S’informer, mesurer son impuissance ou s’enfermer dans sa bulle ?

Les enfants jouent dans la piscine en riant.
Les merveilleux nuages se baladent dans un ciel bleu etc, etc…

Loin de ce petit paradis, un jeune homme blanc veut débarrasser son pays des Noirs et avec le fusil offert pour son anniversaire (!) fait un massacre à Charleston
Des hommes et des femmes meurent en Méditerranée, chassés par la guerre, la folie, l’intolérance et l’Europe pinaille sur le nombre de réfugiés à accueillir.
Les fous de ‘l’Etat islamique » assassinent la Tunisie démocratique, pillent les trésors archéologiques, massacrent des civils dans une impunité presque totale
On ne sait plus qui sont leurs ennemis : Les humoristes, les juifs, les chrétiens, les chiites, les touristes, les patrons… et les ratons-laveurs
Que faire ? Personne n’en sait rien. S’exclamer, pleurer, haïr la première femme voilée rencontrée, manifester avec qui ? contre qui ?

C’est bien de guerre dont il s’agit contre nos valeurs de dialogue, de démocratie, de partage, d’acceptation de l’Autre, d’accueil, de laïcité… Les intégristes, les suprématistes blancs, les racistes sont parmi nous, bien vivants et nous ne savons pas comment les combattre.

On peut bien sûr fermer la télé, la radio, ne plus lire les journaux, s’enfermer dans sa toute petite bulle et ‘être heu-reux, malgré tout. » IIs peuvent faire tout ce qu’ils veulent, ils ne parviendront pas à nous gâcher la vie », disons nous. Et c’est bien.
Rien ne sert de clamer des discours anti-racistes ou d’accuser dans le désordre l’Amérique pour les uns, l’Islam pour les autres, la pression migratoire pour d’autres encore.

Goethe disait : « Même Dieu ne peut rien contre la bêtise humaine. »

Dieu n’existe pas. Les êtres humains que nous sommes peuvent peut-être lutter contre cette foutue bêtise qui est aussi la leur (la notre)

Reflexions sur la question syndicale: Citations (de 1920 à 2015)

En 1920, des membres de l’ultra-gauche allemande, préconisaient la lutte sans compromis du prolétariat contre la bourgeoisie, le boycottage du parlementarisme, la destruction des syndicats en même temps que de tout l’appareil étatique du capitalisme, lui opposant la dictature du prolétariat dans la forme des Conseils d’usine. Herman Gorter en fut l’un des théoriciens. Il écrivit en 1920 un ouvrage intitulé : « Réponse à Lénine sur son livre : » l’extrémisme comme maladie infantile du communisme »

Il est passionnant de se pencher sur ces débats, même s’ils apparaissent totalement dépassés par certains aspects. Il faut les garder en mémoire parce qu’ils font partie de notre histoire, parce qu’ils posent des problèmes fondamentaux. Il m’est apparu intéressant de citer Gorter à propos des syndicats.

 » Marx écrit que, sous le capitalisme, le citoyen en face de l’Etat, est une abstraction, un chiffre. Il en est de même dans les vieilles organisations syndicales. La bureaucratie, toute l’essence de l’organisation forme un monde supérieur échappant à l’ouvrier, flottant au dessus de lui comme le ciel.L’ouvrier est en face d’elles un chiffre, une abstraction. Il n’est même pas pour elles l’homme dans l’atelier; il n’est pas un être vivant qui veut et lutte. Remplacez dans les vieux syndicats, une bureaucratie constituée par un personnel nouveau, et en peu de temps vous verrez que celui-ci aussi acquerera le même caractère qui l’élevera , le détachera de la masse. Les quatre vingt dix neuf centièmes seront des tyrans placés à côté de la bourgeoisie. Cela résulte de l’essence de l’organisation. »

Les problématiques ont changé, mais la question syndicale reste posée. La citation ci-dessous est empruntée à Michel Rocard dans le numéro du Nouvel Observateur du 4 Juin 2015:

« La principale raison de l’atrophie du PS, c’est l’absence de syndicats puissants dans notre pays…La cause initiale de l’évolution collective est un drame national d’une poignante atrocité: la Commune en 1871 qui se termine par 25000 tués et 25000 forçats durablement exilés. Tout ce qui dans la classe ouvrière française était alphabétisé et lettré disparaît. Les syndicats sont interdits et le patronat prend l’habitude de gérer absolument seul l’économie et le champ social. Et quand enfin nait plus tard, trop tard,, en 1898 un syndicat, l’appétit de puissance pour se défendre ou se venger est tel que tout parti politique, surtout s’il se dit socialiste, est un danger de trahison. Il prétend oeuvrer dans des institutions politiques pluralistes dont l’instrument de travail est le compromis, l’horreur dont les statuts de la CGT, déclarent l’indignité et exigent le rejet. Et lorsqu’enfin naît la SFIO en 1905, la CGT proclame le divorce sous la forme de la Charte d’Amiens. Les ouvriers ne rejoindront jamais le Parti socialiste. Il végètera avec des effectifs à peine égaux à 10% de ses congénères socio-démocrates en Europe. »

Les plus cultivés d’entre vous vont penser que les deux citations n’ont rien à voir entre elles. c’est sans doute vrai.
Mais mon intuition me dit qu’il y a là matière à réflexion, sur une question syndicale incontournable.

Pour Fatou, Aminata, Olga, Bana, Khadidja …

Elles sont arrivées un jour à notre permanence de la CIMADE.
Elles avaient entre 20 et 30 ans
Elles sont venues seules du Maghreb ou d’Afrique de l’Ouest, le plus souvent avec un visa de tourisme
Elles ont toutes trouvé du travail dans l’aide à domicile, la restauration…
Elles avaient refusé des mariages forcés, des vies de femmes uniquement vouées aux hommes ou à la maternité, à la famille.
Elles voulaient vivre libres, écrire, exercer un métier choisi par elles, ne pas se trouver enfermées dans un mariage sans amour…même avec un Français.
Elles portent leur fierté sur leurs beaux visages fatigués.
Elles travaillent dur, multipliant les petits boulots, attendant de gagner assez pour avoir droit à une carte de séjour mention « salarié »
Elles ne connaissent de Paris que certaines lignes de métro ou de RER, se depêchent de regagner leur petit studio, au fin fond de la banlieue, après leur travail.
Elles vivent dans une grande solitude en France : pas de bistrots, pas de squats, pas de famille, mais une vie entre quatre murs, entrecoupée de coups de téléphone « rassurants » à leur famille restée au pays.
Sortir, visiter Paris, faire les boutiques… c’est risquer des contrôles, des mauvaises rencontres et puis il faut avoir de l’argent et elles parviennent juste à survivre dans la dignité.
Elles viennent parfois de familles de la classe moyenne. Elles parlent parfaitement le français. Leur sort est moins douloureux que celui des Soudanais, Syriens, Erythreens… violentés dans leur pays, pendant leur long voyage et encore poursuivis par des gouvernements dits de gauche qui se cachent derrière les Accords de Dublin 2 ( L’asile doit être demandé dans le premier pays où l’on arrive) pour traiter ces gens comme des chiens galeux
Ces jeunes femmes sont des figures non médiatiques de ces immigré(e)s anonymes.
Leur seul tort est de vouloir choisir leur vie.
Les préfectures pondent des arrêtés de refus de séjour où l’argument majeur est qu’elles n’ont pas de famille en France !
Faudrait-il qu’elles fassent des enfants français avec n’importe qui ? Elles refusent et attendent leur carte de séjour comme un sésame libérateur.

Les Reines du shopping : Eloge de la superficialité

Il y a cinq femmes, des grandes, des petites, des minces, des pulpeuses, des jeunes, des vieilles, des belles, des moches…
Ces femmes doivent acheter une « tenue », des accessoires et se faire faire une beauté en 3 heures.
A la fin la grande prêtresse télévisuelle (Cristina Cordula,) décide qui est la gagnante.
C’est divertissant, pas prise de tête. (S’il vous plaît, ne dites pas à mes collègues et amis que je regarde cette émission.)
Ce qui est sympa c’est que les femmes sont des femmes normales, de celles que l’on rencontre dans la rue.
Le choix des vêtements est un marqueur important de nos sociétés de classe (ça, c’est pour les intellos qui par erreur liraient ce blog)

Bref, on s’amuse des vacheries qu’elles s’envoient entre elles, des rapports avec les vendeuses, de la voix off qui ne manque pas d’humour et puis on note quelques adresses de boutiques au passage.

Au travers de cette diversité, on voit s’exprimer des sensibilités, des gouts, des références, des choix différents.
Difficile, car la Prêtresse assène que telle tenue « n’est pas moderne », les participantes se déclarent choquées par l’absence de sac ou de bijoux (« si je sortais sans sac ou sans maquillage, j’aurais l’impression d’être nue » dit l’une d’entre elles ou encore « on ne peut pas être élégante sans talons d’au moins 14 cm » etc)

Qu’est-ce que l’élégance ? Qu’est-ce qu’être sexy ? Qu’est-ce qu’être moderne ?, Que signifie » être dans l’air du temps » ?
Qui peut le dire ? Est-ce qu’une femme sans bijoux est comme un poisson sans bicyclette.
Ces graves problèmes ne seront pas résolus. Et peut-être tant mieux.
Ce qui me plait dans ces émissions, c’est la revendication du superficiel. Ces femmes passionnées par le shopping sont émouvantes.

Il m’arrive de penser que les femmes qui assument leur coquetterie sont protégées (en partie) de la violence et du désir guerrier, par leur désir de (se) plaire, d’être avenantes. Qui plus est « comme la mode est une forme de laideur si intolérable qu’il faut en changer tous les six mois. » (Oscar Wilde), la quête des petites jupes n’a pas de fin.

Quand on cherche des citations sur l’apparence ou la coquetterie, on trouve des banalités du genre :la véritable beauté est celle du coeur. Certes mais pourquoi, l’une exclurait l’autre ?

Je vais me cacher derrière Nietzsche pour conclure : « Quiconque a sondé le fond des choses devine sans peine quelle sagesse il y a à rester superficiel. »

A méditer

« Il faut trois ans pour apprendre à parler et toute une vie pour apprendre à écouter. » Confucius .

Mais il semble que pour certains, toute une vie n’y suffise pas !
J’étais seule l’autre après-midi devant mon poste de télé.
Ce n’était que C à dire, l’émission des Spécialistes en Tout
Le débat portait sur l’Angleterre et l’Europe.
L’un des intervenants, expert de son état, déclara : » De toutes manières l’Angleterre applique déjà les deux tiers de Shengen »
Ah bon, me dis-je , Quels deux tiers ?
L’animatrice demanda alors à l’expert : « Pouvez-vous préciser votre affirmation sur ces fameux deux tiers ? »
L’expert fit alors de grandes phrases sur la nécessaire action commune entre l’Europe et l’Angleterre
De Shengen, point.
Et l’animatrice le remercia chaleureusement.

C’est tout, ce n’est pas grave.
C’est juste un énième exemple de la difficulté du dialogue et de l’écoute. Comment peut-on avancer dans une discussion ainsi ?
Les lieux où il n’y a pas d’enjeux de fric sont particulièrement sujets à cette non-écoute : Associations,Partis, syndicats, amitiés mal foutues, colloques, Universités etc…

Et Zut, je zappe sur « Les Reines du shopping »

Et si l’on supprimait l’adultère ?

Lévitique : « Si un homme commet un adultère avec une femme mariée, s’il commet un adultère avec la femme de son prochain, l’homme et la femme adultères seront punis de mort. » C’était il y a plus de 2000 ans.

Article 212 du Code Civil rappelé par l’Officier d’état civil lors de chaque mariage : » Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours et assistance. »

Mieux encore, Pour les tribunaux, les manquements aux obligations du mariage ne peuvent justifier le divorce que s’ils ont un caractère outrageant et qu’ils rendent le maintien du lien conjugal intolérable.

Et si l’on avançait encore. Si l’on supprimait la notion d’adultère qui correspond à une falsification, en d’autres termes à un mensonge, à une tromperie. Un couple, comme toute société humaine ne devrait pas reposer sur la tromperie.
Le concept de fidélité peut alors être conçu comme le respect de l’autre qui passe par la sincérité, la loyauté, l’attachement profond, le fait de ne pas trahir, même en esprit. Si j’ai envie de faire l’amour avec un(e) autre, je le fais et je le dis à mon (ma) compagne. Certes cela peut signifier que je ne l’aime plus . Il faudra alors en tirer les conséquences. Mais si j’avais simplement envie de « connaitre » d’autres sensations, d’autres peaux, ou d’aller plus loin dans une relation.
Pourquoi la fidélité sexuelle constitue-t-elle encore dans l’imaginaire collectif cette montagne infranchissable ?
Désirer, faire l’amour, vivre des amitiés amoureuses alors même que l’on reste profondément attaché à la personne avec qui l’on vit, à condition de ne pas mentir, pourrait devenir une alternative joyeuse au couple monogame.
Pendant 30 ans de nos 54 années de vie commune, mon mari et moi avons vécu ainsi, faisant mentir l’idéologie monogame.

Personne n’est obligé à rien. La seule obligation morale est la vérité et l’égalité entre hommes et femmes.
Pendant que j’y suis j’aimerais bien que disparaisse du vocabulaire le terme : »Besoin sexuel » appliqué aux seuls mâles. Et si on le remplaçait par le terme « Désir » pour un autre être humain;

Pour les « besoins », la société moderne nous offre plein de gadgets, de vidéos super efficaces.

Cette révolution de la sincérité mettrait au chômage nombre de scénaristes, romanciers, comédiens etc. Ils se reconvertiront. Ils le font déja un peu.

Marre des communautés de semblables

Hors des communautés, des groupes de toutes sortes, l’individu singulier pense, agit sous sa seule responsabilité.
Et au garçon de café , au caissier du cinéma, à l’hôtelier, qui lui demandent sur un ton pincé : » Vous êtes seul(e) ? », il ne dit rien mais n’en pense pas moins.

Question à moi-même : et si j’affirmais cela par envie ? Parce que je ne ressemble pas à ces trois jeunes filles ravissantes ?
L’être humain, hors groupe, doit se poser des questions à lui même. Mais l’avantage, c’est qu’il peut se donner raison sans avoir à faire de concessions.

Comme disait Socrate : »La seule chose que je sais c’est que je ne sais rien. »

Migrants : Accuser l’Europe de crimes contre l’humanité est sidérant de bêtise

Un certain Monsieur Calame anthropologue de son état, éructe dans le Monde fr de ce jour : « Dénonçons le crime contre l’humanité commis contre les migrants. »
S’il s’agit de redonner des moyens à l’organisation de sauvetages en Méditerranée, on ne peut qu’être d’accord.

J’ai écrit dans un article récent de ce blog que l’absence de politique migratoire européenne est aberrante. La timidité de la gauche française à cet égard est stupide et peut avoir des conséquences dramatiques pour les migrants mais aussi pour la démocratie. La montée de l’extrême droite dont l’essentiel du programme est le rejet des « immigrés » le démontre amplement.

Mais passer d’un silence peureux à la dénonciation de crimes contre l’Humanité européens est absurde.
L’Italie et la Grèce, aidées par des ONG sauvent des migrants quand ils le peuvent. Ils ne les sauvent pas tous. Est-ce là une « violation délibérée et ignominieuse des droits fondamentaux d’un groupe d’individus inspirée par des motifs politiques, philosophiques , raciaux ou religieux. »
Certes, l’Europe peut mieux faire .Certes la France peut, à Calais notamment mais pas seulement, accueillir les migrants de manière plus respectueuse et plus humaine.
Mais qui commet des crimes contre l’humanité ? Les gouvernements syriens, érythréens, certaines factions en Somalie ou au Soudan, les passeurs notamment en Libye, mais aussi certains migrants qui jettent à la mer des compagnons d’infortune chrétiens, mais aussi certains gouvernements corrompus en Afrique noire qui empêchent une majorité de leurs ressortissants d’avoir une vie digne, mais aussi L’EI ou Boko Haram…Il s’agit bien dans leurs cas de « meurtres, réduction en esclavage, transfert de populations, torture, viols, esclavage sexuel, commis dans le cadre d’une attaque généralisée lancée contre toute population civile. » C’est la définition des crimes contre l’Humanité contenue dans l’article 7 du Statut de Rome.
Ce sont ceux qui commettent ces crimes qu’il s’agit de dénoncer.

L’Europe commet-elle ces crimes contre les migrants ? Non. L’énoncer c’est tenir un discours tiers-mondiste stérile et participer de l’apathie générale en matière d’amélioration ( réformiste) du sort des migrants dans les différents pays européens et notamment en France.
Tout discours excessif, toute parole non contradictoire sur des sujets aussi graves est une forme de crime contre la lucidité, au nom d’une idée simpliste : quoiqu’il fasse, l’Occident a tort.
Certains vont plus loin : ils élaborent des théories du complot pour conforter cette idée unique et centrale: l’Occident, Etats-Unis en tête est mauvais et les Autres sont gentils et forcément non exploiteurs de leur propre peuple !