Comment peut-on être humaniste ?

Si on ne croit pas en Dieu, alors il faut croire en l’Homme.
Parfois la tentation est grande d’abandonner, de ne plus croire que les êtres humains, enfermés dans leur narcissisme, peuvent oeuvrer pour un monde meilleur.
Si on sombre dans cet écueil, dans ce pessimisme amer, il n’y a plus d’espoir.
En vieillissant, on a vu tant d’horreurs commises par des êtres humains, que l’on est tenté par cette sale forme du narcissisme qu’est le découragement.
Il faut refuser cette acariâtreté qui ne conduit à rien.
Il y a chez les êtres humains le meilleur et le pire.
Alors comme Sisyphe, comme le petit bonhomme qui pousse sa grosse pierre, les humanistes n’ont pas d’autre choix que de continuer à se battre dans l’action ou la réflexion pour que la bêtise, la cruauté, la folie humaine, comme l’océan, avancent, reculent…

Après les salariés, les clients d’Orange au bord du suicide !

Lecteur, prenez ce texte avec la distance humoristique indispensable.
J’étais seule l’autre soir dans une boutique d’Orange proche de la Nation.
L’un des employés me fait remarquer que je paye trop et me propose un nouveau forfait qui va me faire économiser 40 euros par mois.
je repars triomphante avec un nouveau contrat dénommé « Zen » et quelques consignes sur un branchement simplissime à effectuer.
Trois heures plus tard, je cherche encore les trous qui correspondent aux fils. Rien à faire. Rien ne rentre dans rien.
Légèrement énervée, je reviens le samedi dans la même boutique. Il est midi. Un jeune homme charmant me dit qu’il faut que je change ma livebox et me propose de revenir l’échanger.
Rassurée, je récupère chez moi les 200 fils qui trainent et me précipite daredare au cas où le jeune homme disparaitrait.
Il est 13h15 et mon cauchemar se concrétise. il part déjeuner avec deux autres employés. Il reste deux employés au service d’une queue qui s’étend.
je m’avance avec mon fourbi vers l’un d’eux…et tout d’un coup, je craque. J’essaye de lui expliquer. Il me regarde avec mépris et comme je lui demande de comprendre que j’en ai ras le bol de tout ce cirque, que je suis vieille etc., Il m’enjoint de foutre le camp.
Les clients regardent leurs pieds lorsque je me mets à pleurer.
Larmoyante mais têtue, je décide de revenir vers 13h45. Je rentre fièrement, nargue le méchant et demande au gentil monsieur qui reçoit les gens de la queue si je peux attendre le jeune homme du matin. Il m’explique qu’ils n’ont pas le droit d’échanger les box, qu’il faudrait que je téléphone à X qui transmettrait à Y ou que j’aille à Belleville ou République…Mais que après tout si le jeune homme veut assumer cette « énorme » responsabilité qui consiste à échanger ma box, il le fait à ses risques et périls!
j’attends jusqu’à 14H40, un peu culpabilisée des risques encourus par ce jeune homme qui a bien le droit après tout de prendre sa pause déjeuner avec ses copains pendant que les clients poirotent…Les trois mousquetaires reviennent de leur déjeuner.
Le jeune homme du matin m’échange la box, fait les branchements, m’explique. je lui demande si ce geste risque de lui couter son boulot. il sourit. Après une heure de conversation avec une technicienne d’Orange charmante, vers 18h, ça marche. Une journée très sympa.
Choc de simplification, choc de responsabilité pour les services publics certes. On a vu dans ce blog que ça ne marche pas fort dans les préfectures. Mais quid des entreprises privées ?

La cliente Castafiore

Un Juste nous a quittés : A la mémoire d’Elio Cohen-Boulakia

Elio Cohen-Boulakia n’était pas « connu » au sens vulgaire du terme. C’était juste quelqu’un de bien.
Né en Tunisie en 1930, il est mort le lundi 17 Octobre 2013. Il a été enterré dans un petit cimetière de Savigny sur Orge, entouré de sa femme adorée Lucie, de ses trois enfants, de ses petits enfants et de ses nombreux amis.
Il avait voulu un Kaddish laïque qu’un de ses amis philosophe a lu. Il y a eu une petite prière (laïque) en arabe.
Elio était pour moi un modèle : Né dans un milieu sépharade modeste et religieux, il avait souhaité rester en Tunisie pour y enseigner. Il ne partira qu’en 1962.
Dans un article remarquable publié dans : »La Méditerranée des juifs » (L’Harmattan, 2003) il racontait pourquoi Il avait décidé de quitter sa Tunisie tant aimée.  » Il m’aurait fallu beaucoup de courage pour maîtriser l’arabe classique, langue bien plus élaborée que ne l’était le judéo-arabe, beaucoup de courage aussi pour m’accommoder du handicap de ma condition de juif dans le combat citoyen que j’aurais eu à mener aux côtés d’autres Tunisiens si j’avais tenté de rester. »). Il ne deviendra français qu’en 1964.
Il nous fait découvrir dans le livre précité comment une partie des juifs tunisiens dans les années 80 a rompu avec le judaïsme sepharade accusé de « privilégier la clémence miséricordieuse d’essence abrahamesque sur la prééminence dogmatique de la Loi. »« Ces juifs se sont ralliés à la mouvance Loubavitch, se rattachant à la tradition hassidique. » C’est par un rejet violent du judaïsme sépharade de leurs pères, que leur crise identitaire allait trouver son dénouement. »
En France Elio a participé à l’Association Coup de Soleil, association culturelle qui rassemble ceux qui ont un lien de vie et d’amitié avec la Maghreb. En même temps il était membre du cercle Gaston Crémieux créé en 1967 par des intellectuels juifs , laiques, a-sionistes, diasporiques, qui estiment que les cultures minoritaires ont leur place dans la société française, sans nier le Pacte républicain.
Elio avait tenu à représenter Le Cercle Gaston Crémieux au Forum social Mondial à Tunis où il fut beaucoup question de la jeune révolution tunisienne.
C’est pour toutes ces raisons que j’ai tenu à la saluer ici. C’était un tunisien français, juif, amoureux de la culture arabo-berbère, ouvert sur le monde.
Elio, tu vas terriblement nous manquer. Des Justes comme toi sont rares. Trop de gens , français « de souche », Français d’origine étrangère, juifs ashkenazes ou sépharades, musulmans…etc ont tendance à se replier sur leur micro culture et oublient que le monde est riche de sa pluralité de traditions, de cultures et qu’une vie ne suffira pas à en faire le tour;

Merci Elio

La loi au moins tu appliqueras.

« Le France ne peut pas accueillir toute la misère du monde MAIS ELLE PEUT EN PRENDRE SA PART. »
Je ne sais plus si cette phrase a été prononcée par Michel Rocard ou non , mais je la reprends à mon compte.
Aucun pays dans l’état actuel du monde ne peut laisser entrer sur son territoire tous les gens qui le souhaitent.
Cette forme de démagogie fait le lit du fascisme. Mais elle doit tous les accueillir dignement et examiner leurs dossiers , dans le cadre de la loi, avec le sérieux requis. C’est le minimum que nous attendions d’un gouvernement social-démocrate.
Nos sociétés post « chute du mur de Berlin et fin des utopies meurtrières » n’ont pas trouvé mieux que la loi pour réguler un certain nombre de phénomènes sociaux dont les migrations font partie.
Aucune loi ne se conçoit sans une sanction adaptée. Peut-on imaginer que tous les citoyens d’un pays respectent les lois s’ils savent qu’ils ne seront pas punis! L’Histoire nous montre que les utopies qui ne tiennent pas compte de la (parfois) sinistre condition humaine peuvent devenir meurtrières.
Pour le moment, il s’agit d’appliquer la loi existante en attendant peut-être en 2014 un nouveau texte qui permette aux migrants d’obtenir des cartes pluri-annuelles, délivrées par des préfectures à l’écoute des personnes et tenant compte notamment de la durée de résidence en France et d’autres éléments qui ne sont pas mon objet ici.

La famille de Leonarda avait épuisé toutes les voies de recours et était sous le coup d’une Obligation de quitter le territoire. L’arrestation de la jeune fille s’est faite incontestablement de manière inappropriée mais dans le respect de la loi. Lui proposer de revenir seule me semble être une manoeuvre politicarde qui ne fait pas honneur à Monsieur Hollande.
Je crois par contre que c’est le moment de mettre cette sainte indignation au service des étrangers qui veulent soit déposer un premier dossier après plus de dix ans de résidence en France,soit continuer à faire de la recherche scientifique, soit ne pas retourner dans des pays ou la violence contre les femmes est insupportable, soit tout simplement renouveler leur carte de séjour sans attendre entre trois et douze heures dans des conditions inacceptables.
Les jeunes ont découvert en Leonarda un symbole de la cruauté de ce monde. Cela montre qu’ils ont une conscience et qu’ils sont capables de révolte. Tant mieux. Mais il ne faudrait pas que le cas Leonarda empoisonne le débat sur l’immigration.
Alors je répète ce que j’ai déjà dit ci-dessous. Mesdames et Messieurs les ministres, sous-ministres, conseillers du Prince, Monsieur Valls, Mesdames et Messieurs les préfets, secrétaires généraux et guichetiers, il est inutile de faire des lois si l’on ne s’assure pas de leur bonne application. Jacques Delors disait que la France est un cimetière de lois non appliquées. Une loi non appliquée ou mal appliquée est dangereuse. Elle accrédite l’idée du « Tous pourris » ou du « Le pouvoir ne fait rien pour les petits et les sans-grades. »
Que vos administrations pléthoriques appliquent les lois en matière d’immigration.
C’est peu mais ce sera énorme pour leur dignité et pour la notre.

Monsieur Valls, pourquoi ne pas faire preuve de votre autorité sur les Préfectures ?

Monsieur le Ministre,
Vous avez bien voulu vous pencher sur le sort de certains sans-papiers afin que leur situation fasse l'objet d'une attention particulière de la part des préfectures. Parmi les bénéficiaires de votre circulaire du 28 Novembre 2012 figurent les salariés disposant de fiches de paye (même si elles ne sont pas à leur nom) et d'une promesse d'embauche et prouvant entre trois et cinq ans de résidence en France. Les jeunes arrivés en France autour de l'âge de 16 ans et qui ont dans ce pays des attaches familiales, ainsi que les conjoints de personnes en situation régulière ou encore les parents d'enfants scolarisés depuis au moins trois ans devaient également faire l'objet d'un examen "sympathique" des Préfectures.
Dix mois après l'entrée en vigueur de cette circulaire, nous sommes informés par RESF de la possible expulsion de Cap-Verdiens ayant sept ans de présence en France et dont les enfants sont scolarisés depuis plus de trois ans.
La Préfecture des hauts de Seine vous désobéirait-elle ?
En ce qui concerne la régularisation des travailleurs, la conséquence perverse de votre circulaire est l'impossibilité pour les travailleurs qui n'ont jamais eu de faux papiers, même installés depuis plus de 7 ans en France, d'être régularisés puisqu'ils ont été payés en espèces et ne peuvent donc fournir de fiches de paye.
En ce qui concerne les jeunes majeurs-dont aucune définition n'est fournie par votre circulaire-je me permets de vous informer sur un cas parmi d'autres reçus depuis le début de l'année 2013 à notre permanence de la CIMADE.
Melle FR, de nationalité malienne est entrée en France en 1994 à l'âge de 11 ans. Elle a eu des papiers jusqu'en 2011. Depuis, elle a eu un enfant âgé actuellement de 14 mois. Elle est hébergée dans un hôtel par le SAMU social. Elle n' a plus de famille au Mali et est seule en charge de l'enfant. Je l'ai accompagnée au Commissariat de l'Avenue du Maine qui reçoit les premières demandes des étrangers habitant Paris. Après quatre heures d'attente, la personne de l'accueil a refusé de prendre son dossier sans donner aucune explication et bien sûr sans fournir aucune preuve de son passage.
Le 25 mars 2013, vous avez publié une autre circulaire relative aux procédures de première délivrance et de renouvellement de titres de séjour aux personnes de nationalité étrangère privées de liberté. C'est donc avec optimisme que j'ai répondu à Mr M. entré en France à l'âge de deux ans dont les deux parents sont français. Il a bénéficié d'une carte de résident jusqu'en 2011. Il a commis différents délits et a effectué six mois de prison préventive. Libéré sous contrôle judiciaire en Novembre 2012, il est allé Rue Truffaut dont il dépend demander le renouvellement de sa carte. Il y est retourné plusieurs fois et notamment depuis la publication de la Circulaire susvisée. Chaque fois le Chef de service en personne est venu lui dire que son dossier n'était pas recevable sans donner de raison.
Bien sûr, il ne s'agit là que de trois exemples sur des centaines.
Je suis au regret , Monsieur le Ministre de constater que l'autorité dont une partie de l'opinion vous fait crédit, ne semble pas perturber les employés de vos Préfectures.
Le moins que l'on puisse espérer d'un Ministre de l'Intérieur est qu'il se fasse obéir.
Je me permettrais de vous tenir au courant des suites des deux affaires citées ici.
Veuillez…………………..
Régine Dhoquois-Cohen, Bénévole à la CIMADE -Paris

Pire que la connerie isolée, la connerie collective

Nous la rencontrons tous les jours, la bêtise et d’abord en nous mêmes. C’est fatigant, mais on s’habitue.
Ces « Moi-je » compulsifs, ces narcisses assoiffés de reconnaissance, ces « CCM » (« C’est comme moi », Voir le supplément de L’express du 3 octobre 2013) qui profitent du moindre mot pour parler d’eux sans vous poser de questions, ces gens qui savent tout sur tout, qui jugent, décident, condamnent, n’aiment pas les étrangers ou les aiment trop… Il y a parmi eux des petites gens mais aussi des journalistes, des politiques, des intellos, des experts…
On s’en accommode. Mais que faire avec les certitudes et les narcissismes groupaux ?
On peut choisir d’éviter les groupes. Certes, mais c’est qu’ils sont collants ces extrémistes de l’idée reçue!
On peut peut-être y répondre par l’intelligence collective. Les animaux en sont pourvus. Cela leur permet de survivre.
Chez les êtres humains, elle passe forcément par le langage et par la loi. Par exemple, Il parait évident que plus il y aura d’armes en libre service, plus il y aura de crimes. Une majorité d’Américains pense pourtant le contraire. (voir l’affiche ci-dessus achetée à Central Park)

Cours camarade, la connerie n’est pas près de disparaître.

Les cadenas du Pont des Arts

C’est joli tous ces cadenas sur le Pont des Arts à Paris.
Il parait qu’ils portent atteinte à la résistance du pont.
Ils ont été accrochés là par des amoureux.
C’est sans doute idiot d’enrager contre ces manifestations d’amour venues du monde entier.
Mais comment accepter cette conception de l’amour comme enfermement ?
Quel couple peut survivre à cela plus de quelques années ?
Pour moi, pour nous, l’amour était ouverture sur les autres : amants et maîtresses en toute liberté et en toute transparence, engagements , Interdictions d’interdire.
Cela ne veut pas dire une absence de limites, mais juste celles que nous nous donnons à nous mêmes par respect pour l’autre, les autres.
Pauvre Pont des Arts qui s’abîme sous le poids de ces cadenas…peut-être à l’image des couples cadenassés !

Où en sont les féministes en France ?

Il y a les féministes des années 70 dont je suis.
Elles ont entre 65 ans et 90 ans. Ce n’est pas une critique. C’est un constat. Elles forment des petits groupes toujours aussi excluants vis à vis des femmes avec qui elles sont en désaccord.
Il y a les ex de Psy et Po dont la figure de proue Antoinette Fouque continue de charmer certains journalistes, sans que l’on comprenne exactement ce qu’elles souhaitent dire.
Il y a les féministes révolutionnaires qui véhiculent du Mélenchon à longueur de sites
Il y a les féministes universitaires qui traînent de colloques en colloques pour raconter ce qu’a été le féminisme.
Il y a les « jeunes » d' »Osez le féminisme » par exemple , courroie de transmission du Parti socialiste.
Il y a les FEMEN qui utilisent leurs seins alors que nous voulions les banaliser.
Il y a des individualistes qui vont chercher dans une identité quelconque autre que celle de genre un moyen de se sentir exister (J’en fais partie avec une forme de retour à une « mystérieuse » identité juive)

Bref, ce féminisme qui a été révolutionnaire dans les années 70, et qui a permis, outre une forme de libération mentale de nombreuses femmes, des réformes fondamentales, ne me parait plus fécond.
Il faut maintenant que les lois soient appliquées et que peu à peu les mentalités changent. Il faut donc maintenir une pression. Il faut aussi témoigner de nos combats.

Par contre le combat féministe à l’échelle internationale est ESSENTIEL. Le féminisme (comme la révolution selon Trotsky) doit-il alors s’internationaliser ?
Ce serait souhaitable et grâce à Internet ce mouvement commence à exister sous la forme de pétitions et surtout de circulation de l’information.
On ne peut guère aller plus loin. Comment combattre d’ici la Charia, les viols de femmes dans certaines régions d’Afrique ou du Mexique, les crimes contre les filles en Inde etc…

Dans nos pays, c’est maintenant aux hommes de comprendre que les femmes sont leurs égales et qu’il faut les respecter. Ce sera long. Mais c’est leur combat pas le notre. On ne fait pas disparaitre par miracle des siècles d’oppression masculine.

Compétitivité et Droit du travail

Les droits des travailleurs sont en train de devenir la variable d’ajustement dans la recherche de la compétitivité des entreprises.
Le Droit du travail actuel est le résultat de luttes très dures, parfois meurtrières entamées au 19ième siècle.
Parmi ces conquêtes, le droit de se reposer un jour par semaine,les limites imposées au travail de nuit, les congés payés, le SMIC, la protection contre les licenciements abusifs, l’encadrement de ces droits dans des conventions collectives de branches, la création d’un corps d’inspecteurs du travail, les textes sur l’hygiène et la sécurité…etc
Bien sûr, ce droit fondé sur la subordination du salarié vis à vis de l’employeur, ne pouvait que connaitre des hauts et des bas en fonction de la conjoncture économique. Le pouvoir des syndicats s’affaiblit en période de crise et même si le droit ne change pas, on invente des solutions légales pour le contourner comme la légalisation des entreprises d’intérim et des CDD.
Si l’on ajoute aux lois anciennes, des textes de conjoncture et des textes pour tenter d’améliorer les textes précédents (comme en matière d’égalité entre femmes et hommes), on aboutit à un code du travail frappé d’obésité, inapplicable non seulement du fait de sa méconnaissance notamment dans les TPE, mais aussi de la pénurie d’inspecteurs et de contrôleurs du travail.
On en arrive à cette situation ubuesque de travailleurs poursuivant en justice les syndicats pour avoir demandé l’application du droit en matière de travail de nuit ou de travail du dimanche dans certains commerces.(cf Sephora)
Entre les démagogues de service, qui estiment que le repos du dimanche par exemple permet de se retrouver en famille et de se livrer à des activités ludiques (toujours en famille) dans un pays où des milliers de gens vivent seuls et ne comprennent pas pourquoi on voudrait les empêcher de travailler la nuit ou le dimanche et les patrons de choc qui voudraient supprimer purement et simplement le droit du travail pour retrouver de la compétitivité, y-a-t-il une troisième voie ?
J’espère que oui mais elle suppose de chaque côté une ouverture que l’on ne voit guère se manifester.
Le monde a changé. La mondialisation, l’échec retentissant du soi-disant socialisme,une idéologie consumériste qui n’a pas que des aspects négatifs, la révolution Internet…doivent nous amener à penser autrement.
Sans remettre en question les principaux acquis des travailleurs, on peut envisager une évolution du droit du travail qui prendrait en compte cette nouvelle société mais aussi les crises qui conduisent à un chômage de masse. Un chômeur de longue durée n’a plus de droits. Il risque de perdre son existence sociale. Revenir sur quelques avantages sociaux sous le contrôle des syndicats et de l’inspection du travail devrait pouvoir s’envisager.
Mais les obstacles sont légion: un syndicalisme français déambulatoire et catégoriel qui semble ignorer que ce sont les PME et les TPE qui créent des emplois, précisément là où ils ne sont pas présents et un corps d’inspecteurs du travail méconnu, silencieux, qui continue à mettre des PV dont 2% seulement font l’objet d’une condamnation.(Voir à ce sujet un excellent blog :le blog d’un inspecteur du travail-http://inspectiondutravail.wordpress.com
Ne pas faire appliquer les lois, c’est prendre le risque de la contagion. Pourquoi appliquer telle ou telle loi et pas telle autre ? Par contre soumettre le code du travail à une cure d’amaigrissement en donnant un cadre général et obligatoire à des principes de base qu’il faudrait redéfinir dans notre nouvelle société paraitrait une voie à suivre.

Jeu : trouver le fil conducteur entre la petite jupe, le féminisme, l’économie, l’exclusion des vieux etc…

Quand j’étais jeune inspectrice du travail, je m’habillais tout en noir, portait un très lourd cartable noir et des lunettes cerclées de noir.
J’avais 27 ans, en paraissait moins et je m’imaginais que pour être prise au sérieux par les patrons, les ouvriers sur les chantiers, les militants syndicaux, il fallait que je disparaisse en tant que jeune femme éventuellement séduisante. J’ai tellement disparu que j’ai failli devenir invisible.
Nous ne parlions jamais de fringues dans les organisations de gauche auxquelles j’appartenais à cette époque.
Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai osé affirmer que « les petites jupes font aussi partie de l’Histoire » et revendiquer la superficialité comme l’un des éléments de notre vie sociale, reposante. Cela ne veut pas dire que seule la superficialité rend la vie supportable. Mais elle aide.
Puis vint le MLF. Entre femmes nous nous autorisions à parler chiffons, à faire du shopping même si nous culpabilisions. C’est au MLF que j’ai compris que la vie de militante peut être joyeuse, et que la superficialité n’est pas forcément là où les valeurs dominantes dans un groupe la remisent.
Et pourquoi voulions-nous changer le monde sinon pour le rendre certes plus juste mais aussi plus joyeux.

Le deuxième fil conducteur se trouve entre la recherche de la jupe et le fonctionnement économique de ce pays. Les impératifs de la mode sont perçus par les derniers maillons de la chaîne commerciale comme des diktats. Il s’agit d’habiller la jeune fille entre 17 et 25 ans, faisant du 36/38…etc, ou encore la jeune femme chic entre 30 et 50 ans, atteignant rarement la taille 40, dotée d’un confortable budget vêtements et qui peut dépenser 300 euros pour chausser ses pieds.
Les autres- trop rondes, trop vieilles, trop grandes, trop petites etc ne constituent pas un « marché » rentable.
En termes économiques, il s’agit d’un raisonnement absurde. Il y a beaucoup plus de gens (femmes et hommes) dans cette dernière catégorie que dans les deux premières. Les gens qui la composent ont souvent un peu d’argent à dépenser. Cette fermeture, cette obéissance aux décideurs, conduit les commerçants à perdre de la clientèle au nom d’idées reçues.