La Loi El Khomri a suscité des oppositions virulentes des travailleurs. Il n’y a pas de raison pour qu’elles ne se reproduisent pas.
Il n’y aura pas de miracle Macron.
Le droit du travail trouve ses fondements dans la subordination des travailleurs vis à vis des employeurs. Il permet à force de textes, de décrets, de jurisprudence, de conventions collectives …d’empêcher que la situation sociale des travailleurs ( c’est une formule générique qui ne veut pas dire que les employeurs petits ou grands ne travaillent pas) ne s’érode peu à peu au profit des actionnaires, de ceux qui possèdent l’argent (dont personne ne peut nier l’importance ).
Merci Monsieur Macron de nous avoir évité Le Pen et Mélenchon mais vous devez comprendre que la richesse d’un pays dépend certes de ses investissements mais aussi et surtout du travail souvent dur de millions de travailleurs, y compris de ceux qui fabriquent des robots.
Ce n’est certes pas à vous, libéral et fier de l’être, d’expliquer que la révolution socialiste n’est pas à l’ordre du jour.
Les obstacles sont nombreux : il faudrait que cette révolution soit mondiale. Il faudrait que ceux qui possèdent l’argent se sacrifient sans se battre (la lutte des classes n’a pas disparu), Il faudrait que les êtres humains soient parfaits, altruistes, solidaires, prêts à partager… pour que ne se renouvellent pas les errements fascisants des soi -disant révolutions socialistes du XX° siècle.
Alors il faut faire avec le capitalisme triomphant qui n’a que faire des échecs et de la misère de ceux qui ne parviennent pas à y rentrer.
Sur le papier, les accords d’entreprise paraissent démocratiques, les referendums même à l’initiative des employeurs aussi, mais il faut connaitre le monde des entreprises pour savoir que les patrons de TPE et PME peuvent faire de la discrimination syndicale, ne sont pas obligés d’accepter des représentants syndicaux à moins de dix salariés, et s’engouffreront pour la plupart d’entre eux dans toutes les « réformes » qui leur permettront plus de souplesse. C’est leur intérêt après tout.
Il faut le dire clairement : il ne s’agit pas d’une réforme du droit du travail mais d’une régression ( temporaire? ) qui sera peut-être utile à terme pour l’emploi, à condition d’être acceptée ,même sans enthousiasme, par toutes les parties en présence.
C’est à vos équipes de faire preuve de modération dans les réformes, et de pédagogie dans vos justifications : plus de souplesse permettra aux entreprises de s’adapter au marché et donc de créer des emplois. Certes ces emplois seront souvent précaires mais il sera plus facile d’en changer à condition que la formation suive. En cela le Compte personnel d’activité et de formation peut être un bon outil s’il est bien utilisé.
Certains syndicats refusent de suivre la modernité pensez vous : certes mais c’est comme ça, c’est l’histoire de ce pays. Jamais une loi n’a aboli la réalité.
Nous sommes nombreux à miser sur vous, sur votre capacité à rassembler une droite modérée et une gauche social-démocrate.
Mais faites attention. Avec vos ordonnances, vous pouvez perdre ce capital de confiance et enclencher la colère des forces vives de ce pays qui à juste titre pensent que seul le travail crée de la richesse et qu’à ce titre il ne doit pas être dévalorisé ou sous-estimé.
N’oubliez jamais qu’un droit peut être écrit sans être appliqué: c’est le cas du droit du travail ou moins de 5% des infractions relevées par PV par les inspecteurs du travail font finalement l’objet d’un jugement voire d’une condamnation. etc…
Bon courage Mr Macron