Dans l’article qui précède j’ai reparlé du fil ténu qui relie nos comportements impolis, malhonnêtes, mesquins au quotidien et le mal absolu, la barbarie.
Il ne s’agit pas de démontrer scientifiquement l’existence d’une continuité qui conduirait de nos envies, de nos saloperies individuelles ou simplement de nos désirs de faire le mal aux violences, aux racismes, à la volonté de pouvoir, à la guerre.
Ce serait excessif de penser ainsi. Heureusement, il y a entre nos vilaines pensées et la barbarie une solution de continuité.
Mais comme, pour la plupart d’entre nous, nous ne pouvons rien faire contre la violence, les génocides, la bestialité humaine, la guerre, bref l’inhumanité à grande échelle, je me dis que peut-être si nous parvenions à combattre notre grossièreté, à reconnaitre l’autre et à se mettre à sa place, pourrions-nous commencer un processus de pacification banal, ordinaire à notre petit niveau .Ce serait toujours ça de gagné.
C’est pourquoi, je continuerai à parler de la quotidienneté des incivilités, avec le plaisir de me dire qu’elles auront au moins servi à …mon blog!
De quelques impolitesses au quotidien
Je me suis installée au premier étage du Café de Flore pour déjeuner tranquillement.
Je mange mon omelette en lisant le journal.
Je suis bien.
Deux jeunes gens arrivent, jeunes cadres, costard, cravate.
Ils s’approchent de mon coin désirable et décident que c’est le bon puisqu’il n’y a personne et pas de bruit.
Je passe sur le « personne ». J’ai l’habitude. On ne voit pas les vieux.
Alors commence un dialogue de sourds : d’abord seule une surdité naissante peut vous inciter à hurler très fort et ensuite parce que l’un n’écoute pas l’autre qui tente de s’infiltrer dans les interstices du monologue de l’un.
Je plie mon journal et je paye.
Je ne suis plus bien.
Je suis avec une très vieille amie.
Elle me propose de venir avec elle dans un magasin chic pour lui dire si la robe qu’elle a repéré lui va bien
J’accepte tout en insistant sur le fait que je dois être à un rendez-vous important une heure plus tard
Bon, la robe lui va pas mal.
Elle me propose de prendre un café
Son teléphone sonne. Elle répond.
J’avance vers le bar , attend, me retourne et ne la voyant pas, je retourne là où son téléphone a sonné. Elle est toujours en communication.
Quand elle raccroche enfin, je lui demande s’il y a quelque chose de grave
« Non-dit-elle- il y avait quelque chose que je ne comprenais pas sur mes relevés bancaires! »
je la salue et m’en vais.
Elle s’excuse vaguement
Ces gens sont supposés être bien élevés.
C’est pas de la parano, c’est juste une sensibilité à la politesse contractée depuis plus de trente ans
C’est le rapport entre ces comportements banals et la barbarie (le fil ténu) que je ne parviens pas à analyser.
Rectificatif sur les représentants du personnel dans les TPE
Dans l’article qui précède je disais qu’il n’y avait pas de représentants du personnel dans les entreprises de moins de dix salariés. Ce n’est plus tout à fait vrai: en effet la Loi Rebsamen a créé les CPRI ( Commissions paritaires régionales interprofessionnelles). Elles seront mises en place le 17 Juillet 2017. Elles seront chargées de représenter les salariés des TPE (moins de 11 salariés) qui ne le sont pas à ce jour.
Elles seront composées de 20 membres soit dix représentants des Syndicats patronaux représentatifs et dix représentants des syndicats de travailleurs représentatifs. Ces représentants devront être issus des établissements de moins de 11 salariés.
La parité entre hommes et femmes doit y être respectée.
Les candidats sont protégés contre le licenciement.
Ces commissions conseillent, informent et donnent des avis sur tous les aspects du droit du travail.
Elles facilitent la résolution des conflits individuels et collectifs…etc
Les élections qui ont eu lieu du 30 décembre 2016 au 13 janvier 2017 ont placé la CFDT en tête avec 26, 37% des suffrages, puis la CGT avec 24, 85% , FO avec 15, 59%, la CFE-CGC avec 10, 67% et la CFTC avec 9,49%.
Reste à voir sur le terrain si ces commissions vont aider les salariés des TPE ou ajouter à l’usine à gaz qu’est le droit du travail ?
A suivre
A propos de la réforme du Code du travail : Macron doit être TRES pédagogue
La Loi El Khomri a suscité des oppositions virulentes des travailleurs. Il n’y a pas de raison pour qu’elles ne se reproduisent pas.
Il n’y aura pas de miracle Macron.
Le droit du travail trouve ses fondements dans la subordination des travailleurs vis à vis des employeurs. Il permet à force de textes, de décrets, de jurisprudence, de conventions collectives …d’empêcher que la situation sociale des travailleurs ( c’est une formule générique qui ne veut pas dire que les employeurs petits ou grands ne travaillent pas) ne s’érode peu à peu au profit des actionnaires, de ceux qui possèdent l’argent (dont personne ne peut nier l’importance ).
Merci Monsieur Macron de nous avoir évité Le Pen et Mélenchon mais vous devez comprendre que la richesse d’un pays dépend certes de ses investissements mais aussi et surtout du travail souvent dur de millions de travailleurs, y compris de ceux qui fabriquent des robots.
Ce n’est certes pas à vous, libéral et fier de l’être, d’expliquer que la révolution socialiste n’est pas à l’ordre du jour.
Les obstacles sont nombreux : il faudrait que cette révolution soit mondiale. Il faudrait que ceux qui possèdent l’argent se sacrifient sans se battre (la lutte des classes n’a pas disparu), Il faudrait que les êtres humains soient parfaits, altruistes, solidaires, prêts à partager… pour que ne se renouvellent pas les errements fascisants des soi -disant révolutions socialistes du XX° siècle.
Alors il faut faire avec le capitalisme triomphant qui n’a que faire des échecs et de la misère de ceux qui ne parviennent pas à y rentrer.
Sur le papier, les accords d’entreprise paraissent démocratiques, les referendums même à l’initiative des employeurs aussi, mais il faut connaitre le monde des entreprises pour savoir que les patrons de TPE et PME peuvent faire de la discrimination syndicale, ne sont pas obligés d’accepter des représentants syndicaux à moins de dix salariés, et s’engouffreront pour la plupart d’entre eux dans toutes les « réformes » qui leur permettront plus de souplesse. C’est leur intérêt après tout.
Il faut le dire clairement : il ne s’agit pas d’une réforme du droit du travail mais d’une régression ( temporaire? ) qui sera peut-être utile à terme pour l’emploi, à condition d’être acceptée ,même sans enthousiasme, par toutes les parties en présence.
C’est à vos équipes de faire preuve de modération dans les réformes, et de pédagogie dans vos justifications : plus de souplesse permettra aux entreprises de s’adapter au marché et donc de créer des emplois. Certes ces emplois seront souvent précaires mais il sera plus facile d’en changer à condition que la formation suive. En cela le Compte personnel d’activité et de formation peut être un bon outil s’il est bien utilisé.
Certains syndicats refusent de suivre la modernité pensez vous : certes mais c’est comme ça, c’est l’histoire de ce pays. Jamais une loi n’a aboli la réalité.
Nous sommes nombreux à miser sur vous, sur votre capacité à rassembler une droite modérée et une gauche social-démocrate.
Mais faites attention. Avec vos ordonnances, vous pouvez perdre ce capital de confiance et enclencher la colère des forces vives de ce pays qui à juste titre pensent que seul le travail crée de la richesse et qu’à ce titre il ne doit pas être dévalorisé ou sous-estimé.
N’oubliez jamais qu’un droit peut être écrit sans être appliqué: c’est le cas du droit du travail ou moins de 5% des infractions relevées par PV par les inspecteurs du travail font finalement l’objet d’un jugement voire d’une condamnation. etc…
Bon courage Mr Macron
Mélenchon ou les ravages du narcissisme en politique
Il représente le fameux système qu’il vilipende tant, l’homme qui a fait toute sa carrière dans la politique, qui se prend pour un Chef charismatique , qui est incapable de dominer sa passion narcissique etc… Un populiste de gauche (?) partisan du repli frileux et de l’Alliance bolivarienne…
Ce gourou qui sait parler aux foules a transformé ses aficionados en membres d’une secte, incapables de prononcer le nom de Macron et risquant ainsi de participer à la victoire de Le Pen.
Il m’arrive – malgré mon amour de la France- de haïr ce pays où les collabos ont fleuri dans les années 40 .
Il ne faut jamais oublier que Deat venait de la SFIO et Doriot du PC. Ils ont été tous deux collabos.
Comparaison n’est pas raison .
Mais plus le temps passe, sans que les soi disant « insoumis » prennent position, plus ils se transforment en collabos du néo-fascisme.
Photo : Jacques Doriot, membre du PCF de 1924 à 1937
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Aux prises avec mes contradictions Place de la Nation.
La mairie de Paris a décidé de transformer la place de la Nation en grand jardin et d’y réduire de 57% la circulation automobile.
Des blocs de ciment blancs et moches ferment les avenues et réduisent les files de voitures sur la place.
Mon premier réflexe en tant qu’habitante de ce quartier,propriétaire d’une petite voiture qui dort dehors, c’est de me révolter contre ces abrutis d’écolos et leur cheftaine.
Vais-je pouvoir continuer à me garer dans la rue dans un quartier sans parkings ? Pourquoi ajouter des jardins alors qu’il y en a déjà ? N’y avait-il pas plus urgent, par exemple loger correctement les demandeurs d’asile et fournir des abris aux SDF ? etc …
Pour moi qui y suis née et y ait vécu depuis plus de 70 ans, Paris est une ville avec des voitures,des embouteillages, une ville sale, un foutoir où ça bouge, ça fait du bruit. C’est le contraire de la campagne.
J’engueule une jeune femme qui s’émerveille devant les barbouillages (verts) de ses enfants sur les blocs de ciment.
Je manque de me faire écraser par un mec en vélo qui prend une rue à contresens sans aucune mauvaise conscience en plus
J’évoque ces minutes interminables passées à tenter de me garer pas trop loin de chez moi depuis plus de 30 ans que j’habite ce quartier. Et ça va être pire.
Bon sang, je suis vieille, fatiguée. Ma petite voiture est un havre de paix. Qu’a donc ce petit Hidalgo contre les voitures ?
Et pourtant j’ai fait des efforts : je fais comme si je n’avais pas peur de me faire renverser par une trottinette, un skate, un vélo sur le trottoir. Je m’efforce de marcher droit …
Quelque chose en moi me dit que je deviens vraiment vieille à vitupérer ainsi. Quid de la pollution, de la disparition des petits oiseaux, des jeunes qui ne jurent que par leur téléphone et les trucs à roulette ?
J’ai lu que la mairie va nous distribuer des plantes pour que nous puissions jardiner. C’est une bonne idée de jardiner « tous ensemble ». On va peut-être même réussir à se parler et participer à notre petit niveau à la lutte contre le réchauffement de la planète (sic). Enfin les autres, parce que moi, je ne peux plus me baisser.
Puis ma colère revient, contre les marches dans le métro qui excluent les handicapés et les vieux, l’absence de prévisions pour les parkings, les jardins pour les bobos et les blocs de pierre pour les migrants…
Qui a raison ? qui a tort ?
Gouverner c’est tenter de concilier l’intérêt général et les intérêts des uns et des autres…en même temps., dans la mesure du possible.
Je veux bien coopérer mais je ne capitulerai pas sur un point : J’ai besoin de ma voiture quand je suis trop fatiguée, quand je pars en vacances.Dusse-je faire cent fois le tour de cette place pour me garer.
En écrivant ce petit article, je voulais juste donner un petit exemple de la difficulté de gérer les conflits, les contradictions présentes dans toutes les sociétés humaines.
Chacun doit tenter de raisonner dans l’intérêt général mais celui qui tranche ne doit pas le faire sans avoir pris la mesure des besoins légitimes de tous ses citoyens.
Il n’y pas d’alternative si nous voulons rester en démocratie.
De quelle catégorie relève ce blog ?????
Il ne relève d’aucune catégorie.
Les catégorisations sont indispensables pour les sciences exactes. Elles prennent le risque d »être caricaturales quand il s’agit d’un être humain.
Je suis femme, militante, féministe, juive, athée, libertaire, réformiste, sociologue, juriste, petite, vieille…etc
Un trouble dans l’identification -comme dirait Judith Butler (sic)*-m’habite et c’est finalement plutôt sympa.
Les éventuels lecteurs ne trouveront aucune recette, aucune certitude et mon blog ne sera jamais suivi par Treize millions de personnes , sniff.
En fait j’écris ce blog pour y voir plus clair dans mon cerveau en désordre. Je devrais peut-être l’intituler comme cela.
Que se passe-t-il quand un cerveau en désordre rencontre le désordre politico-social et les contradictions humaines ?
Cela peut donner le pire, le fascisme par exemple, comme le meilleur, un essai de réflexion sur les contradictions.
* Allusion à « Trouble dans le genre »
En Jordanie, j’ai rêvé d’un monde en paix
Dans ce pays pour le moment préservé de la folie humaine, j’ai vu des femmes avec des foulards et d’autres sans.
J’ai vu les enfants des écoles visiter les sites historiques de leur pays avec enthousiasme et gaieté
J’ai pu parler sans tabous avec mon guide Mahmoud, à moitié palestinien, du conflit israélo-palestinien. il m’a raconté l’histoire d’une négociation sur un canal reliant la mer rouge à la mer morte, qui dure depuis 20 ans. Ce canal sauverait la mer morte et permettrait à la Jordanie de remplacer en partie l’eau du Jourdain accaparée par Israël.
J’ai apprécié cette culture arabo-musulmane, ces salamalecs sympathiques, ces douces soirées à Petra ou Amman où personne ne songe à déranger une femme seule qui dine en terrasse.
Ce pays magnifique avec ses déserts,sa capitale répartie sur 25 collines, ses vallées verdoyantes offre dans des sites bien aménagés, des siècles de culture, nabatéenne, héllénistique, romaine, byzantine…
Ce court voyage m’a permis d’oublier un peu les querelles parisiennes stériles et obsessionnelles sur l’identité, l’Islam etc.
Tout à coup, tout paraissait simple.
Je ne suis pas dupe: je devine la misère, l’intolérance, l’absence de liberté d’expression etc… Tout est relatif
Mais ce que ces longues conversations avec Mahmoud ,dans ces paysages à couper le souffle,m’ont apporté, c’est une forme de paix , sans illusions, avec le monde arabo-musulman.
A gauche, Mosaïque byzantine à Mabata, A droite, sculpture hellenistique près d’Amman
Au milieu, Théatre romain à Jarash
A gauche en bas, jeunes filles dansant à Jarash. A droite en bas, Les sept piliers de la sagesse dans le Wadi Rum
« En même temps »
C’est un jeune homme poli, bien élevé, pas vraiment affriolant mais quel autre choix avons nous quand on ne croit pas au revenu universel, quand on souhaite reconstruire l’Europe et non la détruire, quand on veut tenir compte de l’absence de perspectives dites socialistes dans ce monde ici et maintenant.
Outre cette absence de choix face à la menace Le Pen /Fillon, Macron parle un langage que je comprends : ce « En même temps » qu’il emploie souvent, objet de moquerie de la part de journalistes peu attirés par les discours contradictoires, est une source d’espoir.
Concilier la mondialisation, la construction européenne avec la défense des plus démunis, concilier l’expansion d’un nouveau mode de production (capitaliste bien sûr) et sa nécessaire fluidité avec un code du travail moins contraignant mais toujours protecteur, réconcilier la société civile et la classe politique…etc nécessite de ne plus raisonner par idées simplistes ou apparemment « révolutionnaires ».
C’est un pari difficile auquel semble vouloir s’attaquer Macron, celui de mener à bien les nécessaires transformations économiques sans faire disparaitre complètement les droits sociaux acquis.
Il lui faudra mener en même temps une politique libérale et une politique sociale qui ne détricote pas trop les droits acquis . Il lui faudra essayer de moderniser le travail tout en évitant de jeter les nouveaux travailleurs « indépendants » dans un processus « d’uberisation » sauvage.
Tout ceci doit se faire « en même temps ». Cela s’appelle le Réformisme
Soyons réalistes, demandons le possible !
J’ai trouvé amusant de mettre côte à côte ces deux citations de Winston Churchill et Christophe Colomb.
Je garde au fond de moi l’illusion de la possibilité d’un socialisme à visage humain.
Mais je suis lasse de voir ce terme utilisé n’importe comment.
Le socialisme, ce serait l’appropriation publique des moyens de production et leur redistribution selon les besoins (et les mérites ?), par le biais de groupes autogérés….Mais comment éviter que cette appropriation publique ne conduise à la toute puissance de l’Etat, à la corruption, à une forme de dictature … Personne n’a trouvé la solution pour le moment.
Je ne suis ni marxiste, ni politologue… Je suis une vieille dame qui mourra sans comprendre -entre autres- les génocides…
Se revendiquer de la possibilité du socialisme, c’est poser comme hypothèse que les êtres humains sont bons par nature et ne deviennent mauvais que s’ils sont maltraités par la société. C’est en partie vrai, c’est en partie faux.
Penser cela, c’est oublier la coexistence du bien et du mal en nous mêmes.
La citée socialisée-politique- doit gouverner en tenant compte de cette dualité (qui est aussi la sienne)
« Le régime politique n’est qu’un aspect de nous-mêmes…Le régime c’est nous, il n’est pas assis sur le vide, mais sur une chaise, la chaise c’est nous. Tout expliquer par la faute du régime nous a servi à nous absoudre de nos propres responsabilités…Nous nous comportons avec le régime comme s’il était venu par la mer…Le régime est un aspect de notre échec.. » (Kamel Daoud, interrogé par El Watan le 19 février 2017)
Il nous reste d’immenses choses à faire : Faire passer dans la réalité les grands principes établis par la révolution française entre autres, réguler le libéralisme par des accords mondiaux et last but not least : apprendre à s’empêcher de pencher du côté du mal.
On ne construit pas une société plus juste en refusant le dialogue, en ignorant son voisin, en méprisant tout ce qui est autre
Soyons réalistes, tentons d’obtenir de nous-mêmes l’impossible !