Le grand écrivain arabe israélien, Emile Habibi, mort en 1996 à l’âge de 74 ans regrettait d’avoir privilégié le militantisme au PC à la littérature : « J’ai le sentiment d’avoir été un poirier qui se mettrait à produire des aubergines sous prétexte qu’il faut nourrir le pauvre peuple. Alors que les aubergines abondent mais qu’ici les poiriers sont rares. »
Quant à moi, J’ai la désagréable impression de ne même pas avoir produit des aubergines ! , d’avoir passé des heures ennuyeuses dans des réunions où je n’osais pas dire un mot, d’avoir lutté pour des causes perdues comme le socialisme, l’égalité, les atteintes aux droits de l’Homme…
Une exception cependant ; le MLF. J’ai osé m’exprimer (enfin pas toujours parce que les grandes gueules existent aussi chez les femmes) et nous avons fait reculer (un tout petit peu) le pouvoir patriarcal.
La situation misérable de la « gauche » en France, son impossibilité à inventer un programme, un plan de vol (pour reprendre les termes d’Edouard Philippe), d’assumer son réformisme tout en essayant de faire rêver à un système moins injuste, a mis un terme à mes espérances.
Il me reste une fierté : celle d’avoir été de celles et ceux qui ont dit NON : au colonialisme,au sexisme, au racisme, à l’antisémitisme, à l’arbitraire, aux injustices sociales…
Mais je mourrai sans comprendre que l’on puisse faire passer son ego avant l’union autour d’un programme ?
Arriverai-je à ne pas passer du peptimisme (Emile Habibi) au pessimisme ?
Il m’arrive aussi de me laisser aller à haïr, suivant en cela Emile Zola : « La haine est sainte. Elle est l’indignation des coeurs forts et puissants, le dédain militant de ceux que fâchent la médiocrité et la sottise…. La haine soulage, la haine fait justice, la haine grandit. » (Mes haines, 1866)
La haine n’est pas une solution.
Alors, je me console avec cette phrase d’Einstein : « Un problème sans solution est un problème mal posé. »