Individualisme et Intérêt général

school bus

Le bruit court, la rumeur enfle : les jeunes seraient de plus en plus individualistes, de plus en plus éloignés de toute idée d’intérêt général ou de contrat social.
Chaque personne ayant dépassé 50 ans s’exaspére de voir des jeunes et des moins jeunes l’oeil agrippé à leur smartphone, à leurs messages ou à leur page Facebook, comme si leur vie en dépendait. Chaque génération a du mal à comprendre la génération qui suit. Rien de nouveau sous le soleil.
Outre, comme je l’ai dit plus haut, qu’il n’y a pas LES jeunes mais des jeunes, on peut aussi se poser des questions sur cette soif de faire société avec des amis réels ou virtuels.
Est-ce que cette volonté de se créer une petite société d’amis n’est pas un bon moyen d’apprendre ce qu’est la vie sociale, ses joies, ses déceptions, ses compromissions, ses grandeurs et ses lâchetés ? Et pour ne pas trop souffrir, il vaut peut-être mieux que ce soit virtuel.
Autre question : Ce que donne à voir le monde politique, social, intellectuel, n’est pas exaltant. Vouloir s’y engager nécessite soit une bonne dose de volonté de pouvoir, soit une bonne dose de naïveté.
Les beaux esprits qui s’exaspèrent de la baisse du niveau , du narcissisme des jeunes, de leur individualisme devraient peut-être se demander qui a envie de leur ressembler ?

Enième reflexion sur l’écoute dans les groupes


Coucou, c’est moi.
En sortant d’une réunion d’un groupe « politico-culturel », je me disais que ce qui importe pour être écouté, n’est pas le fond, le contenu du discours, mais le statut ( classe sociale, sexe, notoriété…) de la personne qui le prononce.
Au secours Molière, les manières de cour n’ont pas disparu avec la démocratie !
« Nommez-le fourbe, infâme et scélérat maudit,
Tout le monde en convient, et nul n’y contredit.
Cependant sa grimace est partout bienvenue;
On l’accueille, on lui rit, partout il s’insinue;
Et s’il est, par la brigue, un rang à disputer,
Sur le plus honnête homme on le voit l’emporter.
Têtebleu ! ce me sont de mortelles blessures,
De voir qu’avec le vice on garde des mesures;
Et parfois il me prend des mouvements soudains
De fuir dans un désert l’approche des humains.

Alceste, Scène 1, Acte 1, Le Misanthrope

Immigration=intégration=Une Commission

Comment mieux intégrer les immigrés ?
On aurait pu imaginer plusieurs réponses : Qu’ils subissent moins d’humiliations aux guichets des préfectures, qu’ils puissent trouver facilement des structures pour apprendre le français, que les employeurs qui les apprécient puissent les faire régulariser s’il ne trouvent aucun européen pour certains postes, qu’ils ne campent plus dans des lieux insalubres et forcément communautaires, qu’ils puissent voter aux élections municipales après quelques années de présence en France…
Après cinq rapports enterrés et dans le cadre d’une rivalité Matignon /Ministère de l’Intérieur, M. Ayrault a trouvé la solution : Créer un Organisme public consacré à l’intégration et à la lutte contre les discriminations qui serait rattaché au Premier Ministre.
Bon sang, mais que n’y avait-on pensé plus tôt ?
S’ils fréquentaient des immigrés, nos gouvernants et nos excités racistes constateraient que la plupart des enfants d’immigrés élevés dans des familles aimantes et attentives, qui fréquentent l’école de la République, parlent un français impeccable, maitrisent le tweet, leur page facebook et l’histoire de France.
Pour la plupart, ils conserveront leur langue maternelle et, heureusement, quelque chose de leur culture d’origine.
Quant à la discrimination, il existe à ma connaissance d’autres organismes qui s’en occupent.

« Je me presse de rire de tout avant d’être obligé d’en pleurer. » Beaumarchais

Mauvais genre : A propos de Tomboy

Tomboy est un délicieux film de Celine Sciamma sorti en 2011.
C’est un film délicat et tendre sur une petite fille de 10 ans, cheveux courts et allure androgyne, qui l’espace d’un été, fait croire à d’autres enfants qu’elle est un garçon.
J’ai aimé la finesse, la véracité de ce film. Il nous parle de la pression exercée sur les enfants par une société qui admet mal la marginalité , l’étrangeté (inquiétante), l’Autre et qui le constitue parfois en bouc-émissaire.
Ses copines, ses copains, ses parents, son quartier constituent son petit univers. Comme tous les enfants (et les adultes…), elle a peur qu’on ne l’aime pas, elle a peur de la solitude, elle a peur de ne pas être comme il faudrait qu’elle soit, elle a peur que son amour du football la fasse mal voir de ses camarades de classe.
Qui n’a pas vécu à cet âge cette inquiétude à l’idée de ne pas être accepté, parce que l’on est timide, trop gros, mal habillé, trop petit, trop grand, binoclard, garçon manqué ou garçon trop « efféminé ».
Ce film rare était projeté dans les écoles grâce à l’Association : »Enfances au cinéma ».
Les enfants ont aimé ce film. Caroline Brizard du Nouvel Observateur (05/02/14) rapporte les propos de Mateo (9 ans): »C’est un film sur l’amitié. Laure veut tellement avoir des amis qu’elle est obligée de mentir, comme nous des fois, et après quand on ment, on est coincé, on n’ose plus dire la vérité. »
Et pourtant, en Janvier 2014, une pétition est mise en ligne par une association de chrétiens, contre la diffusion de ce film dans les écoles. La pétition a recueilli autour de 30000 signatures.
Cet incident est emblématique de l’atmosphère qu’une certaine frange droitière, confite en religion quelle qu’elle soit, fait régner dans ce pays.
Reculer face à ce crétinisme montre s’il en était besoin que la médiocratie et la lâcheté sont au coeur de la social-démocratie.
Entre l’indigence de la droite, la pusillanimité de la « gauche »et l’extrémisme qui s’affiche dans nos rues, il nous faut choisir le moins pire.
Mais est-ce que le parti au pouvoir mesure bien les séquelles à long terme de sa couardise ?

Socialisme, social-démocratie, Réforme, Révolution ? Que Faire ?

Quel programme ! Mais rassurez-vous je n’ai que des banalités à écrire, des questions sans réponse à déposer sur ce blog. Car quoi de plus stupide que d’avoir réponse à tout ! Merci à Flaubert qui disait : » L’ineptie c’est de conclure. »
Quand j’étais jeune je me disais socialiste. Cela voulait dire pêle-mêle sans aucun respect de la doxa marxiste :
– une société plus juste sans appropriation excessive des moyens de production.
– Des usines autogérées par les travailleurs (et les patrons).
– Des conditions de travail respectueuses de la santé et de la dignité des ouvriers.
– La liberté d’expression y compris dans les partis dits « de gauche ».
– L’obligation de faire tourner les responsabilités dans toutes les organisations.
– L’égalité entre hommes et femmes.
– L’Education et la formation pour tous.
– Un habitat correct pour tous.
– Plus un seul SDF..
– L’aide au développement des pays pauvres.
– La fin de la dictature du capital sans disparition du capital pour autant…etc

Les évènements de Hongrie en 1956 m’ont fait prendre conscience que le système stalinien était à l’opposé de mes rêves. Dès lors mon socialisme fut relégué dans un avenir im-pensable, celui d’une humanité sans inhumanité, sans guerres pour le pouvoir, sans égoïsmes, sans narcissismes. Sans ces conditions, l’utopie révolutionnaire risquait de devenir meurtrière. (Cf le Cambodge)
Restait la social-démocratie incarnée entre autres par Jaurès, Léon Blum, Pierre Mendès-France ou Michel Rocard, c’est à dire une forme de gestion la moins injuste possible du capitalisme, assortie de réformes sociétales importantes.
Le coming-out de F. Hollande à ce propos, après les mensonges de sa campagne électorale, est donc le bienvenu. En d’autres termes le Président reconnait qu’il fait ce qu’il peut dans un monde gouverné par l’argent, confronté à la mondialisation donc à une concurrence acharnée notamment des pays émergents, malheureusement trop souvent fondée sur des salaires de misère et l’absence de charges sociales.
Quand on fait ce que l’on peut dans un monde qui ne vous obéit pas, cela risque de conduire à la social-médiocratie. C’est mal fichu, ça mécontente à tour de rôle toutes les catégories de la population, plus promptes à accuser l’Etat de tous leurs maux plutôt que de se demander en quoi ils pourraient participer à un effort collectif.
On pourrait imaginer des réformes plus radicales, moins de lois ajoutées aux lois existantes, plus d’attention accordée à l’application des lois, moins de délégation de responsabilités à des partenaires sociaux peu disposés au dialogue ou à l’innovation (à part la CFDT dont je salue la clairvoyance et le courage)
Mais en ces jours de manifestation des extrêmes contre la prétendue « familiphobie » du gouvernement, les interrogations sur les insuffisances de la social-démocratie s’effacent. La boue remonte à la surface, violente, rabacheuse (racisme, antisémitisme, théorie du complot, homophobie…).
Certes, tout cela n’est pas nouveau. Mais ce qui me frappe dans cette situation, c’est la responsabilité de la droite « républicaine ». La social-démocratie ne peut reposer que sur un consensus minimum sur un certain nombre de valeurs communes. Or la droite critique, vocifère, n’approuve rien, ne propose rien. En agissant ainsi de manière irresponsable, elle contribue à favoriser les extrêmes, leurs déclarations haineuses dont le but est toujours le même : Désigner des bouc-émissaires.

« La rage de vouloir conclure est l’une des manies les plus funestes et les plus stériles qui appartiennent à l’Humanité. Chaque religion et chaque philosophie a prétendu avoir Dieu à elle, toiser l’infini et connaître la recette du bonheur. Quel orgueil et quel néant. » (G. Flaubert, 1863, Lettre à Melle Leroyer de Chantepie)

Entre chiens et loups ( ou le suicide d’un groupe)

Dessin de Granville illustrant « Le chien coupable » de Florian

Toute ressemblance avec une situation vécue n’est pas exclue

Un groupe de braves toutous
Sur leur identité réfléchissaient.
Griffons, labradors, caniches et bâtards
Sur leurs différences s’interrogeaient.
Ils aimaient à se retrouver
Dans le jardin de l’un des leurs.
Des chefs toutefois ils avaient.
Un labrador élégant et poête
Puis un bouledogue un peu bourru
Présidèrent tant bien que mal
A leurs assemblées agitées.
Quelques loups cependant
Voyant en l’assemblée
Des proies faciles et tendres
S’y étaient immiscés.
Les chiens les craignaient
Mais ils étaient flattés
Et restaient déférents.
L’un des loups rongé par l’envie
Estima que son identité
valait mieux que l’ombre où il était parqué.
Du groupe de toutous il décida la fin.
Il flatta plus que de coutume
Une vieille chienne efflanquée et morose.
Tous deux mêlant compliments et satires
De ces humbles toutous eurent bientôt raison
Et semèrent entre eux une sombre zizanie.
Puis dans sa solitude le loup se retira
Confiant à la vieille chienne le soin
D’achever le travail commencé.
Et le groupe mourut du fait de l’un des siens.

La morale de cette fable est : Si par modestie ou par orgueil
Vous ne souhaitez pas prendre le pouvoir
Ne vous plaignez pas que de moins scrupuleux s’en emparent.

Gaspard Proust ou « l’humour » sexiste.

Hermione, la copine d'Harry Potter
Monsieur Gaspard,

J’avais entendu parler de vous comme du « seul humoriste drôle » dans ces temps tristounets.
J’ai donc acheté votre DVD intitulé : « Gaspard Proust tapine ».
« Un regard noir, ironique, décalé, brillant, la découverte humoristique la plus affutée de l’année, le nouveau comique qu’on va adorer détester. » Tous ces éloges écrits au verso du DVD donnaient envie.
Ce que j’ai entendu sur les femmes sans homme après 30 ans ne m’a pas fait rire du tout.
Nous sommes au 21° siècle et vous vous permettez de parler des femmes célibataires comme on parlait des « vieilles filles » au siècle dernier.
Alors, je n’ai qu’une chose à vous dire : « Une femme sans homme, c’est comme un poisson sans bicyclette ». C’était l’un des jolis slogans des femmes du MLF dans les années 70 et il est toujours d’actualité.
Il est comme le vrai humour, il n’a pas besoin d’explication.