Entre chiens et loups ( ou le suicide d’un groupe)

Dessin de Granville illustrant « Le chien coupable » de Florian

Toute ressemblance avec une situation vécue n’est pas exclue

Un groupe de braves toutous
Sur leur identité réfléchissaient.
Griffons, labradors, caniches et bâtards
Sur leurs différences s’interrogeaient.
Ils aimaient à se retrouver
Dans le jardin de l’un des leurs.
Des chefs toutefois ils avaient.
Un labrador élégant et poête
Puis un bouledogue un peu bourru
Présidèrent tant bien que mal
A leurs assemblées agitées.
Quelques loups cependant
Voyant en l’assemblée
Des proies faciles et tendres
S’y étaient immiscés.
Les chiens les craignaient
Mais ils étaient flattés
Et restaient déférents.
L’un des loups rongé par l’envie
Estima que son identité
valait mieux que l’ombre où il était parqué.
Du groupe de toutous il décida la fin.
Il flatta plus que de coutume
Une vieille chienne efflanquée et morose.
Tous deux mêlant compliments et satires
De ces humbles toutous eurent bientôt raison
Et semèrent entre eux une sombre zizanie.
Puis dans sa solitude le loup se retira
Confiant à la vieille chienne le soin
D’achever le travail commencé.
Et le groupe mourut du fait de l’un des siens.

La morale de cette fable est : Si par modestie ou par orgueil
Vous ne souhaitez pas prendre le pouvoir
Ne vous plaignez pas que de moins scrupuleux s’en emparent.

Gaspard Proust ou « l’humour » sexiste.

Hermione, la copine d'Harry Potter
Monsieur Gaspard,

J’avais entendu parler de vous comme du « seul humoriste drôle » dans ces temps tristounets.
J’ai donc acheté votre DVD intitulé : « Gaspard Proust tapine ».
« Un regard noir, ironique, décalé, brillant, la découverte humoristique la plus affutée de l’année, le nouveau comique qu’on va adorer détester. » Tous ces éloges écrits au verso du DVD donnaient envie.
Ce que j’ai entendu sur les femmes sans homme après 30 ans ne m’a pas fait rire du tout.
Nous sommes au 21° siècle et vous vous permettez de parler des femmes célibataires comme on parlait des « vieilles filles » au siècle dernier.
Alors, je n’ai qu’une chose à vous dire : « Une femme sans homme, c’est comme un poisson sans bicyclette ». C’était l’un des jolis slogans des femmes du MLF dans les années 70 et il est toujours d’actualité.
Il est comme le vrai humour, il n’a pas besoin d’explication.

Deux poids, deux mesures ? Des caricatures de Mahomet à la danse sur la Shoah

Juste au moment ou à l’instar de Shlomo Sand, je me sentais presque prête à « cesser d’être juive », Dieudonné et son spectacle, « Le Mur », ont fait irruption dans ma tranquille béatitude.
Ce sera donc pour plus tard, quand les antisémites et les obsédés de l’antisionisme cesseront leur litanie. je crains de ne jamais connaitre cette période.

Désolée mon petit papa d’avoir repris le nom que tu avais souhaité effacer dans les années 50. C’était pour moi une manière de te laver de tes humiliations. Je ne pensais pas qu’il faudrait sans cesse reprendre le combat contre l’infâme.

On ne pourra pas laver leur cerveau. On pourra juste faire deux choses: les empêcher d’étaler publiquement leur haine et tenter de transmettre aux jeunes qui trouvent tout cela très drôle la vérité historique sur les ravages de l’antisémitisme et du racisme. L’interdiction de propos racistes, certes contraire au principe de la liberté d’expression, peut peut-être permettre une forme de pédagogie.

Il y a quelques jours, je me suis immiscée dans une discussion entre jeunes sur Dieudonné. Ils avaient entre 25 et 30 ans, venaient d’Afrique, du Brésil, de Thailande, de la Jamaique. Ils condamnaient les propos antisémites de Dieudonné. Mais ils le trouvaient très drôle, s’élevaient contre l’atteinte à la liberté d’expression et insistaient surtout sur le « Deux poids, deux mesures » entre le traitement juridique et médiatique de l’antisémitisme et celui de l’Islamophobie par exemple. J’ai lu également dans Le Monde fr que certains jeunes estimaient qu’on leur parlait trop de la Shoah au lycée.

Il y a sans doute une part de vérité dans leurs propos. Trouver la bonne mesure en la matière n’est pas simple.Cela mériterait peut-être la constitution d’un « Comité Théodule » qui mesurerait la fréquence des enseignements sur les différents génocides dans l’Histoire de cette pauvre humanité.

En tout état de cause, à propos de la formule : »Deux poids, deux mesures », il me parait ABERRANT de comparer les caricatures anti-religieuses aux appels à la haine et à la mort. Les références à la Shoah ou aux chambres à gaz sont bel et bien des incitations au meurtre. L’athéisme et l’anticléricalisme qui l’accompagne parfois sont des prises de position légitimes qui n’appellent pas au crime contre les croyants.

Pierre Desproges, souvent cité ces derniers temps, en véritable humoriste, avait trouvé le moyen de ne pas exclure les juifs de ses textes sans en appeler au meurtre, comme en témoignent les citations qui suivent : « En un mot comme en cent, chers habitants hilares de ce monde cosmopolite, je répéterai inlassablement qu’il vaut mieux rire d’Auschwitz avec un juif que de jouer au scrabble avec Klauss Barbie. » ou  » on ne m’ôtera pas de l’idée que pendant la dernière guerre mondiale de nombreux juifs ont eu une attitude carrément hostile à l’égard du régime nazi. »

« L’Humanité passe par l’autre », Devise de la Cimade

Doit-on détester TOUS les Arabo-Musulmans à cause des crimes commis par les Islamistes ?

L’assimilation systématique entre Juifs et Israéliens, par un certain nombre de personnes, dont une majorité visible est d’origine maghrébine (très minoritaires au sein de cette population en France faut-il le rappeler),a de quoi exaspérer le juif le plus anti-raciste des anti-racistes.
Le fait qu’Israël se revendique comme un Etat juif au sens religieux du terme, comme d’autres Etats se revendiquent de la Charia est regrettable.
Tous les gens qui sont athées et/ou laïcs le condamnent et le déplorent.
Beaucoup de « juifs » figurent parmi ces gens. Beaucoup d’entre eux soit condamnent certains aspects de la politique israélienne et le font savoir, soit refusent un quelconque lien avec ce pays, soit encore récusent cette judéité essentialiste qui fait d’eux des juifs malgré eux.
Mais il y a des limites à cette dénégation : les apparitions multiformes de l’antisémitisme.
Là, le juif/pas juif se réveille. Il n’est pas religieux mais il a été fait juif par une histoire récente et douloureuse, comme les Arméniens, comme les Tutsi, comme les Hutus modérés, comme les Indiens d’Amérique (génocide bactériologique), comme les esclaves africains , comme les cambodgiens (auto-génocide) etc…
Le juif/pas juif, vaillant militant anti-raciste, pourfendeur des régimes réactionnaires dans le Monde, déambulateur depuis des décennies entre République, Bastille ou Nation, se demande pourquoi les français ou les immigrés d’origine arabo-musulmane majoritairement pacifiques et laïcs, ne manifestent pas leur répulsion vis à vis des intégrismes musulmans qui tuent des innocents partout dans le monde ou vis à vis de toutes les formes de racismes y compris l’antisémitisme.

Le vieux sage espère

Préfecture de Paris : Echos de guichets

Dialogue entendu entre la personne de l’accueil au Bureau Afrique/Maghreb (X) et une jeune femme étrangère (Z) le lundi 23 Décembre à 11h30 :
Z : Ma carte expire dans quatre mois et je dois la faire renouveler maintenant m’a-t-on dit
X : Oui, en effet. Après il sera trop tard
Z : Mais j’ai essayé de téléphoner pendant des jours, à toutes les heures. Personne ne répond!
X : Oui, il semble que ce soit très dur de nous avoir. Vous avez essayé Internet ?
Z : Bien sûr. J’ai tenté de prendre rendez-vous pendant des jours et des jours. J’ai même essayé la nuit.Il n’y a jamais de rendez-vous disponibles.
X : C’est ce que l’on m’a dit. Le téléphone , c’est mieux.
Z : Mais je viens de vous dire que personne ne décroche !
X : Il faut réessayer. En tous les cas, moi je ne peux pas vous donner de rendez-vous. Il y a une nouvelle organisation qui devrait simplifier les procédures de renouvellement.
Z : Mais puisque je vous dis que depuis un mois j’essaye d’avoir un rendez-vous sans y parvenir!
X : Mais ne vous énervez pas ! Essayez entre 12 h et 15h…Elle crie : « Y-a-t-il une personne avec une convocation ?
Z : Vous pensez qu’entre midi et deux heures ? …Mais j’ai essayé aussi
X : S’il vous plait madame, veuillez dégager le guichet. Joyeux Noêl.

Les obsessions monotones d’Alain Finkielkraut

Papouasie-Nouvelle-Guinée. Carte de voeux de la CIMADE (Ingetje Tadros)

Depuis des années, j’écoute Alain Finkielkrault le samedi matin sur France Culture.
Il y a eu souvent des entretiens intéressants dans cette émission.
Mais depuis quelque temps, j'ai l'impression d'entendre soit une yiddishemama se plaindre pendant une heure à coup de Oich, Oich….soit un amoureux transi, qui quelque soit le sujet, réussit toujours à ramener la conversation sur sa grande histoire d'amour. L'obsession de notre brillant normalien pourrait se résumer à une phrase : la Grande Culture, comble de la civilisation est menacée par des hordes non seulement barbares mais fières d'appartenir à des communautés de barbares.

J’enrage d'entendre ce même pas "Français au carré" ("merveilleuse" nouvelle expression inventée par sa complice Michèle Tribalat pour désigner les français de souche, soit ceux qui ont deux parents nés en France) vanter les vertus de l'intégration à la française, de la GRANDE culture française, etc…
Je me demande d'ailleurs si avec un père né dans l'Algérie française, je suis "Française au carré" ou non ?
Cher Alain F., si vous rejetez à ce point les cultures des immigrés, que venez-vous faire au Centre Communautaire Juif ou à J-Call où vous vous préoccupez à juste titre de la politique israélienne et des excès de la colonisation ?
C'est en tant que juif attaché à Israël que vous le faites. C'est votre droit mais ne tombez-vous pas ainsi dans une forme de communautarisme que vous reprochez à d'autres ?
La communauté ou plus simplement le groupe familial sont souvent indispensables aux nouveaux arrivants dont aucun ne quitte son pays par plaisir. Certes, certains de ces groupes identitaires peuvent se révéler mortifères (l'Islamisme radical notamment) et doivent soit disparaître, soit s'atténuer à long terme. Mais laissez le temps à ces nouveaux exilés ou à ces français de fraiche date d'apprendre, notamment grâce à l'école, la culture de leur nouvelle patrie sans pour autant renier la leur.
Je fais partie des juifs athées, non sionistes, nés au début de la guerre et qui garderont jusqu'à leur dernier souffle le souvenir des peurs et des humiliations. Elles sont une part de mon identité. Mais Je fais aussi partie de ceux qui, sur le tard, ont tenté de sortir de l'identité victimaire pour retrouver des éléments d'une riche culture juive. Allez-vous nous le reprocher ?
Pourquoi ne pas laisser aux immigrés plus récents, venus de pays qui ont subi la colonisation de plein fouet, cette possibilité d'avoir une double culture ?
Les êtres humains peuvent être étroits et mesquins comme ils peuvent être ouverts et généreux. On peut aimer Rembrandt et le Street art, Mozart et la musique électronique, Miles Davis et les griots…
Il faut laisser du temps au temps. Quand on doit s'occuper de sa survie et de celle de ses enfants, quand on doit affronter la bêtise bureaucratique pour renouveler son titre de séjour, il arrive que l'on ne s'intéresse pas à Molière…

Planifier l’avenir : Une necessité

En 1946 était créé un Commissariat général au Plan dont la tâche était de réfléchir sur l’avenir de la société, de l’économie et de faire des propositions. Le Général de Gaulle l’avait rattaché à la Présidence. Jean Monnet en a été le premier président.
En 2006, Dominique de Villepin décidait de le dissoudre et de le remplacer par un Centre d’analyse stratégique, l’un de ces « machins » dont on ne sait trop à quoi il sert.
Louis Gallois dans son rapport sur la compétitivité de l’industrie française proposait de le recréer.
Le navire gouvernemental semble pris dans les turbulences de l’instant. Les citoyens que nous sommes aimeraient avoir une vision de l’avenir au delà du mois prochain.
Quelques questions :
Que fait la Banque d’investissement chargée d’aider les PME ?
Ou en est-on de la baisse des dépenses publiques et où en sera-t-on dans cinq ou dix ans ?
Quelles sont les Directives européennes à mettre en oeuvre, celles à venir, celles que la France accepte, celles que la France conteste ?
Quels sont les projets des entreprises françaises en matière d’échanges commerciaux, en matière de nouvelles technologies ? Combien de créations d’entreprise face aux disparitions ?
Quelle formation donner aux jeunes et aux salariés qui soit en rapport avec les évolutions économiques, technologiques… à l’échelle du Monde ? On attend la Loi Sapin sur la formation, outil primordial de gestion des ressources humaines. Quelle direction Monsieur Sapin donne-t- à sa loi ?
La France peut-elle continuer à avoir la même politique de protection sociale ? Quelles sont les échéances ?

Les plus futés d’entre nous connaissent quelques éléments de réponse à ces questions. Mais la stratégie est floue, les informations partielles, la peur de voir sortir d’autres catégories de manifestants patente.
Gouverner c’est choisir disait Mendès-France. Le peuple a raison de défendre ses intérêts immédiats.Pour accepter de ne pas le faire, il faudrait qu’il soit à même de juger en quoi ses intérêts du moment peuvent nuire à l’intérêt général et donc, à long terme, à ses propres intérêts. La tâche ardue d’un gouvernement est de définir des priorités au risque de déplaire à telle ou telle catégorie à un instant T.
Se battre pour avoir le pouvoir sans être intimement convaincu des contours généraux de la politique que l’on va suivre est irresponsable. Faire des promesses électorales dont on sait qu’on ne pourra pas les tenir l’est aussi.
Certes le Gouvernement n’est pas aidé par la « droite la plus bête du monde » qui ne sait que s’opposer, ni par une extrême gauche que sa « bien-pensance » empêche de penser.
Si les partis politiques qui fondent la démocratie parlementaire oublient l’intérêt général au profit de leurs intérêts particuliers (la réélection par exemple), craignons la prophétie de Tocqueville dans l’introduction à « De la démocratie en Amérique » : »Placés au milieu d’un fleuve rapide, nous fixons obstinément les yeux vers quelques débris qu’on aperçoit encore sur le rivage; tandis que le courant nous entraîne et nous pousse à reculons vers les abîmes. »