Il y a cinquante ans nous avions transgressé la loi pour être libres. Au nom de cette même liberté nous demandons maintenant une aide active à mourir

Nous avions entre vingt et quarante ans en 1971, quand le manifeste des 343 a été publié. Nous réclamions la liberté sexuelle et le droit à l’avortement. Peu importe que notre signature y figure ou pas.
Nous avons maintenant entre 70 et 90 ans et nous n’avons pas changé. Nous considérons toujours la liberté de choisir notre vie et donc notre fin de vie comme une liberté élémentaire.
Le 1er Novembre 2019, nous avons publié dans Libération un Manifeste : CHOISIR SA VIE, CHOISIR SA MORT : DES FEMMES PERSISTENT ET SIGNENT.
Deux cent femmes l’on signé dont certaines avaient signé le Manifeste des 343.
Non ce n’est pas triste : c’est le cours normal de nos vies.
Ce qui est plus que triste, tragique, c’est la déchéance, la dépendance, la souffrance…

Les médias commémorent le manifeste de 1971 mais font peu de cas des propositions de lois sur l’aide active à mourir.L’une d’entre elles présentée par Olivier Falorni doit être discutée à l’Assemblée nationale le 8 avril 2021.
On entend des voix s’élever contre le mauvais goût qu’il y aurait à discuter de ce problème an pleine pandémie! Quelle insupportable hypocrisie ! C’est précisément parce que des millions de gens dans le monde ont eu une fin de vie indigne qu’il est plus que jamais nécessaire de donner un cadre juridique cohérent à cette revendication majoritaire.
Il ne s’agit plus de créer des Comités Théodule pour discuter (de quoi?) mais de voter une loi cohérente qui permette aux personnes qui sont dans une souffrance physique ou psychique insupportable de quitter ce monde sans violence et entourés des gens qu’ils aiment.
En 1971, nous n’obligions personne à avorter.
En 2021, nous n’obligeons personne à demander une assistance au suicide.
De même que le principe de laïcité permet de respecter toutes les croyances y compris celle de ne pas croire en Dieu, une loi sur l’assistance au suicide rendrait la dernière étape de notre vie tellement plus heureuse.

PS : Je revendique le terme de « salopes », créé par Charlie-Hebdo, de même que le sketch de Guy Bedos et Sophie Daumier : « Toutes des salopes ». J’ai cru entendre certaines signataires se désolidariser de cette dénomination évidemment humoristique au nom du politiquement correct!!!