Petite fabulette sur le fonctionnement des groupes, associations etc

Un groupe de braves toutous
Sur leur identité réfléchissaient
Griffons, labradors, caniches et bâtards
Sur leurs différences s’interrogeaient
Ils aimaient à se retrouver
Dans le jardin de l’un des leurs
Des chefs toutefois ils avaient
Un labrador élégant et poête
Puis un bouledogue un peu bavard
Présidèrent tant bien que mal
A leurs assemblées agitées
Quelques loups cependant
Voyant en l’assemblée
Des proies faciles et tendres
s’y étaient immiscés
Les chiens les craignaient
Mais en étaient flattés
Et restaient déférents.
L’un des loups rongé par l’envie
Estima que son identité
Valait mieux que l’ombre où il était parqué
Du groupe de toutous il décida la fin
Il flatta plus que de coutume
Une vieille chienne efflanquée et morose
Tous deux mêlant compliments et satires
De ces humbles toutous eurent bientôt raison
Et semèrent entre eux une sombre zizanie
Puis dans la solitude le loup se retira
Confiant à la vieille chienne le soin
D’achever le travail commencé
Et le groupe mourut du fait de l’un des siens.

La morale des cette fable est : Si par modestie ou orgueil
Vous ne souhaitez pas prendre le pouvoir
Ne vous plaignez pas que de moins scrupuleux s’en emparent

Sens de l’humour toujours en vadrouille : Je suis universaliste

Et comme je suis incapable de m’exprimer mieux que Francis Wolff auteur de « Plaidoyer pour l’universel » (Fayard, 2019) je me permets de citer cet extrait publié dans Le Monde du 18 Octobre 2019 : « Un humanisme de l’égalité et de la réciprocité qui transcende les continents, les « races », les religions, les nations, les Etats, les classes, les sexes est aujourd’hui possible à condition qu’il ne se réduise pas à une individualisation des rapports humains à l’échelle globale(…) Un humanisme effectif donc cosmopolitique est possible à condition qu’il intègre l’idée que les êtres humains se pensent toujours concrètement à partir de leurs différences (…) et qu’ils se définissent de plus en plus, à mesure même de la cosmopolitisation croissante,par des identités multiples et mouvantes. Car le vrai humanisme, celui qui pourrait naître de cette cosmopolitisation, repose à la fois sur une éthique de l’égalité et une politique des différences. »

Merci à l’auteur(e) du dessin piqué sur internet et à Francis Wolff
Avec une pensée pour Rokhaya Diallo et son « féminisme intersectionnel »…….

j’enrage….

Merci à l'auteur

Comme des millions de gens, je fulmine quotidiennement contre la bêtise humaine, celle des autres bien entendu !
J’ai 79 ans et j’ai commencé à m’indigner en 1940 parce qu’un fou dangereux, suivi pas des lâches, avait décidé qu’il fallait tuer les juifs. Si je compte bien, cela fait 28835 jours que je me fous en rogne contre une condition humaine qui ne progresse guère.
Certes, mes révoltes de simple citoyenne inconnue du « grand public » n’intéressent pas grand-monde. Mes proches quant à eux m’ont collé l’étiquette « parano ». Pratique pour ne pas perdre du temps avec mes revendications dont la principale est la politesse ou le respect de l’Autre.
J’ai été militante de base depuis l’âge de 19 ans, au PSA, PSU, PC, à la CGT et à la CFDT, aux « Jeunes inspecteurs du travail en colère » en 1968, puis au MLF et dans d’innombrables et totalement inutiles groupes pour la paix entre Israéliens et palestiniens. Bon petit soldat, j’ai fait beaucoup plus que 10000 pas dans des manifestations. Je suis allée dans des réunions interminables, des congrès, des séminaires ou des colloques écouter des tribuns qui de manière générale ne semblaient pas intéressés par ce que les militants de base avaient à dire.
J’ai le vertige en pensant à ces milliers d’heures ennuyeuses passées à écouter les chefs ou les magouilleurs de tous bords qui ne sévissent pas que dans les partis mais aussi dans les plus petites associations caritatives.
Certes, l’Algérie est devenue indépendante, quelques hommes font la vaisselle et quelques personnes sont aidées par les associations susmentionnées, mais cela valait-il le coup de perdre tant de temps ?
En y réfléchissant bien, je n’ai (nous n’avons) pas complètement perdu mon (notre) temps. J’ai participé à des mouvements, aidé certaines personnes mais j’ai surtout pu observer les ancêtres des Copé/Fillon, Aubry/Royal, Hidalgo/Griveaux/Vilani.. etc se disputer des postes, des chefferies, des lambeaux de pouvoir. Il n’y a rien de mieux que de se taire pour écouter ceux qui ne vous écoutent pas.
Le XX° siècle a vu autant d’horreurs que de progrès sur tous les fronts. A titre personnel j’ai aimé la chaleur des manifs du MLF. j’ai rencontré beaucoup d’abrutis affamés de pouvoir mais aussi beaucoup de gens loyaux, honnêtes et passionnés.
Vieillir, cela peut rendre amer mais aussi plus lucide.
Les résultats de ces luttes ne sont pas à la hauteur de mes (nos) rêves. Mais qui, à part Dieu en qui je n’ai aucune confiance, pourrait agir contre les aspects narcissiques, mesquins et parfois criminels de notre pauvre conditions humaine.
Il faudrait que je quitte définitivement ces groupes militants et étouffants pour rester fidèle à cette phrase prononcée à Alger en 1965, alors que certains « pieds rouges » fêtaient en meute leur magnifique contribution (?) à la révolution algérienne, « Le groupe c’est la mort »

Hommage à Louis Joinet (1934-2019)

Nous étions dans les années 70 et même si nous avons dit beaucoup de bêtises, nous avions ce désir fou de nous attaquer aux injustices.
Louis Joinet, magistrat,a été membre fondateur du Syndicat de la magistrature, compagnon de route des juristes critiques du droit, du MAJ (Mouvement d’action judiciaire) de la revue ACTES- Les cahiers d’action juridique.
Je me souviens de Louis et Germaine, son épouse médecin, portant haut les couleurs de l’effectivité du Droit dans les réunions de juristes.
Je me souviens de ces dimanches passés à vendre ACTES pendant que se tenait le congrès du Syndicat de la magistrature
Je me souviens de l’énergie de Louis Joinet dans ces réunions militantes où les magistrats , les avocats et une petite poignée d’enseignants se débarrassaient de leurs oripeaux.
Actes a été créé en 1974 par l’avocat Bertrand Domenach et quelques autres. J’ai rejoint avec beaucoup d’autres dont Pierre Lascoumes la revue un peu plus tard. Nous avons décidé de nous auto-dissoudre en 1992
45 ans plus tard j’ai relu le premier éditorial. Il est d’une belle actualité. Je le publie ici en hommage à ce grand juriste si humain qu’était louis Joinet

« Vivre sans amour, c’est ne pas vivre du tout » Pascal Bruckner

Invité de l’émission « C’ à Vous » sur France 5, pour son livre : »Une brève éternité », ce jeune intello de 70 ans, a fait la leçon aux vieux : il ne faut pas se résigner, il faut refuser de rentrer dans la catégorie des Invisibles et surtout c’est la dernière chance pour l’amour, le sexe parce que « vivre sans amour c’est ne pas vivre du tout. »

Merci Pascal . Une petite remarque, il n’y a pas que les vieux et les vieilles dans la catégorie des Invisibles.
Cette phrase sur la vie sans amour (sous-entendu sans sexe) m’a profondément choqué.
J’ai eu beaucoup d’amants mais je n’ai eu pendant presque soixante ans qu’un seul amour qui s’est envolé avec lui le 16 avril 2019.
Cet homme n’est plus là mais je ne cesserai jamais de l’aimer.
Alors selon vous Mr Bruckner, je sombre dans la catégorie des résignés? Je suis foutue puisque je n’aimerai plus jamais ?

N’est ce pas une vision un peu étroite de la vie, de l’amour ? Mettez-vous dans la case « morts-vivants » les gens qui n’ont jamais rencontré un être à aimer ? Peut-on aimer la vie sans aimer UN être humain ? Peut-on continuer à vivre après la mort de l’être aimé ?
Votre discours est censé être optimiste. Il n’est que narcissique.

Je ne me consolerai jamais de la mort de mon compagnon de vie mais tant que je suis indépendante , je veux continuer à nager, à regarder les couchers de soleil, les enfants, mon chat « passant parmi les livres », les bonheurs de mes proches, à me battre pour un monde moins dégueulasse (même si je n’y crois plus trop), à aider ceux que je peux encore aider. C’est aussi cela l’amour.

Et puis quand viendra la maladie, la dépendance, je veux décider du moment de ma mort .

Une belle exposition Norman Rockwell au mémorial de Caen

Elle s’intitule LES QUATRE LIBERTES et reprend les termes du discours du Président Roosevelt du 6 Janvier 1941 où il lance un appel à rompre l’isolationnisme de son pays en insistant sur la dimension mondiale du conflit mondial en cours. Il termine son discours en énonçant le principe des quatre libertés : la liberté d’expression, la liberté de conscience, la liberté de vivre à l’abri du besoin et la liberté d’être protégé.
Rockwell illustre ces quatre libertés. Ses oeuvres seront publiées dans son journal Le Saturday Evening Post début 1943 puis utilisées pour encourager la population à acheter des bons de guerre. Elles deviennent ainsi le symbole des valeurs à défendre, qui seront reprises en d’autres termes dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme en 1948.
Les illustrations de Norman Rockwell sont terriblement émouvantes. Il croit profondément à ces valeurs. Il y mélange le privé et le public. Par exemple il illustre la liberté d’être protégé par des parents veillant sur leurs enfants.

J’aurais voulu serrer dans mes bras Norman Rockwell, parce qu’ il croyait véritablement à ces valeurs.
Mais j’aurais voulu aussi trouver une expression à mon désarroi devant une certaine indifférence ou même ironie contemporaines face à ces quatre libertés.

« Moi j’suis très bon en respi. ».. ultimes nouvelles de ma (petite) piscine de Cabourg

 » Moi je sais faire la galipette à l’envers  »
 » Moi je suis très bon en respi. »

Etc, etc
Il a sept ans le petit bonhomme qui hurle ses exploits aux quelques courageux locataires qui ont vaincu le vent du nord pour faire un peu de sport comme le leur recommandent les médecins pour vivre jusqu’à …..la dépendance !
« Arrête de t’la péter » répond timidement sa dernière victime, un gentil garçon du même âge
« Moi j’ai pas besoin de lunettes… »
Sa maman qui fait des longueurs avec une certaine avance sur moi me dit, quand par hasard on se croise, que c’est l’âge du « moi je »
Est-ce que cela veut dire que la majorité de nos contemporains ne dépassent jamais l’âge virtuel de 7 ans ?

Vous voulez faire de la politique : êtes-vous charismatique ?

Définition du dictionnaire : Charisme : vient du mot grâce. (charisma) Autorité d’un chef, ressentie comme fondée sur certains dons surnaturels, et reposant sur l’éloquence, la mise en scène, la fascination…Grand prestige d’une personnalité exceptionnelle…Ascendant qu’elle exerce sur autrui..

Les définitions évoquent des caractéristiques plutôt positives. Et pourtant qui peut nier le « charisme » de Trump, de Boris Johnson, de Hitler …
personnalités plutôt stupides, cruelles et incompétentes.
Notre Olivier Faure (photo de droite) président du groupe socialiste à l’AN en est parait-il dépourvu . C’est en tout les cas ce que vous disent les gens même « de gauche » en parlant de lui.
Ils ne semblent pas se demander : est-il compétent ? Fait-il des analyses intelligentes ? A-t-il une bonne stratégie ?

Michel Rocard (au fait ce grand homme d’Etat avait-il du charisme ?) disait qu’il était impossible d’exprimer des idées cohérentes dans les médias avec le peu de temps qui vous est imparti. Il faut alors nécessairement avoir la « grâce » même si le contenu de votre discours relève du vide.
Je ne sais pas trop quoi penser sur ce sujet mais il me pose question. Il me semble que les noms des chefs d’Etat dans les pays scandinaves sont peu connus ce qui ne les empêche pas d’être compétents.
Il serait faux de dire que les citoyens que nous sommes sont indifférents au charisme quand ils votent.
Mais si Trump et Hitler (sans aucune idée de comparaison) avaient et ont du Charisme, il convient de nous interroger sur l’importance de cette notion pour nos choix politiques.

Samuel Bak, le peintre du génocide en Lituanie

Vilnius est une jolie ville, proprette, avec de belles églises un peu kitch, blanches et roses, des restaurants par centaines,des touristes par milliers, des habitants grands et blonds et une absence étonnante de pauvres, de basanés, de SDF dans les rues du centre ville.
Il ne reste quasiment rien des ghettos ou entre 1941 et 1944 près de 90% des juifs furent massacrés par les nazis.
Une seule synagogue subsiste sur les 100 qui existaient. Nous l’avons visité le 5 Aout et c’est en rentrant à Paris que je suis tombée sur une furtive nouvelle : la synagogue avait été fermée entre le 6 et le 8 Aout pour causes de menaces de mort.
Mais ce voyage restera pour moi celui de la découverte d’un peintre, Samuel Bak , né à Vilnius en 1933, peintre dès l’âge de huit ans, rescapé du génocide par miracle et vivant actuellement aux Etats-Unis.
Ses oeuvres magnifiques sont visibles au musée du génocide.
C’est tellement agréable de visiter une jolie ville en touriste insouciant qui ne se préoccupe pas du passé, des monceaux de cadavres ensevelis, de la collaboration des habitants de la ville soucieux d’échapper à la dictature de l’URSS. Mais on ne peut pas se bander les yeux tout le temps.
Comme dans certains des tableaux de Bak, quand le touriste joyeux fait semblant de découvrir des traces de ce centre fondamental de la vie juive religieuse et laique en Europe (c’est là que fut créé le BUND) à la fin du 19° et au début du 20° siècle , c’est comme s’il était aveugle. Le guide lui dit qu’il y a des choses à voir mais il ne voit rien.

C’est toujours dans l’exposition Samuel Bak que le même touriste apprend quelques bribes du présent de ce pays à propos de l’antisémitisme : »L’antisémitisme existe encore en Lituanie. A la vérité, il n’a jamais disparu à un niveau privé : beaucoup de lituaniens et de russes tiennent des propos antisémites dans leurs conversations. On y entend des stéréotypes sur la « mafia juive » qui règne sur le monde et les juifs rusés qui ne travaillent pas mais vivent bien parce que ce sont des escrocs. Parmi les lituaniens les moins éduqués, on raconte que les matzos sont remplis du sang d’enfants chrétiens
Au niveau politique, un parti néo-nazi s’est créé en 1995 qui célèbre chaque année l’anniversaire d’Hitler
Un autre problème a été le processus d’actualisation de l’Holocauste qui est apparu dans les médias en 1995 quand le Président lituanien Algirdas Brazauskas s’est excusé auprès d’Israël pour le génocide. La presse a condamné le Président pour s’être humilié lui même sans nécessité. Dans les années 2000, toute tentative de rappeler à la Lituanie les criminels de guerre qui n’avaient jamais été jugés, s’est accompagnée de vagues de colères médiatiques contre les juifs qui avaient collaboré avec les soviétiques
… »

Le touriste joyeux mais trop curieux rentre chez lui avec une pointe d’amertume mêlée d’une joie profonde d’avoir découvert Samuel Bak !

Attention Danger : la libération des femmes peut nuire aux vieilles dames

On m’avait dit : »Gardes ta valise avec toi dans l’avion… tu vas t’énerver pour l’enregistrement  »
Je tirais donc ma petite valise allègrement dans l’aéroport quand tout à coup je me mis à paniquer (comme le dit Mankell : « Vieillir c’est s’aventurer sur une glace de moins en moins solide ») à l’idée que personne ne m’aiderait à la mettre dans l’espace prévu à cet effet.
Je monte dans l’avion le coeur battant. j’avise un grand jeune homme assis juste derrière ma place et je lui demande poliment s’il peut m’aider..
L’homme a le regard fuyant de celui qui n’a pas la moindre intention de faire quoi que ce soit. A ce moment là une petite jeune femme toute menue se lève et hisse ma valise avec dextérité. Ouf, Merci …
Retour : Aéroport de Vilnius. Même angoisse et même scénario : immense Black, demande servile de ma part et surgissement de sa compagne qui hisse ma valise sous l’absence de regard du grand Black….Même topo à l’arrivée avec en plus dans le regard du grand Black quelque chose du genre : »Tu m’auras pas vieille peau, le colonialisme c’est fini ! »
Certains prétendent que je suis parano mais ce que je raconte est vrai . D’où ma question: Jusqu’où faut-il aller dans la revendication égalitaire ?
A lire bien sûr avec humour mais avec une vraie question sous-jacente sur l’arrivée d’une nouvelle forme de machisme ?