Immigration=intégration=Une Commission

Comment mieux intégrer les immigrés ?
On aurait pu imaginer plusieurs réponses : Qu’ils subissent moins d’humiliations aux guichets des préfectures, qu’ils puissent trouver facilement des structures pour apprendre le français, que les employeurs qui les apprécient puissent les faire régulariser s’il ne trouvent aucun européen pour certains postes, qu’ils ne campent plus dans des lieux insalubres et forcément communautaires, qu’ils puissent voter aux élections municipales après quelques années de présence en France…
Après cinq rapports enterrés et dans le cadre d’une rivalité Matignon /Ministère de l’Intérieur, M. Ayrault a trouvé la solution : Créer un Organisme public consacré à l’intégration et à la lutte contre les discriminations qui serait rattaché au Premier Ministre.
Bon sang, mais que n’y avait-on pensé plus tôt ?
S’ils fréquentaient des immigrés, nos gouvernants et nos excités racistes constateraient que la plupart des enfants d’immigrés élevés dans des familles aimantes et attentives, qui fréquentent l’école de la République, parlent un français impeccable, maitrisent le tweet, leur page facebook et l’histoire de France.
Pour la plupart, ils conserveront leur langue maternelle et, heureusement, quelque chose de leur culture d’origine.
Quant à la discrimination, il existe à ma connaissance d’autres organismes qui s’en occupent.

« Je me presse de rire de tout avant d’être obligé d’en pleurer. » Beaumarchais

Mauvais genre : A propos de Tomboy

Tomboy est un délicieux film de Celine Sciamma sorti en 2011.
C’est un film délicat et tendre sur une petite fille de 10 ans, cheveux courts et allure androgyne, qui l’espace d’un été, fait croire à d’autres enfants qu’elle est un garçon.
J’ai aimé la finesse, la véracité de ce film. Il nous parle de la pression exercée sur les enfants par une société qui admet mal la marginalité , l’étrangeté (inquiétante), l’Autre et qui le constitue parfois en bouc-émissaire.
Ses copines, ses copains, ses parents, son quartier constituent son petit univers. Comme tous les enfants (et les adultes…), elle a peur qu’on ne l’aime pas, elle a peur de la solitude, elle a peur de ne pas être comme il faudrait qu’elle soit, elle a peur que son amour du football la fasse mal voir de ses camarades de classe.
Qui n’a pas vécu à cet âge cette inquiétude à l’idée de ne pas être accepté, parce que l’on est timide, trop gros, mal habillé, trop petit, trop grand, binoclard, garçon manqué ou garçon trop « efféminé ».
Ce film rare était projeté dans les écoles grâce à l’Association : »Enfances au cinéma ».
Les enfants ont aimé ce film. Caroline Brizard du Nouvel Observateur (05/02/14) rapporte les propos de Mateo (9 ans): »C’est un film sur l’amitié. Laure veut tellement avoir des amis qu’elle est obligée de mentir, comme nous des fois, et après quand on ment, on est coincé, on n’ose plus dire la vérité. »
Et pourtant, en Janvier 2014, une pétition est mise en ligne par une association de chrétiens, contre la diffusion de ce film dans les écoles. La pétition a recueilli autour de 30000 signatures.
Cet incident est emblématique de l’atmosphère qu’une certaine frange droitière, confite en religion quelle qu’elle soit, fait régner dans ce pays.
Reculer face à ce crétinisme montre s’il en était besoin que la médiocratie et la lâcheté sont au coeur de la social-démocratie.
Entre l’indigence de la droite, la pusillanimité de la « gauche »et l’extrémisme qui s’affiche dans nos rues, il nous faut choisir le moins pire.
Mais est-ce que le parti au pouvoir mesure bien les séquelles à long terme de sa couardise ?

Socialisme, social-démocratie, Réforme, Révolution ? Que Faire ?

Quel programme ! Mais rassurez-vous je n’ai que des banalités à écrire, des questions sans réponse à déposer sur ce blog. Car quoi de plus stupide que d’avoir réponse à tout ! Merci à Flaubert qui disait : » L’ineptie c’est de conclure. »
Quand j’étais jeune je me disais socialiste. Cela voulait dire pêle-mêle sans aucun respect de la doxa marxiste :
– une société plus juste sans appropriation excessive des moyens de production.
– Des usines autogérées par les travailleurs (et les patrons).
– Des conditions de travail respectueuses de la santé et de la dignité des ouvriers.
– La liberté d’expression y compris dans les partis dits « de gauche ».
– L’obligation de faire tourner les responsabilités dans toutes les organisations.
– L’égalité entre hommes et femmes.
– L’Education et la formation pour tous.
– Un habitat correct pour tous.
– Plus un seul SDF..
– L’aide au développement des pays pauvres.
– La fin de la dictature du capital sans disparition du capital pour autant…etc

Les évènements de Hongrie en 1956 m’ont fait prendre conscience que le système stalinien était à l’opposé de mes rêves. Dès lors mon socialisme fut relégué dans un avenir im-pensable, celui d’une humanité sans inhumanité, sans guerres pour le pouvoir, sans égoïsmes, sans narcissismes. Sans ces conditions, l’utopie révolutionnaire risquait de devenir meurtrière. (Cf le Cambodge)
Restait la social-démocratie incarnée entre autres par Jaurès, Léon Blum, Pierre Mendès-France ou Michel Rocard, c’est à dire une forme de gestion la moins injuste possible du capitalisme, assortie de réformes sociétales importantes.
Le coming-out de F. Hollande à ce propos, après les mensonges de sa campagne électorale, est donc le bienvenu. En d’autres termes le Président reconnait qu’il fait ce qu’il peut dans un monde gouverné par l’argent, confronté à la mondialisation donc à une concurrence acharnée notamment des pays émergents, malheureusement trop souvent fondée sur des salaires de misère et l’absence de charges sociales.
Quand on fait ce que l’on peut dans un monde qui ne vous obéit pas, cela risque de conduire à la social-médiocratie. C’est mal fichu, ça mécontente à tour de rôle toutes les catégories de la population, plus promptes à accuser l’Etat de tous leurs maux plutôt que de se demander en quoi ils pourraient participer à un effort collectif.
On pourrait imaginer des réformes plus radicales, moins de lois ajoutées aux lois existantes, plus d’attention accordée à l’application des lois, moins de délégation de responsabilités à des partenaires sociaux peu disposés au dialogue ou à l’innovation (à part la CFDT dont je salue la clairvoyance et le courage)
Mais en ces jours de manifestation des extrêmes contre la prétendue « familiphobie » du gouvernement, les interrogations sur les insuffisances de la social-démocratie s’effacent. La boue remonte à la surface, violente, rabacheuse (racisme, antisémitisme, théorie du complot, homophobie…).
Certes, tout cela n’est pas nouveau. Mais ce qui me frappe dans cette situation, c’est la responsabilité de la droite « républicaine ». La social-démocratie ne peut reposer que sur un consensus minimum sur un certain nombre de valeurs communes. Or la droite critique, vocifère, n’approuve rien, ne propose rien. En agissant ainsi de manière irresponsable, elle contribue à favoriser les extrêmes, leurs déclarations haineuses dont le but est toujours le même : Désigner des bouc-émissaires.

« La rage de vouloir conclure est l’une des manies les plus funestes et les plus stériles qui appartiennent à l’Humanité. Chaque religion et chaque philosophie a prétendu avoir Dieu à elle, toiser l’infini et connaître la recette du bonheur. Quel orgueil et quel néant. » (G. Flaubert, 1863, Lettre à Melle Leroyer de Chantepie)

Entre chiens et loups ( ou le suicide d’un groupe)

Dessin de Granville illustrant « Le chien coupable » de Florian

Toute ressemblance avec une situation vécue n’est pas exclue

Un groupe de braves toutous
Sur leur identité réfléchissaient.
Griffons, labradors, caniches et bâtards
Sur leurs différences s’interrogeaient.
Ils aimaient à se retrouver
Dans le jardin de l’un des leurs.
Des chefs toutefois ils avaient.
Un labrador élégant et poête
Puis un bouledogue un peu bourru
Présidèrent tant bien que mal
A leurs assemblées agitées.
Quelques loups cependant
Voyant en l’assemblée
Des proies faciles et tendres
S’y étaient immiscés.
Les chiens les craignaient
Mais ils étaient flattés
Et restaient déférents.
L’un des loups rongé par l’envie
Estima que son identité
valait mieux que l’ombre où il était parqué.
Du groupe de toutous il décida la fin.
Il flatta plus que de coutume
Une vieille chienne efflanquée et morose.
Tous deux mêlant compliments et satires
De ces humbles toutous eurent bientôt raison
Et semèrent entre eux une sombre zizanie.
Puis dans sa solitude le loup se retira
Confiant à la vieille chienne le soin
D’achever le travail commencé.
Et le groupe mourut du fait de l’un des siens.

La morale de cette fable est : Si par modestie ou par orgueil
Vous ne souhaitez pas prendre le pouvoir
Ne vous plaignez pas que de moins scrupuleux s’en emparent.

Gaspard Proust ou « l’humour » sexiste.

Hermione, la copine d'Harry Potter
Monsieur Gaspard,

J’avais entendu parler de vous comme du « seul humoriste drôle » dans ces temps tristounets.
J’ai donc acheté votre DVD intitulé : « Gaspard Proust tapine ».
« Un regard noir, ironique, décalé, brillant, la découverte humoristique la plus affutée de l’année, le nouveau comique qu’on va adorer détester. » Tous ces éloges écrits au verso du DVD donnaient envie.
Ce que j’ai entendu sur les femmes sans homme après 30 ans ne m’a pas fait rire du tout.
Nous sommes au 21° siècle et vous vous permettez de parler des femmes célibataires comme on parlait des « vieilles filles » au siècle dernier.
Alors, je n’ai qu’une chose à vous dire : « Une femme sans homme, c’est comme un poisson sans bicyclette ». C’était l’un des jolis slogans des femmes du MLF dans les années 70 et il est toujours d’actualité.
Il est comme le vrai humour, il n’a pas besoin d’explication.

Deux poids, deux mesures ? Des caricatures de Mahomet à la danse sur la Shoah

Juste au moment ou à l’instar de Shlomo Sand, je me sentais presque prête à « cesser d’être juive », Dieudonné et son spectacle, « Le Mur », ont fait irruption dans ma tranquille béatitude.
Ce sera donc pour plus tard, quand les antisémites et les obsédés de l’antisionisme cesseront leur litanie. je crains de ne jamais connaitre cette période.

Désolée mon petit papa d’avoir repris le nom que tu avais souhaité effacer dans les années 50. C’était pour moi une manière de te laver de tes humiliations. Je ne pensais pas qu’il faudrait sans cesse reprendre le combat contre l’infâme.

On ne pourra pas laver leur cerveau. On pourra juste faire deux choses: les empêcher d’étaler publiquement leur haine et tenter de transmettre aux jeunes qui trouvent tout cela très drôle la vérité historique sur les ravages de l’antisémitisme et du racisme. L’interdiction de propos racistes, certes contraire au principe de la liberté d’expression, peut peut-être permettre une forme de pédagogie.

Il y a quelques jours, je me suis immiscée dans une discussion entre jeunes sur Dieudonné. Ils avaient entre 25 et 30 ans, venaient d’Afrique, du Brésil, de Thailande, de la Jamaique. Ils condamnaient les propos antisémites de Dieudonné. Mais ils le trouvaient très drôle, s’élevaient contre l’atteinte à la liberté d’expression et insistaient surtout sur le « Deux poids, deux mesures » entre le traitement juridique et médiatique de l’antisémitisme et celui de l’Islamophobie par exemple. J’ai lu également dans Le Monde fr que certains jeunes estimaient qu’on leur parlait trop de la Shoah au lycée.

Il y a sans doute une part de vérité dans leurs propos. Trouver la bonne mesure en la matière n’est pas simple.Cela mériterait peut-être la constitution d’un « Comité Théodule » qui mesurerait la fréquence des enseignements sur les différents génocides dans l’Histoire de cette pauvre humanité.

En tout état de cause, à propos de la formule : »Deux poids, deux mesures », il me parait ABERRANT de comparer les caricatures anti-religieuses aux appels à la haine et à la mort. Les références à la Shoah ou aux chambres à gaz sont bel et bien des incitations au meurtre. L’athéisme et l’anticléricalisme qui l’accompagne parfois sont des prises de position légitimes qui n’appellent pas au crime contre les croyants.

Pierre Desproges, souvent cité ces derniers temps, en véritable humoriste, avait trouvé le moyen de ne pas exclure les juifs de ses textes sans en appeler au meurtre, comme en témoignent les citations qui suivent : « En un mot comme en cent, chers habitants hilares de ce monde cosmopolite, je répéterai inlassablement qu’il vaut mieux rire d’Auschwitz avec un juif que de jouer au scrabble avec Klauss Barbie. » ou  » on ne m’ôtera pas de l’idée que pendant la dernière guerre mondiale de nombreux juifs ont eu une attitude carrément hostile à l’égard du régime nazi. »

« L’Humanité passe par l’autre », Devise de la Cimade

Doit-on détester TOUS les Arabo-Musulmans à cause des crimes commis par les Islamistes ?

L’assimilation systématique entre Juifs et Israéliens, par un certain nombre de personnes, dont une majorité visible est d’origine maghrébine (très minoritaires au sein de cette population en France faut-il le rappeler),a de quoi exaspérer le juif le plus anti-raciste des anti-racistes.
Le fait qu’Israël se revendique comme un Etat juif au sens religieux du terme, comme d’autres Etats se revendiquent de la Charia est regrettable.
Tous les gens qui sont athées et/ou laïcs le condamnent et le déplorent.
Beaucoup de « juifs » figurent parmi ces gens. Beaucoup d’entre eux soit condamnent certains aspects de la politique israélienne et le font savoir, soit refusent un quelconque lien avec ce pays, soit encore récusent cette judéité essentialiste qui fait d’eux des juifs malgré eux.
Mais il y a des limites à cette dénégation : les apparitions multiformes de l’antisémitisme.
Là, le juif/pas juif se réveille. Il n’est pas religieux mais il a été fait juif par une histoire récente et douloureuse, comme les Arméniens, comme les Tutsi, comme les Hutus modérés, comme les Indiens d’Amérique (génocide bactériologique), comme les esclaves africains , comme les cambodgiens (auto-génocide) etc…
Le juif/pas juif, vaillant militant anti-raciste, pourfendeur des régimes réactionnaires dans le Monde, déambulateur depuis des décennies entre République, Bastille ou Nation, se demande pourquoi les français ou les immigrés d’origine arabo-musulmane majoritairement pacifiques et laïcs, ne manifestent pas leur répulsion vis à vis des intégrismes musulmans qui tuent des innocents partout dans le monde ou vis à vis de toutes les formes de racismes y compris l’antisémitisme.

Le vieux sage espère