu sans être trop enquiquinée par l’inévitable usure de la vieillesse ? » mais je ne dis rien.
Il me semble que quand j’étais plus jeune, les médecins prenaient ma tension, écoutaient mon coeur…ça doit être passé de mode!
Mais ne vous y trompez pas. Il est sympa ce médecin.
Je crois que la vieillesse l’ennuie. Moi aussi
La vieillesse pour les Nuls (3) : Moi, Damart : jamais !

Vous y alliez d’abord avec votre maman, puis sans elle quand elle n’a plus pu sortir, pour lui acheter des chemises de nuit, des pantoufles.
Vous preniez des airs un peu supérieurs : »Non, je ne sais pas exactement la taille, ce n’est pas pour moi. »
Vous vous juriez que vous ne mettriez jamais les pieds dans cette arche pour très vieilles dames quand votre mère ne serait plus de ce monde.
Mais ils vous ont repéré : Vous avez reçu des catalogues que vous avez commencé par jeter sans les regarder.
Et puis ils vous ont flatté, offert des cadeaux, des vestes chaudes, des montres moches.
La première fois que vous y êtes entrée sans le prétexte de votre maman très âgée, vous êtes allée directement au rayon chaussures et vous y avez trouvé la chaussure qui ne blesse pas trop le fameux « hallus valgus ».(si vous ne savez pas ce que c’est, savourez votre bonheur!)
La deuxième fois, vous vous y êtes promenée, comme dans un magasin normal et vous y avez trouvé la culotte idéale maximoche mais maxi-confortable, mais bon…
Maintenant, vous êtes devenue une cliente « très privilégiée » qui accumule les cadeaux.
Vous y entrez mécaniquement.
Vous évitez juste de trop prêter attention aux clientes, les mères avec leurs filles, puis les filles seules, puis les très vieux couples fragiles.
Le cap est passé.
A bientôt chez Damart
La Vieillesse pour les nuls (2)
Imaginez : Il fait beau. Vous pédalez sur votre petit vélo le long d’une mer argentée. Vous avez entre 50 et 60 ans et vous vous sentez bien. Votre chevelure n’est pas encore blanche;
Vous dépassez fièrement une troupe d’adultes avec leurs enfants.
L’un des enfants en colère crie : « C’est nul, même les mamies nous dépassent! »
Le môme vous a percé à jour. C’est le début du passage vers une autre rive que vous allez découvrir , le statut de « mamie », avec ses codes, ses droits et devoirs…
Dès le premier signe, il faut vous décider : soit vous acceptez ce nouveau statut dans la bonne humeur et la positivité ( bienvenue à la SAGESSE), soit vous êtes de mauvais poil et ça ne va pas s’arranger!
( Merci chers lecteurs de lire ces propos avec le minimum d’humour)
La vieillesse pour les Nuls

Je suis vieille, Je suis vieille, Il faut que je sois discrète.
Tous les jours en m’habillant, je me répète la même chose et ça dure depuis des années.
Alors j’enfile un pantalon noir, un pull chaud et pas moulant.
Je regarde avec nostalgie les robes et les jupes shoppées sur Internet (dans les boutiques, le regard des vendeuses suffit à me dissuader) Quelquefois j’en mets une et je me regarde dans la glace. Non, décidément, je suis ridicule. Retour à la tenue ad-hoc pour vieilles dames bien élevées.
Et pourtant, elle est jolie cette jupe achetée (heureusement en solde) sur Internet. Quand on ne voit de moi que le bas, c’est plutôt chouette.
Mais quand on voit les cheveux blancs, les rides, rien ne va plus
Est-ce la peur du regard d’autrui ? Sûrement. Au mieux, personne ne vous félicite jamais sur votre tenue. Au pire, quelqu’un vous dit : » Tu te mets en jupe toi!!! »
Voila, c’est aussi cela la vieillesse. L’absence de liberté, l’autocensure, l’obligation de discrétion.Bref, une forme d’exclusion.
La non effectivité du droit : la maladie de la démocratie
PREAMBULE DE LA CONVENTION DE GENEVE DU 28 JUILLET 1951
« Considérant qu’il peut résulter de l’octroi du droit d’asile des charges exceptionnellement lourdes pour certains pays et que la solution satisfaisante des problèmes, dont l’ONU a reconnu la portée et le caractère internationaux, ne saurait dans cette hypothèse être obtenue sans une solidarité internationale. »
Soixante cinq ans plus tard: Ou sont passés l’accueil des demandeurs d’asile dans des conditions correctes, la solidarité internationale… ?
Mais les politiques et une partie des juristes n’en ont cure : pour eux l’important est d’accumuler des lois même si l’on sait qu’elles ne pourront pas être appliquées.
Jacques Delors disait : « La France est le plus grand cimetière de lois non appliquées. »
Si les lois et leur application par les tribunaux et les citoyens sont les garantes de la démocratie et de la confiance qu’on lui porte, la non application de ces lois risque de porter un coup fatal à l’idée même de démocratie
Hollande : pourquoi tant de haine ?
Certes l’homme n’a pas la stature d’un homme d’Etat. Certes, il est rondouillard et pas très séduisant. Certes, il n’a pas tenu nombre de ses promesses électorales. Certes il donne l’impression d’un marin qui court sur son grand bateau pour mettre un bout de ficelle là ou un clou ailleurs. Certes, on ne voit pas toujours si sa politique est à gauche ou à droite.
On évoque l’Homme d’Etat que fut Mitterand, cet homme qui au début de la guerre choisit Vichy, fut l’ami de Bousquet, fut Ministre de la justice pendant la guerre d’Algérie, et fit une politique social-démocrate ou incohérente (les 35 heures partout) à partir de 1983.
On peut parler de l’abolition de la peine de mort comme on peut aussi relever à l’actif de Hollande le mariage gay ou à celui de Giscard, la loi Veil sur l’avortement et la contraception.
A gauche, on chuchote que l’on va se glisser dans les rangs républicains pour voter Juppé aux primaires et pourquoi pas en 2017.
Nous sommes sans doute nombreux à avoir gardé le silence face à des interlocuteurs éructant contre Hollande, par fatigue ou par indifférence ou encore par lâcheté.
Que reproche-t-on exactement à François Hollande ? Avec Manuel Valls, il a choisi de mener une politique social-démocrate. Il ressemble à ces dirigeants de pays scandinaves qui ne laissent peut-être pas de traces dans l’Histoire mais bon an mal an, gèrent leur pays souvent dans l’intérêt de leurs citoyens. Un patronat peu inventif, un syndicalisme épuisé, n’aident guère le gouvernement à enrayer le chômage. Depuis combien de temps parle-t-on de l’échec de l’apprentissage en France. A tout le moins la responsabilité est partagée par les forces sociales, politiques et l’éducation nationale.
Que ferait Juppé s’il était élu en 2017 : une politique social-démocrate, dans l’intérêt du patronat et donc du fonctionnement d’une économie capitaliste mondialisée, une politique plus claire vis à vis des migrants consistant à tenter de les expulser plus et de manière plus voyante. On peut penser qu’il ferait preuve de plus de cohérence dans certains domaines : le droit du travail notamment qui au lieu de s’effilocher tendrait à se réduire au minimum. Puisse-t-il avoir de la cohérence en matière de politique du logement !
Notre pays est gangrené par l’idéologie. Ainsi, Etre de gauche serait être anti-capitaliste ! nous en avons rêvé. Le rêve s’est transformé en cauchemar. Qui peut oser s’affirmer communiste aujourd’hui ? Un jour peut-être quand les êtres humains seront devenus honnêtes, généreux, pacifiques, le socialisme redeviendra envisageable. Comment envisager sèrieusement Mélenchon,Autain, Duflot ou Montebourg …ces affamés de pouvoir, en dirigeants socialistes ?
Alors qui peut affirmer que intel ou intel, dans le désert intellectuel( organisé) des partis politiques ferait mieux que rafistoler le navire?
Le pouvoir, petit ou grand, transforme ceux qui le détiennent.
Notre seule garantie pour que le navire ne coule pas, c’est cette ébauche de démocratie qui permet d’équilibrer les appétits.
Et pour cela, pourquoi pas Hollande et Valls ?
L’un n’exclut pas l’autre

Dans l’article précédent, je me demandais si avant de mourir, je comprendrai le racisme et l’antisémitisme, et donc les phénomènes de rejet et d’exclusion dans toutes les sociétés humaines.
Cela fait plus de 40 ans que ces phénomènes m’obsèdent (comme des millions d’autres gens) au point d’avoir il y a trente ans soutenu ma thèse de doctorat sur ce thème.
j’y donnais la définition suivante de l’exclusion : « Exclure, c’est clôturer un espace social déclaré « normal » et en chasser un certain nombre d’individus atypiques, ou incompatibles avec certaines valeurs prédéfinies comme conditions d’appartenance à cet espace. »
Nous portons tous en nous les prodromes de l’exclusion, du refus de l’Autre.
Mon pessimisme est fondamental sur les possibilités de rapports harmonieux entre les êtres humains. Pour survivre, je fais appel à la nécessité absolue du respect de la forme dans nos rapports avec les autres. -dont le droit est l’une des manifestations-.
Et pour faire plus que survivre j’emprunte à Kant son concept de « bonne volonté » d’où peut naître le DIALOGUE entre le « je » et le « tu » (Martin Buber). Cette passion pour le dialogue (même s’il est difficile)) motive mon parcours militant. C’est le dialogue avec l’autre, le différent, mais aussi le dialogue avec nos propres contradictions qui peut permettre d’avancer vers une cohabitation plus ou moins harmonieuse.
J’ai voulu faire cette petite introduction, (d’abord pour rappeler l’existence de ce livre…) pour dire mon malaise face à ce débat qui grandit chez les féministes et chez les intellectuels à propos des migrants et des graves agressions perpétrées par certains d’entre eux contre des femmes.
Ces agressions sont impardonnables et j’ai déjà dit plus haut que si les dénoncer c’est être assimilé par quelques gauchistes attardés dans le tiers-mondisme ou la sacralisation de l’immigré, à des islamophobes, alors oui sur ce point je suis islamophobe
Mais ce débat devient vite manichéen. Il y aurait d’un côté les gentils occidentaux et de l’autre les méchants musulmans.
Malheureusement les violences contre les femmes concernent toutes les sociétés humaines (ou presque)
Dénoncer en bloc les migrants arabo-musulmans qui fuient la guerre, la faim, l’oppression, comme des gens haïssant la liberté des femmes est stupide. Même s’ils se revendiquent d’une religion qui exige la pudeur pour les femmes, cela ne fait pas nécessairement de tous ces hommes des criminels et des violeurs en puissance
Les juifs orthodoxes refusent de serrer la main aux femmes. Ces absurdités existent dans toutes les religions monothéistes. Personne ne les accuse d’être par essence des violeurs en série !Pour eux, il y a d’autres chefs d’accusation! En la matière l’imagination humaine est sans limites.
C’est oublier aussi que parmi ces migrants il y a des femmes, obligées de quitter leur pays à cause des violences guerrières, des mariages forcés, d’une absence totale d’avenir. Battues, humiliées, sacrifiées dans leur pays d’origine, elles se heurtent dans nos pays à une bureaucratie qui les rejette alors même que ce sont les premières à subir ces violences.
Continuer à défendre le droit d’asile pour les damnés de la terre n’est pas incompatible avec la condamnation des actes contraires à l’éthique et à la loi. La difficulté vient du fait que l’on ne peut pas renvoyer une personne fuyant un pays en guerre dans son pays. Il faut alors se poser la question du « COMMENT? » Condamner en bloc les politiques dès qu’ils agissent dans un sens ou dans un autre ne fait pas avancer le problème. Brandir de vieux slogans gauchistes ne fait pas avancer le schmilblik
Nous nous sommes battues en France au sein du Mouvement de libération des femmes contre les inégalités, les violences, les images dégradantes et nous avons fait passer dans la loi des textes qui permettent aux femmes de se défendre sur le terrain du droit.
Il ne fait aucun doute que ce combat qui commence dans les pays arabo-musulmans sera long et difficile. A nous de le soutenir.
Il va de soi que tout migrant qui veut vivre dans un pays où les femmes sont libres a le devoir de respecter cette liberté fondamentale au risque de se voir privé de sa liberté.
Penser en termes d’exclusion, n’est ce pas vouloir ordonner le réel, le figer en deux termes, nier le désordre inhérent à toute société humaine, qui plus est en voie de mondialisation capitaliste donc forcément inégalitaire.
Le dialogue passe par l’éducation, et prioritairement par les femmes. Notre système éducatif casté doit certes continuer à enseigner les classiques mais aussi n’en déplaise à Alain Finkelkrault inventer de nouvelles méthodes d’apprentissage du dialogue des cultures.
Réfléchis camarade, le vieux monde est devant toi