La gauche perd un Homme remarquable : Hommage à Michel Rocard

J’ai adhéré au PSA en 1959. J’avais 19 ans. Je ne pouvais pas adhérer à la SFIO, alors que ses dirigeants, notamment Guy Mollet et François Mitterand, faisaient la guerre en Algérie, contre l’indépendance de ce pays colonisé depuis 1830.
J’ai tout appris à cette époque de ma vie (malgré les désaccords entre courants qui ne m’intéressaient guère), à réfléchir, à refuser les extrémismes, à accepter que le communisme puisse aboutir à une forme de fascisme. Grâce à Rocard, j’ai été confortée dans ma révolte contre les injustices, dans ma certitude que seul le dialogue permet de réformer en profondeur une société.
De Gaulle ( tardivement, parce que ce n’était pas à la mode à gauche et qu’à 18 ans on veut être comme tout le monde dans « son camp » ), Pierre Mendès-France et Michel Rocard ont été mes maîtres.
Michel Rocard va terriblement nous manquer. Il reste quelques clowns tristes à gauche : Mélenchon, Montebourg, Hamon,…
Si les partisans de la deuxième gauche, existent au PS ou ailleurs, c’est le moment de se réveiller,de ne pas avoir peur, de ne pas aboyer avec les démagogues, de jouer des coudes sans se trahir, de s’imposer par leur intelligence, de ne pas tolérer d’être écrasés par les appareils et surtout d’assumer des réformes pour les plus démunis, les réfugiés, les exclus, dans le cadre d’une économie de marché régulée, à l’échelle du monde ou au moins de l’Europe..
L’actuel gouvernement a fait quelques réformes intéressantes. il a traversé des orages terribles.Mais ces réformes ont été faites sans vision à long terme, sans pédagogie, dans le désordre.
Michel Rocard a instauré le RMI mais il a toujours insisté sur la nécessité d’une adaptation de la formation professionnelle qui permette aux bénéficiaires du RMI de sortir de leur statut d’assistés. Cette réforme essentielle est encore à faire, depuis des dizaines d’années.
Pour les prochaines decennies il est vital, si l’on veut éviter la dictature du populisme ou de l’extrême droite, d’inventer un nouveau modèle de société, moins injuste, dans la mesure du possible. Il est essentiel aussi d’expliquer les étapes du projet et son étalement dans le temps.