A propos de « Nos anciens », un extrait de « Vue cavalière » de Wallace Stegner

« Les réactions que je perçois de plus en plus quand nous nous risquons hors de notre bulle se multiplient par deux, par trois chaque fois que nous poussons jusqu’au campus de Stanford, comme hier après-midi quand nous sommes allés écouter le Quatuor Guarneri. A l’intérieur de l’auditorium, tout se passe bien. La musique réussit ce tour de force d’annuler les différences…Vous faites alors partie de la communauté de l’Université.
En revanche dès que vous ressortez, vous quittez la sécurité pour affronter les hasards de toute nature, vous passez de la culture à la contre-culture…Des foules d’étudiant déambulent çà et là…Ils ne sont plus hostiles ou méprisants comme ils l’étaient il y a quelques années : simplement, ils ne nous voient pas…Ils ne paraissent pas contrariés de savoir que vous existez, seulement un peu étonnés. Il est risqué de s’approcher d’une porte battante en les suivant de trop près. Si vous la franchissez en premier et que vous vous arrêtiez le temps de leur tenir, ils s’engouffrent dans le passage en vous lançant un regard torve, aussi interdit que courroucé, comme si ce geste de courtoisie était une chausse-trappe qu’ils avaient évité de justesse.
Sur l’esplanade et dans les allées, leurs vélos à dix vitesses arrivent sans bruit derrière vous et sans le moindre coup de sonnette vous frôlent à vive allure, vous laissant avec une montée d’adrénaline au creux de l’estomac, une grande faiblesse dans les jambes et, en tête, l’image humiliante de votre vieille carcasse gisant sur le pavé, lunettes brisées, pantalon déchiré, genoux écorchés, radius et cubitus fracturés. C’est à se demander si même alors ils vous remarqueraient. »

Wallace Stegner est un écrivain américain né en 1909 et mort en 1993. Il est édité chez Phébus

La distanciation « sociale » et les pauvres : l’exemple de Singapour

Singapour avait gagné avec panache sa bataille contre le Covid 19. Tests, masques, etc. Bravo . Seulement 12 décès début Avril 2020
Mais cette Cité-Etat avait tout simplement oublié qu’une partie de sa richesse reposait sur 300000 travailleurs étrangers (en majorité indiens ou bangladais) parqués dans des camps.
Le journal « Le Monde » du 24 Avril nous révèle que les Autorités singapouriennes ont testé tardivement ces travailleurs : 20000 d’entre eux se sont révélés positifs alors que le monde entier s’exclamait sur l’excellente gestion de l’épidémie par cet Etat très autoritaire !
C’est l’apanage des régimes dictatoriaux d’appliquer des mesures coercitives avec énergie : confinement avec masque obligatoire même la nuit à quatorze dans 4,5m2. Isolement des travailleurs atteints. Les dégâts ont été limités à temps.
Je ne sais pas qui a inventé ce terme de distanciation sociale mais il dit bien ce qu’il veut dire.
Le Covid nous aura au moins confirmé que la lutte des classes est toujours d’actualité.

Cela fait une année que Guy Dhoquois est parti .

Il ne faut pas se laisser aller
Mais que c’est dur parfois, quand le chagrin repoussé à force de volonté montre le bout de ses larmes
Quand je prends conscience qu’il ne reviendra jamais
Quand je me demande si ma vie a encore un sens
Man lebt, parce qu’il faut vivre
Parce que je n’ai pas survécu à la guerre pour lâcher tout avant que tout s’écroule en moi
Parce que je devine que ce printemps -même confiné- est magnifique
Je me demande comment le théoricien de l’Histoire que tu étais aurait parlé de cette pandémie ? Comment il l’aurait associé à un mode de production ?
Je confie à ce blog que je reprends après trois mois d’absence un poème un peu triste de Guy écrit à Alger en 1965 :

J’aime ce chant funèbre
Il évoque ma vie d’homme
Une pauvre vie d’homme
Des tracas des faiblesses
Des lâchetés des haines
Un bel et tenace amour
Une pauvre vie d’homme
J’aime ce chant funèbre
Ceux qui pour leur vie entière
Sont comme des paysans
Sans terre
Me ressemblent mieux que des frères
C’est toujours un peu la mienne
Une pauvre vie d’homme

(Vingt huit poèmes, Alger-Paris-1965, auto-édité en 2010)

A la recherche du parfait bouc émissaire

Vous êtes mal dans votre peau.
Vous vous sentez méprisé par vos collègues et vos petits et grands chefs
Vous écrivez des textes que personne n’aime
Vous êtes fauché grave
Vous vous sentez inutile et moche…
Vous vous sentez ignoré, invisible

La SOLUTION :
Trouvez un bouc émissaire
Choisissez le bien afin qu’il puisse vous servir dans plusieurs situations
Le meilleur bouc émissaire est un groupe de gens nombreux mais minoritaires
Dans ce groupe, il vaut mieux que les gens qui le composent soient identifiables, par leur physique, leur nom ou leurs croyances
Si vous voulez vraiment faire diminuer vos frustrations diverses, il vaut mieux que le groupe soit perçu comme ayant du pouvoir social et donc de l’argent.

A quoi bon choisir de pauvres bougres fauchés et non blancs: vous pouvez certes les mépriser mais vous ne les enviez pas

Alors le mieux est de choisir LES JUIFS : ils répondent à tous les critères : pouvoir médiatique, richesse supposée, reconnaissables,
même piétinés, ils parviennent toujours à refaire surface.

Selon les époques et les régions du monde, il pourra y en avoir d’autres : Tutsis, Coptes, Arméniens, Chiites, Sunnites, Berbères,Femmes, Intellectuels, Roms……
Mais le juif réunit beaucoup de traits caractéristiques du Bouc émissaire
Voila, vous avez trouvé. Bravo et bonne continuation

Chronique du grand âge par JF

– Allo Irène . Tu m’avais appelée hier, je n’étais pas disponible, je te rappelle aujourd’hui, comme convenu.
– C’est que cela fait longtemps que je n’ai pas de nouvelles de toi, je voulais savoir comment tu allais.
– Hé bien hier, justement, je n’étais pas disponible parce que j’étais à l’hôpital, avec ma fille qui est rarement à Paris, mais qui était justement là en ce moment, quelques jours.
– je comprends que je suis mal tombée ! Mais que faisais-tu à l’hôpital ?
– j’ai passé une coloscopie, tout va bien, tout au moins pour l’instant. Je vais avoir le résultat d’une biopsie dans une semaine.
– Ah… ; Moi, j’ai aussi des problèmes, des problèmes de vessie. Mais cela fait tellement de temps, cela me ferait plaisir qu’on se voit, quand tu es à Paris.
– Quand je suis à Paris, j’ai pas mal de choses à faire, ma maison à ranger, aller voir ma sœur qui est dans un EHPAD, des RV médicaux. Je me fatigue vite, j’essaie de limiter les occupations, j’ai besoin de beaucoup me reposer.
Mais, si tu veux, on peut se téléphoner. Comme en ce moment.
– Où en est ton livre ?
– Il va bientôt sortir. Je suis bien contente d’avoir réussi à aller jusqu’au bout.
– En effet, bravo ! Et notre groupe féministe ? Vous vous voyez ? Il y aurait eu des réunions ?
– Non, mais trois d’entre nous, avec une autre, nous avons écrit un texte que nous avons fait circuler et signer et qui est paru dans Libération
– Je ne lis plus Libération, ni Le Monde, c’est en trop petits caractères.
– Il s’agissait d’un appel à une loi permettant le suicide assisté : choisir sa vie, choisir sa mort.
– oh ! Je n’en suis pas là, je suis encore très active. Même si mes enfants – qui sont très bien, mon fils est venu avec moi quand je suis entrée à la clinique, ma fille quand je suis sortie – ne veulent plus que je fasse de longs voyages. Tu te rends compte ! Et comme ma fille est médecin, je suis obligée de l’écouter.
– Je m’intéresse beaucoup actuellement à la vieillesse, et même au grand âge. Car je suis dedans. Je vis dans une résidence à services, où il y a principalement des personnes âgées, et ma sœur aînée est en EHPAD
– quelle horreur ! Je ne veux pas penser à cela. Bien sûr, je tiens à une certaine qualité de vie, et je serais prête à vivre moins longtemps pour cela, mais ce n’est pas mon problème actuellement. Cela m’angoisse.
– tu m’avais demandé ce que je devenais….

JF est une amie de mon âge, féministe de la première heure (et de la deuxième vague). Nos échanges (pas seulement sur la vieillesse) sont souvent très riches et notre complicité apaisante.

Au secours camarades le vieux monde est …toujours là

Zut, je ne sais pas comment écrire Camarades en écriture inclusive !
je viens de passer plusieurs heures à lire une revue féministe universitaire pour essayer de comprendre le concept d’intersectionnalité
Oui, je sais j’ai trente ans de retard mais j’ai bientôt 80 ans et je suis une féministe blanche qui plus est UNIVERSALISTE . Désolée
Je me suis souvenue en lisant ces textes de cette phrase que j’avais gravée, vers l’âge de 15 ans, sur mon pupitre au lycée, plagiant Proust : « L’ennui naquit un jour de l’Université » (au lieu d’uniformité). Je ne savais pas alors à quel point j’avais raison!
D’abord je dois dire que j’ai été très choquée(sic) de ne point entendre parler dans ces articles de » Féministes jaunes » (et pourtant il y a eu des femmes asiatiques colonisées) de « féministes juives » ou encore de « féministes plus toute jeunes » etc…
Catégorisons, catégorisons, C’est bon pour la carrière médiatique ou universitaire.
Et puis grâce à toutes (tous) ces chercheur(se)s, on voit revenir le beau mot de RACE!
(Pour mes lecteurs(trices) qui seraient encore plus dépassés que moi : l’intersectionnalité est un concept qui vise à révéler la pluralité des discriminations de classe , de sexe, de race, de sexualité) En d’autres termes, la domination serait plurielle.Quelle magnifique découverte !!! (sic)
Juste une question : Une féministe noire lesbienne peut-elle exercer une domination sur une autre féministe noire lesbienne ? C’est à creuser.
C’est pas tout çà, il faut que je fasse attention de ne pas me faire lyncher . je ne suis pas sûre que ma qualité de petite, vieille, juive et féministe (de la deuxième vague!) me protège.
Moi, femme, féministe, j’ai peur de nouvelles formes de censure quand j’entends une certaine Dorothée Barba, journaliste à France-Inter engueuler Laurent Joffrin parce que son journal « Libération », dans les années 70, défendait les pédophiles au nom de la liberté sexuelle. Sait-elle cette jeune femme que raisonner sans se référer à l’Histoire, sans même la connaitre est une aberration intellectuelle ?
Quand je lis et entends tout cela, je repense à ce que me disait une copine à propos de nos combats au MLF : »Tout ça pour ne pas faire la vaisselle »

En France, on a le droit de se suicider mais seulement avec violence: la réponse de féministes des années 70

CHOISIR SA VIE, CHOISIR SA MORT : DES FEMMES PERSISTENT ET SIGNENT

Si pour une raison ou une autre, et qui vous appartient entièrement, vous avez décidé de mettre fin à vos jours, vous pouvez bien sûr vous précipiter sous la rame du prochain métro ou sous le TGV.
Vous pouvez bien sûr vous taillader les veines avec une lame de rasoir, vous pouvez sauter du haut de la Tour Eiffel- ou de votre balcon (si vous avez un balcon)
Vous pouvez vous pendre à l’arbre qui est au fond du jardin (si vous avez un jardin), vous pouvez bien sûr vous jeter dans la Seine lesté.e d’un solide bloc de béton (si vous avez les moyens de le transporter vers l’endroit requis)
Oui, si vous avez décidé d’en finir, si vos souffrances vous sont devenues insupportables, alors en effet vous pouvez tenter tout cela pour quitter la vie- et peut-être y réussir-ou non et peut-être à votre insu, sauvé-e, soigné-e et peut-être handicapé-e à vie, prisonnière pour toujours d’un corps meurtri qui ne vous obéit plus, d’un personnel soignant ou de familles (telle celle de Vincent Lambert), décidés à prolonger coûte que coûte cet état, à vous imposer de survivre que vous le vouliez ou non.
Vous pouvez donc, tant que vous en avez la force, tenter de vous donner la mort. Elle sera toujours violente. Car en France aujourd’hui il est interdit de mourir lorsque l’on a décidé de le faire de son propre chef, dans la sérénité et la dignité, entourée des siens, de ceux que l’on aime et qui vous aiment.
Vous pouvez aussi bien sûr comme Michèle Causse ou Anne Bert (et tant d’autres) tenter le voyage en Suisse ou en Belgique. Encore faut-il que vous en ayez la force physique(et les ressources, 15000 euros dans certains cas) Et que vous ayez préalablement accompli toutes les formalités, de plus en plus contraignantes, requises pour obtenir l’autorisation du suicide assisté.
Pourquoi faut-il que ce qui est , depuis des décennies, acquis pour certains de nos voisins européens soit interdit, criminalisé même en France?
Pourquoi faut-il que des lobbys de toutes sortes-religieux en premier lieu, mais aussi médicaux et pharmacologiques, décident pour nous (et contre nous) de notre vie et de la fin de notre vie.
Nous sommes des femmes.Nous avons pour certaines eu vingt ans, trente ans dans les années 70. A l’époque, les mêmes lobbys, prétendaient déjà disposer de nos corps, de nos maternités- c’est à dire de notre liberté. Nous l’avons refusé. Nous avons crié, nous avons écrit, nous avons manifesté, nous avons signé le » Manifeste des 343 femmes ayant avorté » . Et nous avons gagné. Nous avons obtenu le droit à l’avortement, le droit d’avoir des enfants si nous le voulons , quand nous le voulons.
Nous exigeons aujourd’hui pour nous et pour tous qu’il soit fait droit à cette liberté fondamentale: mourir dignement si nous le voulons et quand nous le voudrons
Une immense majorité de la population soutient l’idée du droit à l’euthanasie ou au suicide assisté.
Pour celles d’entre nous qui approchons de l’échéance , notre décision est prise : si l’on nous refuse de finir légalement et dignement notre vie, quand nous l’estimerons invivable, alors nous déclarons publiquement que nous aurons recours à une assistance ou à des moyens (aujourd’hui encore) illégaux. De même que nous avons obtenu le droit de choisir notre vie, nous choisissons aujourd’hui celui de choisir notre fin de vie.

Ce texte rédigé par quatre féministes, Liliane kandel, Régine Dhoquois, Annie Sugier et jacqueline Feldman a été publié dans Libération du 1er Novembre 2019 et signé par plus de 200 femmes.

Juste avant la parution de ce texte, le 15 Octobre 2019, des personnes pour la plupart âgées étaient perquisitionnées chez elles à l’aube parce qu’elle figuraient sur une liste d’acheteurs de phénobarbital au Mexique, réseau découvert par la police américaine qui enjoignit la police française de mettre fin à ce trafic illégal!
L’Association Ultime Liberté a été perquisitionnée, tous ses documents emmenés.
On attend de savoir quelles poursuites judiciaires vont suivre.

la police n’a t-elle pas mieux à faire que d’empêcher des gens âgés et malades ou simplement lassés de vivre en souffrant, de se suicider ?
Il s’agit là d’une violence qui ne dit pas son nom : Ce serait tellement rassurant de savoir que quand nous n’en pourrons plus, une solution pacifique s’offrira à nous.
Le combat continue

Propos décousus et contradictoires sur les dénonciations pour viol…

Dessin de Claire Bretecher

Quand Tariq Ramadan a été dénoncé comme violeur en série, je dois dire que j’étais plutôt contente et je ne me suis posée aucune question sur l’application du droit.
Quand ce monsieur dont j’ai oublié le nom a été accusé par Adèle Haenel et qu’il a été exclu manu militari de je ne sais quelle société de réalisateurs, je n’y ai guère prêté attention.
Mais quand Woody Allen a commencé à être vilipendé et interdit de tournage dans son pays, j’ai commencé à dénoncer la vox féminista et à protester en disant qu’il avait été jugé et acquitté.
Idem pour le réalisateur que j’apprécie, Roman Polanski. Quand l’affaire a éclaté J’ai eu envie de boxer mes copines féministes et leurs tribunaux médiatiques.
Ces quelques notations montrent à quel point nos comportements peuvent être irrationnels, dictés par notre subjectivité.
Les victimes de ces viols ou harcèlements ont toutes été atteintes dans leur intégrité morale et physique et elles ont eu raison de dénoncer leurs violeurs. Tant mieux si Adèle Haenel dispose de plus d’ écoute que Mme X dans un HLM du 93.

Mais c’est justement parce que la violence est au coeur de ce problème que le respect du droit et de la procédure sont essentiels.
Et c’est pour cela que les sociétés démocratiques ont inventé l’Etat de Droit : Le Droit met des mots sur la violence
Le Droit ne nait pas spontanément : il est le résultat de luttes, comme celles menées par les travailleurs, les femmes etc
Il est aussi le résultat de compromis souvent injustes et c’est pourquoi il est parfois indispensable de désobéir à la loi pour la faire avancer.
Quand on met en cause une personne, la délation publique et le refus de passer par les tribunaux est inacceptable. (Bien sûr il faut mettre à part le cas des mineur(e)s mais dans ce cas c’est la responsabilité des parents qui, dans certains cas ont semble-t-il fait preuve d’une irresponsabilité qu’il est utile aussi de dénoncer)
Les féministes et plus généralement les gauchistes ont longtemps considéré le Droit comme l’outil de la classe dominante et du patriarcat. Ce n’est pas faux mais jusqu’à présent aucune société n’a inventé un meilleur outil que le Droit pour régler les conflits .
Ce que l’on peut dire par contre, c’est que faire des lois ne sert à rien si elles ne sont pas ou mal appliquées sur le terrain. Et c’est le cas pour les violences contre les femmes comme c’est le cas pour le droit des étrangers ou le droit du travail, c’est à dire toutes les fois où il y a subordination ou inégalité des parties. Si l’on veut qu’il soit appliqué il faut se responsabiliser et ne pas clamer que la justice est inefficace.
Audi alteram partem : Entendre l’autre ou les autres côtés est l’un des adages importants qui fondent notre droit.

Le droit a le mérite d’énoncer des normes explicitement. Il n’y a rien de pire que les normes implicites dans certains groupes : modes, anti-normes etc qui engendrent souvent des exclusions graves ,souvent fondées sur l’origine sociale,
Une société sans droit relève d’une utopie meurtrière. Il n’y a pas de sociétés humaines sans codes, sans rites, sans règles (du jeu), sans droit, parce que la bonté naturelle des êtres humains n’existe pas. Un Etat de non droit est une tragédie pour ses habitants.

PS : J’ajoute juste à propos de J’ACCUSE, le film de Roman Polanski que c’est un grand film sur une affaire qui a coupé la France en deux, sur les luttes de pouvoir, sur l’antisémitisme. Ce film est une oeuvre collective comme le rappelle Le Canard enchaîné. Des centaines de gens ont travaillé sur ce film et n’ont sans doute jamais violé personne. Boycotter ce film est d’une stupidité stupéfiante.
Faire une hiérarchie dans les injustices est aussi irrecevable.
Il faut vivre et agir avec toutes ces contradictions. Une vision binaire du fonctionnement social conduit au politiquement correct c’est à dire au contraire de la réflexion créative.

Aider les autres gratuitement : un parcours du combattant

Cela fait huit semaines que je propose mes services gratuits de juriste à une dizaine d’associations , notamment pour les femmes victimes de violences. Le plus souvent, je n’ai pas de réponse .
Heureusement que j’avais choisi d’être fonctionnaire. J’ai ainsi pu penser pendant 50 ans que je pouvais servir à quelque chose en étant payée chichement certes mais suffisamment tout en poursuivant de multiples bénévolats: revues, militantisme etc
Je me rends compte pour la première fois de ma vie de ce que représente physiquement le chômage : l’absence de reconnaissance, l’impression que l’on ne sert à rien, la remise en question de soi même, tout cela ajouté à l’invisibilité des vieux et surtout des vieilles
Et quand on sort de cet état parano, vient la colère et le questionnement : Y -a t-il plus de bénévoles que d’ayants droits ? Et pourtant je n’ai pas rêvé, dans les associations qui aident les gens, il faut compter des heures d’attente.
Alors pas besoin de bénévoles ou là encore, jeux d’Egos, de pouvoir, de relations ? Qui peut le dire. Pour un sociologue il y a là matière à recherche.
Si jamais d’autres juristes lisent ce blog…. je leur propose l’ouverture d’une boutique du droit comme dans les années 70, une sorte de petite entreprise (Uber/law?)
Pour me contacter, passer par l’Harmattan

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