Les Reines du shopping : Eloge de la superficialité

Il y a cinq femmes, des grandes, des petites, des minces, des pulpeuses, des jeunes, des vieilles, des belles, des moches…
Ces femmes doivent acheter une « tenue », des accessoires et se faire faire une beauté en 3 heures.
A la fin la grande prêtresse télévisuelle (Cristina Cordula,) décide qui est la gagnante.
C’est divertissant, pas prise de tête. (S’il vous plaît, ne dites pas à mes collègues et amis que je regarde cette émission.)
Ce qui est sympa c’est que les femmes sont des femmes normales, de celles que l’on rencontre dans la rue.
Le choix des vêtements est un marqueur important de nos sociétés de classe (ça, c’est pour les intellos qui par erreur liraient ce blog)

Bref, on s’amuse des vacheries qu’elles s’envoient entre elles, des rapports avec les vendeuses, de la voix off qui ne manque pas d’humour et puis on note quelques adresses de boutiques au passage.

Au travers de cette diversité, on voit s’exprimer des sensibilités, des gouts, des références, des choix différents.
Difficile, car la Prêtresse assène que telle tenue « n’est pas moderne », les participantes se déclarent choquées par l’absence de sac ou de bijoux (« si je sortais sans sac ou sans maquillage, j’aurais l’impression d’être nue » dit l’une d’entre elles ou encore « on ne peut pas être élégante sans talons d’au moins 14 cm » etc)

Qu’est-ce que l’élégance ? Qu’est-ce qu’être sexy ? Qu’est-ce qu’être moderne ?, Que signifie » être dans l’air du temps » ?
Qui peut le dire ? Est-ce qu’une femme sans bijoux est comme un poisson sans bicyclette.
Ces graves problèmes ne seront pas résolus. Et peut-être tant mieux.
Ce qui me plait dans ces émissions, c’est la revendication du superficiel. Ces femmes passionnées par le shopping sont émouvantes.

Il m’arrive de penser que les femmes qui assument leur coquetterie sont protégées (en partie) de la violence et du désir guerrier, par leur désir de (se) plaire, d’être avenantes. Qui plus est « comme la mode est une forme de laideur si intolérable qu’il faut en changer tous les six mois. » (Oscar Wilde), la quête des petites jupes n’a pas de fin.

Quand on cherche des citations sur l’apparence ou la coquetterie, on trouve des banalités du genre :la véritable beauté est celle du coeur. Certes mais pourquoi, l’une exclurait l’autre ?

Je vais me cacher derrière Nietzsche pour conclure : « Quiconque a sondé le fond des choses devine sans peine quelle sagesse il y a à rester superficiel. »

A méditer

« Il faut trois ans pour apprendre à parler et toute une vie pour apprendre à écouter. » Confucius .

Mais il semble que pour certains, toute une vie n’y suffise pas !
J’étais seule l’autre après-midi devant mon poste de télé.
Ce n’était que C à dire, l’émission des Spécialistes en Tout
Le débat portait sur l’Angleterre et l’Europe.
L’un des intervenants, expert de son état, déclara : » De toutes manières l’Angleterre applique déjà les deux tiers de Shengen »
Ah bon, me dis-je , Quels deux tiers ?
L’animatrice demanda alors à l’expert : « Pouvez-vous préciser votre affirmation sur ces fameux deux tiers ? »
L’expert fit alors de grandes phrases sur la nécessaire action commune entre l’Europe et l’Angleterre
De Shengen, point.
Et l’animatrice le remercia chaleureusement.

C’est tout, ce n’est pas grave.
C’est juste un énième exemple de la difficulté du dialogue et de l’écoute. Comment peut-on avancer dans une discussion ainsi ?
Les lieux où il n’y a pas d’enjeux de fric sont particulièrement sujets à cette non-écoute : Associations,Partis, syndicats, amitiés mal foutues, colloques, Universités etc…

Et Zut, je zappe sur « Les Reines du shopping »

Et si l’on supprimait l’adultère ?

Lévitique : « Si un homme commet un adultère avec une femme mariée, s’il commet un adultère avec la femme de son prochain, l’homme et la femme adultères seront punis de mort. » C’était il y a plus de 2000 ans.

Article 212 du Code Civil rappelé par l’Officier d’état civil lors de chaque mariage : » Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours et assistance. »

Mieux encore, Pour les tribunaux, les manquements aux obligations du mariage ne peuvent justifier le divorce que s’ils ont un caractère outrageant et qu’ils rendent le maintien du lien conjugal intolérable.

Et si l’on avançait encore. Si l’on supprimait la notion d’adultère qui correspond à une falsification, en d’autres termes à un mensonge, à une tromperie. Un couple, comme toute société humaine ne devrait pas reposer sur la tromperie.
Le concept de fidélité peut alors être conçu comme le respect de l’autre qui passe par la sincérité, la loyauté, l’attachement profond, le fait de ne pas trahir, même en esprit. Si j’ai envie de faire l’amour avec un(e) autre, je le fais et je le dis à mon (ma) compagne. Certes cela peut signifier que je ne l’aime plus . Il faudra alors en tirer les conséquences. Mais si j’avais simplement envie de « connaitre » d’autres sensations, d’autres peaux, ou d’aller plus loin dans une relation.
Pourquoi la fidélité sexuelle constitue-t-elle encore dans l’imaginaire collectif cette montagne infranchissable ?
Désirer, faire l’amour, vivre des amitiés amoureuses alors même que l’on reste profondément attaché à la personne avec qui l’on vit, à condition de ne pas mentir, pourrait devenir une alternative joyeuse au couple monogame.
Pendant 30 ans de nos 54 années de vie commune, mon mari et moi avons vécu ainsi, faisant mentir l’idéologie monogame.

Personne n’est obligé à rien. La seule obligation morale est la vérité et l’égalité entre hommes et femmes.
Pendant que j’y suis j’aimerais bien que disparaisse du vocabulaire le terme : »Besoin sexuel » appliqué aux seuls mâles. Et si on le remplaçait par le terme « Désir » pour un autre être humain;

Pour les « besoins », la société moderne nous offre plein de gadgets, de vidéos super efficaces.

Cette révolution de la sincérité mettrait au chômage nombre de scénaristes, romanciers, comédiens etc. Ils se reconvertiront. Ils le font déja un peu.

Marre des communautés de semblables

Hors des communautés, des groupes de toutes sortes, l’individu singulier pense, agit sous sa seule responsabilité.
Et au garçon de café , au caissier du cinéma, à l’hôtelier, qui lui demandent sur un ton pincé : » Vous êtes seul(e) ? », il ne dit rien mais n’en pense pas moins.

Question à moi-même : et si j’affirmais cela par envie ? Parce que je ne ressemble pas à ces trois jeunes filles ravissantes ?
L’être humain, hors groupe, doit se poser des questions à lui même. Mais l’avantage, c’est qu’il peut se donner raison sans avoir à faire de concessions.

Comme disait Socrate : »La seule chose que je sais c’est que je ne sais rien. »

Migrants : Accuser l’Europe de crimes contre l’humanité est sidérant de bêtise

Un certain Monsieur Calame anthropologue de son état, éructe dans le Monde fr de ce jour : « Dénonçons le crime contre l’humanité commis contre les migrants. »
S’il s’agit de redonner des moyens à l’organisation de sauvetages en Méditerranée, on ne peut qu’être d’accord.

J’ai écrit dans un article récent de ce blog que l’absence de politique migratoire européenne est aberrante. La timidité de la gauche française à cet égard est stupide et peut avoir des conséquences dramatiques pour les migrants mais aussi pour la démocratie. La montée de l’extrême droite dont l’essentiel du programme est le rejet des « immigrés » le démontre amplement.

Mais passer d’un silence peureux à la dénonciation de crimes contre l’Humanité européens est absurde.
L’Italie et la Grèce, aidées par des ONG sauvent des migrants quand ils le peuvent. Ils ne les sauvent pas tous. Est-ce là une « violation délibérée et ignominieuse des droits fondamentaux d’un groupe d’individus inspirée par des motifs politiques, philosophiques , raciaux ou religieux. »
Certes, l’Europe peut mieux faire .Certes la France peut, à Calais notamment mais pas seulement, accueillir les migrants de manière plus respectueuse et plus humaine.
Mais qui commet des crimes contre l’humanité ? Les gouvernements syriens, érythréens, certaines factions en Somalie ou au Soudan, les passeurs notamment en Libye, mais aussi certains migrants qui jettent à la mer des compagnons d’infortune chrétiens, mais aussi certains gouvernements corrompus en Afrique noire qui empêchent une majorité de leurs ressortissants d’avoir une vie digne, mais aussi L’EI ou Boko Haram…Il s’agit bien dans leurs cas de « meurtres, réduction en esclavage, transfert de populations, torture, viols, esclavage sexuel, commis dans le cadre d’une attaque généralisée lancée contre toute population civile. » C’est la définition des crimes contre l’Humanité contenue dans l’article 7 du Statut de Rome.
Ce sont ceux qui commettent ces crimes qu’il s’agit de dénoncer.

L’Europe commet-elle ces crimes contre les migrants ? Non. L’énoncer c’est tenir un discours tiers-mondiste stérile et participer de l’apathie générale en matière d’amélioration ( réformiste) du sort des migrants dans les différents pays européens et notamment en France.
Tout discours excessif, toute parole non contradictoire sur des sujets aussi graves est une forme de crime contre la lucidité, au nom d’une idée simpliste : quoiqu’il fasse, l’Occident a tort.
Certains vont plus loin : ils élaborent des théories du complot pour conforter cette idée unique et centrale: l’Occident, Etats-Unis en tête est mauvais et les Autres sont gentils et forcément non exploiteurs de leur propre peuple !

La politesse

François Begaudeau a écrit un livre amusant sur l’impolitesse dans le milieu littéraire : attachés de presse ou critiques qui n’ont pas lu votre livre, public à la recherche de celui qui est CONNU etc…
Nous avons tous besoin de reconnaissance. Ne pas l’avoir fait mal à notre ego. Paradoxalement, c’est pour cela que J’aime bien ce blog de l’Harmattan sans commentaires. Il y a des gens mystérieux qui y jettent un coup d’oeil. Ces lecteurs anonymes ne peuvent ni me féliciter, ni m’injurier et c’est très bien comme cela.
J’ai cependant une certitude : à une exception près mes amis ne lisent pas mon blog. J’ai pourtant essayé soit de leur envoyer le lien soit de leur signaler tel ou tel article qui pourrait les intéresser. Non, ils tiennent bon. C’est comme si une force puissante les empêchait d’y accéder.
Il y a même un jeune homme de ma famille ( à qui j’avais envoyé l’ article sur ma judéité (paru dans le journal La Croix) pensant que les conséquences d’une enfance juive pendant la 2° guerre mondiale, pourraient l’intéresser dans une époque de nouveau confrontée à l’antisémitisme), qui a eu le courage de me dire – alors que je le relançais- ce que d’autres pensent sans doute : » Quel égoïsme ! Je t’emmerdes, plutôt deux fois qu’une. »
Une telle violence interroge le pauvre blogueur solitaire, qui doit reconnaitre qu’il a du mal à lire…les blogs des autres !
Pourquoi sommes nous allergiques aux écrits ou aux tableaux… de nos proches -non célèbres- alors que nous nous vantons d’avoir lu tel ou tel livre d’un auteur connu, même s’il est insipide ?
Je laisse au brillant La Rochefoucauld le soin d’émettre une hypothèse : »Il y a deux sortes de curiosité : l’une d’intérêt, qui nous porte à désirer d’apprendre ce qui peut nous être utile; et l’autre d’orgueil, qui vient du désir de savoir ce que les autres ignorent. »

Tout cela est à considérer avec distance et humour, comme la vie en général.