Aujourd’hui, mardi 22 Avril 2014, Hubert Védrine ancien Ministre des Affaires étrangères de François Mitterand, parlait d’or sur France Inter.
Il disait des choses simples : que l’opposition n’avait aucune raison de ne pas voter les propositions de réduction des dépenses publiques présentées par Manuel Valls, que les partis politiques français devaient évoluer -comme dans la plupart des pays européens- vers de nouvelles frontières et abandonner les combats systématiques contre les propositions du camp adverse.
Il a évoqué de manière simple les phantasmes des peuples et notamment des Français vis à vis de l’Europe et du soi-disant mystère de son fonctionnement politique. Il a conseillé aux français, s’ils souhaitaient une politique plus à gauche en Europe de tout simplement voter…à gauche aux élections pour le parlement européen.
Il a mis les choses au point sur la (soi-disant) responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994.
Cela fait du bien d’entendre un discours raisonnable, reposant sur des arguments solides et intelligents, évitant la démagogie.
Il vient de sortir un livre : « La France au défi » (Fayard).
Comment acheter un vélo quand on est (très) petit et un peu vieux ?
De ma fenêtre, j’aperçois aussi la piste cyclable qui longe la mer.
Cette piste m’a redonné envie de monter sur un vélo. Cette idée banale allait se révéler presque irréalisable.
Il y a deux ans, ne me doutant pas de l’extrême difficulté de la tâche, j’ai commencé par me rendre dans les grandes surfaces. Là, il y avait des vélos mais une absence totale d’êtres humains qui auraient pu m’aider à les détacher ou à les essayer.
J’ai continué par les boutiques parisiennes qui pullulent. Cela a donné grosso modo le dialogue suivant :
» Bonjour Monsieur. Je cherche un vélo qui me permette d’avoir en même temps les fesses sur la selle et les pieds bien arrimés sur terre. Je n’ai jamais appris à faire du vélo autrement. J’ai peur de tomber à mon âge mais en même temps, je voudrais tellement retrouver ce plaisir. Excusez-moi de vous compliquer la vie. » Ouf
» Bonjour ma petite dame. Mais vous ne m’ennuyez pas du tout. Ne bougez pas, je vais vous trouver çà tout de suite. »
Oh attente, Oh Espoir !
L’arrivée du vélo qu’il me faut me plonge dans la panique. Je ne vois pas comment je vais parvenir à soulever ma jambe, hantée par une sciatique persistante, par dessus les trois barres transversales. Une fois parvenue à les escalader sur l’insistance du vendeur, la selle même surbaissée m’arrive au milieu du dos.
Je renouvelle mes excuses que le vendeur ne refuse pas (c’est donc bien moi qui suis coupable d’après lui) quand il ne murmure pas une phrase du genre :' »En même temps, si vous ne faites pas d’effort ! »
Je passe sur l’épisode du vélo pliable à toutes petites roues acheté une fortune et qui m’a valu une quasi impossibilité de marcher dans les heures qui ont suivi son utilisation.
Je ne résiste pas cependant à raconter deux épisodes de cette saga qui en dit long sur la capacité des commerçants de ce pays à sortir de la normalité (ou de ce qu’ils considèrent comme telle)
Le premier se passe dans un magasin qui se nomme Sport 2000. Pendant que la patronne m’explique que si elle commande un vélo XS , elle est obligée d’en commander dix et qu’elle doit donc attendre 9 autres demandes de nabots avant que je puisse essayer le vélo qu’il me faut, un jeune stagiaire qui assiste à notre passionnant échange déclare : »Madame, vous feriez mieux de renoncer à faire du vélo à votre âge! »
Le deuxième se passe au téléphone avec un fabriquant de vélo bas normand connu pour son professionnalisme.
« Bonjour monsieur; je cherche un vélo…etc »
« Je vous arrête tout de suite madame. Chez G., nous faisons du travail sèrieux. La bonne position sur un vélo, c’est les fesses sur la selle et les pointes des pieds par terre. Il n’y en a pas d’autres.Toutes les autres positions ne sont pas correctes. »
» Ah bon, merci , je dois donc renoncer à faire du vélo parce que je suis petite et trouillarde ? »
« Vous pouvez toujours passer, mais je n’ai pas en rayon la taille XS et… »
‘Et vous devez les commander par dizaine, c’est çà ? »
L’histoire s’est finalement bien terminée. J’ai trouvé le vélo de mes rêves et de ma jeunesse sur le Bon Coin.fr, tout près de chez moi et en plus, la dame me l’a transporté.
J’ai même eu le courage de prendre la piste cyclable au bord de la mer et je n’ai (presque) plus peur de tomber.
Dans le même ordre d’idées, il y a l’achat du jean qui ne moule pas, des chaussures pour pieds mal foutus etc
Clap de fin
Qui sont ces immigré(e)s qui frappent aux portes de la France?
Les immigrés sont devenus pour certains une catégorie en soi. Ce ne sont plus des personnes avec leur histoire, leur personnalité. C’est une masse compacte de gens qui par leur (in)culture (sous-entendue la même pour tous), risquent de porter atteinte à nos valeurs et à nos institutions.
Si on regarde ces hommes et ces femmes de près, si on écoute leurs récits singuliers, si on voit non pas LES immigrés mais des immigrés, si on travaille avec eux dans l’empathie, il est impossible de s’en tenir à des idées générales sur la crise, le chômage et la concurrence, qui ne sont pas seulement l’apanage de l’extrême droite.
Voici des cas de personnes reçues à la CIMADE depuis le début de cette année. Que feriez-vous si vous étiez préfet, ministre de l’intérieur ou guichetier face à leurs situations ?
Il y a Mr M, orphelin, parti d’un pays du Maghreb à l’âge de huit ans avec son frère aîné. Il séjourne en Italie, y vit on ne sait comment, perd son frère, arrive en France à l’adolescence, passe entre les mailles du filet de l’Aide sociale à l’enfance, devient un délinquant, passe plusieurs années en prison, en ressort enfin sans nationalité, demande à l’OFPRA le statut d’apatride, ne l’obtient pas-sachant qu’aucun pays du Maghreb ne lui reconnait sa nationalité, essaye de se réadapter, y parvient en partie grâce à une jeune française. Il est analphabète mais pétillant d’intelligence, il était cuisinier en prison et veut apprendre le métier. Il a maintenant 35 ans et continue à galérer.
Il y a Melle B., venue d’un pays d’Afrique, auteure d’un livre sur l’immigration qui montre un talent prometteur. Elle vit dans une solitude immense en France depuis 3 ans, travaille 12 h par jour dans un restaurant, tente malgré sa fatigue et son désespoir d’écrire un deuxième livre, est promise à un mariage arrangé si elle rentre dans son pays. Elle ne correspond à aucun critère de régularisation.
Il y a Mr et Mme T, venus des Philippines, cultivés, ayant fait des études supérieures, mais qui sont prêts à tous les sacrifices pour éviter à leur fils unique, brillant élève en France, parlant parfaitement le français, le retour dans un pays trop pauvre pour lui garantir un avenir. Mr T. travaille pour quatre employeurs privés différents comme aide à domicile pour de vieilles personnes. Il n’a pas de papiers mais les enfants de ses employeurs lui dressent des couronnes. Cela fait sept ans qu’ils rament, tentent d’obtenir un rendez-vous.
Il y a Melle S.24 ans, arrivée d’Afrique avec un passeur pour la somme de 3000 euros, qui a été excisée et qui s’est enfuie pour échapper à l’enfermement d’un mariage forcé.
Il y a Mme N. venue d’iran, qui a fui son pays avec sa fille pour échapper à la violence d’un mari, hiérarque du régime.
Il y a Mme F., venue d’un petit pays d’Amérique latine, âgée de 65 ans,fragile, qui survit grâce à des ménages et raconte une vie solitaire dans son pays, alors que son unique enfant vit en France.
Je pourrais continuer longtemps cette énumération.Il s’agit d’environ 1% des personnes reçues depuis trois mois. Ces hommes et ces femmes racontent leur histoire tour à tour violente ou misérable, avec pudeur, même si les femmes ont du mal à ne pas pleurer. La plupart de ces cas n’entrent dans aucune catégorie juridique précise du CESEDA (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile) ou des Circulaires publiées depuis 2012.
Ils sont comme vous et moi. ils n’ont qu’une vie et ils tentent de la vivre le moins mal possible.
Alors, certes, la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle peut y contribuer en prenant en compte, dès l’arrivée aux guichets des préfectures, ces drames individuels, avec l’humanité qui convient.
L’ascenseur, le peuple, la politique
Je vis dans un immeuble racheté par un bailleur social. Belle opération de mixité sociale dans un quartier parisien, même si, comme il est courant, personne ne se connait.
Il y a juste un problème : le bailleur met à notre disposition des numéros de téléphone en cas de problèmes et notamment de panne d’ascenseur. Le service marche bien, encore faut-il l’appeler !
Pourquoi, ne sommes-nous que deux sur une cinquantaine de locataires à faire ce geste simple , autrement dit à assumer notre responsabilité dans la bonne gestion de ce bel immeuble hausmanien ?
Le malheureux lecteur que vous êtes se demande quel peut bien être l’intérêt de cette histoire d’ascenseur ! Récriminations de vieille dame acariâtre, pensez-vous. Peut-être.
Par ce petit fait, je veux juste rappeler ma théorie du fil ténu qui relie, parfois, les comportements quotidiens et banals, aux situations politico-sociales les plus graves.
La crise politique que nous traversons en France a certes montré les difficultés de notre pays, qu’il soit dirigé par la droite ou par la gauche, à réformer un système trop bureaucratique, trop centralisé, trop assisté (?), trop divisé entre un « socialisme » qui n’a de socialiste que le nom et une droite républicaine systématiquement critique mais dont on a du mal à cerner le programme alternatif.
Le peuple a dit non à ceux qui sont au pouvoir. Et comme il est difficile de dissoudre le peuple, on a licencié l’honnête Jean-Marc Ayrault, qui a l’immense défaut d’être un mauvais communiquant, à une époque ou la médiatisation, la communication sont devenues des valeurs suprêmes.
Est-ce que le bon peuple se demande quelle est sa responsabilité dans ce relatif échec ? Tel ou tel a-t-il choisi une formation qualifiante dans un domaine en expansion ? Tel ou tel s’est-il demandé pourquoi il n’avait jamais adhéré à un syndicat ? Tel ou tel a-t-il s’est-il interrogé sur le coût d’un système de santé comme le notre ? Tel ou tel s’est-il impliqué dans l’animation de sa commune ou de son quartier ? etc, etc
Assumer NOS responsabilités de citoyens, n’implique pas que l’Etat n’assume pas les siennes, bien sûr.
Mais compter sur l’Etat seul pour créer des emplois sans donner un coup de pouce aux entreprises, réformer notre système éducatif sans rien changer etc…relève soit de la naïveté, soit de la mauvaise foi.
Dernière nouvelle : l’ascenseur est toujours en panne.
Perplexités
C’est l’ histoire d’un diner chez des « amis ».
Ne pas y être convié signe une sorte d’arrêt de mort sociale.
Figurer dans le cercle des invités instaure chez moi un processus complexe fait de peur de l’ennui, d’excitation dénuée de tout fondement et d’observation nerveuse du calendrier destinée à évaluer le temps qui reste avant d’être de nouveau seule, certes, mais peinarde.
Dans la voiture qui me conduit vers leur maison au milieu des vignes, j’écoute Radio-Nostalgie. Jacques Brel chante « Les vieux ». Je me demande jusqu’à quel âge je me sentirais obligée de rencontrer mes semblables dans des situations ou personne n’écoute personne.
On m’a présenté aux autres invités : petits professeurs post soixante huitards, écolo-gauchistes et fiers de l’être. Ils semblent peu intéressés par la vieille dame que je suis devenue sans vraiment m’en apercevoir.
La maîtresse de maison m’interpelle : »Alors, le bruit de la route devant votre maison, c’est supportable » braille-t-elle avec un sourire perfide.
Une vague de détresse m’envahit. Je souris douloureusement. La maîtresse de maison me prend par les épaules. J’ai l’impression qu’elle me trouve pitoyable. Je me demande s’il y a un âge où tout vous indiffère ? Il faut que je pense à m’intéresser au bouddhisme.
Tout le monde parle en même temps. Le style est alter-mondialiste primaire, vaguement complotiste. Je m’enveloppe dans mon invisibilité pour ne pas casser l’ambiance. ça marche. On m’oublie.
Au bout d’une heure je commence à m’interroger sur les raisons pour lesquelles tous ces imbéciles , en m’ignorant, se coupent de la personne la plus intéressante de cette soirée !
Je suis brusquement réveillée par les hurlements de ma voisine qui vitupère contre les féministes : »Toutes ces soi-disant féministes qui veulent interdire le voile à l’école, sont en fait des fascistes »
Alors j’explose, de toutes mes colères refoulées, de tous mes silences complices. Peu à peu un silence gêné s’installe. Je dis que je crois aux valeurs universelles, que je déteste toutes les religions, les replis identitaires. Je dis que je les trouve bien tolérants vis à vis de la religion musulmane dans ses manifestations les plus misogynes. Je termine sur un hymne à l’école républicaine et à la laïcité.
Puis, je me lève, tremblante. Je les salue et rejoins ma voiture en trébuchant sur le chemin pierreux.
Pierre Bachelet chante les corons sur Radio Nostalgie. Je pleure sur les corons, sur la bêtise, sur mes rêves envolés, sur le retour du communautarisme. Je pleure sur moi-même, sur ma difficulté à accepter les autres comme ils sont.
La déprime me guette. Je connais le remède. Je fonce dans mon bureau. Je mets le CD des Chants du Ghetto. Peu à peu la musique agit. Je pleure sur les souffrances de mon peuple, exilé mais vivant. Je vais me coucher rassérénée.
Avant de m’endormir, une question me traverse un instant l’esprit : Pourquoi n’ai-je pas écouté plutôt Nina Simone ?
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L’obeissance stricte au droit peut tuer : A propos de : »Le chemin des morts » de François Sureau (Gallimard, 2013)
François Sureau a été Conseiller d’Etat. Il a siégé à la Commission de recours des réfugiés (devenue la Commission nationale du droit d’asile) au début de sa carrière dans les années 80. Il raconte comment, frais émoulu de l’Université, il doit rapporter sur le cas d’un ancien militant basque, réfugié politique en France pendant vingt ans, mais privé de son statut par une décision de Giscard D’Estaing refusant le statut de réfugié aux Basques espagnols vivant en France, au motif que l’Espagne était devenue un pays démocratique.
En loyal juriste, il conclut que, conformément aux textes, l’asile est réservé aux ressortissants des pays considérés comme non démocratiques. Le militant basque ne pourra donc pas rester en France, malgré ses dires sur les risques d’exécution de la part des membres des GAL ( Groupes antiterroristes de libération).
Quelques mois plus tard, le militant basque rentré en Espagne est exécuté.
Aucun juriste ne devrait rester indifférent à ce court texte, admirablement maîtrisé.
Ce qu’interroge François Sureau, c’est la certitude, c’est l’application bête du droit, sans recul.
Il ne s’agit pas de condamner le Droit en général, bien au contraire, mais de toujours avoir envers lui le recul nécessaire et critique.
C’est à cette réflexion essentielle et salutaire sur l’obéissance et sur le doute que François Sureau nous invite.
La mort d’Antoinette Fouque
Je me souviens des attentes interminables dans des salles enfumées, avant qu’Antoinette et ses troupes n’arrivent aux réunions …organisées par elles.
Je me souviens des discours d’Antoinette. Elle appartenait à cette catégorie d’oratrices dont on ne savait pas ce qu’elle avait voulu dire après ses interventions.
Je me souviens de ses condamnations péremptoires, alors que nous parlions d’égalité en droit, du Droit considéré par elle comme Patriarcal par essence.
Je me souviens de la difficulté que j’éprouvais à choisir entre son groupe, Psychanalyse et Politique, et le groupe des féministes pour l’égalité.
Je me souviens du Groupe du jeudi créé justement par des femmes qui voulaient parler à la fois d’elles et de politique, d’égalité en droit et de l’importance de la psychanalyse, pour illustrer notre slogan :Le privé est politique ou encore : »Une ne se divise pas qu’en deux ».
La difficulté pour les groupes d’êtres humains de parvenir au dialogue socratique, d’assumer nos contradictions et d’avancer avec elles n’a pas permis à ce groupe de durer.
Je me souviens du week-end à La Tranche sur mer organisé par Psychanalyse et politique, où un certain nombre de femmes du MLF venues pour vivre la sorrorité, sont reparties blessées par le mépris des « Antoinettistes »à leur égard.
Je me souviens de l’attirance des médias pour Antoinette, fêtée lors des journées du 8 Mars ou d’autres évènements, au détriment de mes copines qui agissaient pour l’IVG, pour la création de Centres pour Femmes battues, pour la criminalisation du viol, pour la parité…Anne Zelensky, entre autres, fut exemplaire dans toutes ces luttes. Dommage que son féminisme exclusif l’ait conduit depuis quelques années sur les chemins dangereux de l’islamophobie.
Je me souviens d’avoir été horrifiée par le dépôt du sigle MLF, à la Préfecture, par Antoinette Fouque. Par ce geste « juridique » (et profondément patriarcal pour le coup), elle remettait en cause les aspects anarchistes du MLF que j’aimais.Elle affirmait qu’il ne pouvait exister qu’un seul MLF, le sien. C’est précisément contre ce type de comportements que nous avions créé le MLF.
Paix à ton âme Antoinette. Tu étais intelligente et inventive, mais tu aimais trop le pouvoir et tu n’avais pas compris (ou pas voulu comprendre) que notre Mouvement des femmes des années 70 voulait inventer une autre manière de faire de la politique.
Dommage. Avec toutes nos sensibilités différentes, nous aurions pu ne pas avoir ces absurdes querelles de clans. Nous aurions pu discuter de nos différends, sans haine et sans volonté d’avoir raison à tout prix. Mais sans doute était-ce une utopie. Les femmes sont des hommes comme les autres.
Individualisme et Intérêt général

Le bruit court, la rumeur enfle : les jeunes seraient de plus en plus individualistes, de plus en plus éloignés de toute idée d’intérêt général ou de contrat social.
Chaque personne ayant dépassé 50 ans s’exaspére de voir des jeunes et des moins jeunes l’oeil agrippé à leur smartphone, à leurs messages ou à leur page Facebook, comme si leur vie en dépendait. Chaque génération a du mal à comprendre la génération qui suit. Rien de nouveau sous le soleil.
Outre, comme je l’ai dit plus haut, qu’il n’y a pas LES jeunes mais des jeunes, on peut aussi se poser des questions sur cette soif de faire société avec des amis réels ou virtuels.
Est-ce que cette volonté de se créer une petite société d’amis n’est pas un bon moyen d’apprendre ce qu’est la vie sociale, ses joies, ses déceptions, ses compromissions, ses grandeurs et ses lâchetés ? Et pour ne pas trop souffrir, il vaut peut-être mieux que ce soit virtuel.
Autre question : Ce que donne à voir le monde politique, social, intellectuel, n’est pas exaltant. Vouloir s’y engager nécessite soit une bonne dose de volonté de pouvoir, soit une bonne dose de naïveté.
Les beaux esprits qui s’exaspèrent de la baisse du niveau , du narcissisme des jeunes, de leur individualisme devraient peut-être se demander qui a envie de leur ressembler ?
Enième reflexion sur l’écoute dans les groupes
Coucou, c’est moi.
En sortant d’une réunion d’un groupe « politico-culturel », je me disais que ce qui importe pour être écouté, n’est pas le fond, le contenu du discours, mais le statut ( classe sociale, sexe, notoriété…) de la personne qui le prononce.
Au secours Molière, les manières de cour n’ont pas disparu avec la démocratie !
« Nommez-le fourbe, infâme et scélérat maudit,
Tout le monde en convient, et nul n’y contredit.
Cependant sa grimace est partout bienvenue;
On l’accueille, on lui rit, partout il s’insinue;
Et s’il est, par la brigue, un rang à disputer,
Sur le plus honnête homme on le voit l’emporter.
Têtebleu ! ce me sont de mortelles blessures,
De voir qu’avec le vice on garde des mesures;
Et parfois il me prend des mouvements soudains
De fuir dans un désert l’approche des humains.
Alceste, Scène 1, Acte 1, Le Misanthrope