« Moi, Mme F. » dans le cercle vicieux de la bêtise bureaucratique

Mme F. est originaire d’Amérique latine. Elle a fui la violence de son mari et est venue en France avec ses enfants en 1993, il y a 23 ans.
En 2008, elle a obtenu une carte de séjour qui est depuis renouvelée chaque année.
Elle travaille dans des crèches où elle enchaîne les CDD.
On lui propose alors de suivre un stage qui lui permettra d’obtenir un CDI. Elle passe toutes les sélections.
Là, le cercle vicieux s’enclenche : Elle est qualifiée pour suivre le stage mais….. ne peut être prise parce que son titre de séjour prend fin huit jours avant la fin du stage.
Pour obtenir une carte de résident de dix ans, il faut prouver que l’on gagne le SMIC…Avec des CDD à temps partiel elle ne peut y prétendre.
En France depuis plus de vingt ans, elle n’est pas expulsable.Mais elle ne peut plus travailler dans le métier qu’elle connait. Elle ne peut plus payer son loyer etc…Elle se sent sombrer
La bêtise bureaucratique peut tuer.

On ne veut pas être responsables de votre mort mais on se contrefout de la dignité de votre vie: une philosophie pour notre temps ?

La Méditerranée est devenue un immense cimetière pour les migrants. On meurt aussi dans les camps de réfugiés installés dans les pays pauvres. Les pays occidentaux ne veulent pas être responsables en direct de la mort de ces êtres humains. Des bateaux officiels ou militants sauvent des vies. Vive la solidarité.
Après…il y a les chemins de l’exil, avec leur lot de morts, de violences, de misère indigne. L’essentiel est que nous ne soyons pas responsables de leur mort.
Seuls chez eux ou dans des hôpitaux, des vieillards, des malades incurables souhaiteraient finir leurs jours dans la dignité. C’est leur choix qu’ils n’imposent à personne. Il y a des formes de survie qui pour eux ne sont pas La Vie. Serment d’Hippocrate oblige, Le CORPS POLITICO-MEDICAL refuse de les aider à mourir. et les contraint à terminer leur vie dans l’indignité.
Ni solidarité, ni responsabilité.
Comparaison n’est pas raison mais j’ai cru entrevoir dans ces deux situations si dissemblables une similitude qui demande réflexion
Je vous la soumets.

Questions à l’historien Guy Dhoquois

guy Dhoquois (2016)

Régine : En quoi l’analyse des modes de production dans les différentes sociétés historiques aide-t-elle à comprendre l’évolution et le fonctionnement des sociétés humaines ? Par exemple, est-ce que le Mode de production asiatique nous aide à comprendre la Chine d’aujourd’hui ?
Guy : Prenons l’exemple d’une maison : Je la regarde, je la vois dans son ensemble. Si je commence par le toit, j’ ai une vision idéale, idéologique de la réalité. Soyons des architectes, commençons par les fondations, c’est à dire les modes de production.
Avant d’avoir des idées, il faut exister matériellement.
Les processus historiques sont complexes. Tous les niveaux jouent les uns sur les autres.
On va donc construire la maison dans son ensemble. Pour tous les détails de la construction, il faut de la production matérielle.
Cette base matérielle, c’est le Mode de production. Les plus belles idées ne servent à rien sans cette connaissance.
Le Mode de production a plusieurs sens : Il y a des modes de production au sens commun, par exemple une entreprise.
Est-ce que tous ces modes de production se réunissent pour former un Mode de production général ? L’histoire nous apprend que oui L’Humanité est passée par des Modes de production divers : des chasseurs-cueilleurs au capitalisme.
En ce qui concerne la Chine, c’est une immense histoire. Dès le Ier millénaire avant le Christ, on voit un Etat fort, prélevant le tribut sur une masse de paysans. C’est le mode de production asiatique. Depuis quelques décennies il s’est produit une formidable révolution : La Chine est devenue un pays outrageusement capitaliste. Seul l’argent compte. La vieille Chine ne va pas mourir mais se transformer. Mais, bouleversée sur le plan matériel, elle va conserver ses racines spirituelles, taoistes, confucianistes, bouddhistes. Le soubassement matériel est un élément parmi d’autres même s’il est fondamental.

Régine: Les combats des hommes et des femmes pour plus de justice peuvent-ils conduire durablement à des modifications des conséquences négatives de tel ou tel mode de production ?
Guy : Non, généralement.
La Chine, par exemple, a connu des révoltes populaires, dont la dernière et plus importante fut la révolution maoïste. Elles n’ont semble-t-il pas affecté en profondeur le modèle chinois avant cette dernière. On assistait plutôt à une reconduction du système. Mais cette stabilité structurelle allait de pair avec des bouleversements techniques.
L’Historien ne connait pas l’avenir . Serons-nous en mesure de changer les défauts du capitalisme, c’est à dire l’accumulation des richesses versus un accroissement de la pauvreté ?
Nous pouvons l’espérer mais nous ne le savons pas
Les sociétés occidentales ont elles aussi connu des révolutions qui nous ont débarrassé du système féodal. Il a été remplacé par un système démocratique formel, dont les côtés positifs, la liberté d’expression ou les avantages sociaux, ne sont pas négligeables
Faute de sortir du système, on peut l’aménager pour améliorer la situation des plus démunis.

Régine : Qu’est-ce que pourrait être un mode de production socialiste ?
Guy : Nous ne savons pas.
Il ne faut pas confondre socialisme et étatisme.
On peut rêver d’une société très libre, harmonieuse où les êtres humains seraient réconciliés entre eux et avec eux-mêmes.

;Régine
: Peut-on tirer des leçons de l’Histoire ? Si oui, lesquelles ?

Guy : Pour cela, il faut réfléchir sur l’Histoire. Il faut s’interroger par exemple sur ce qui a permis les révolutions bourgeoises qui ont très sensiblement amélioré les choses, notamment au niveau de la liberté d’expression.
La raison a du mal à se frayer un chemin.

Régine : Y-a-t-il des sociétés historiques tolérantes, où l’on accepte l’Autre dans sa différence ?
Guy : La règle, c’est la haine de l’Autre. Elle peut être tamisée, modérée mais la haine est là.
Il y a peu de recherches sur ce point dans les plus vieilles sociétés historiques. Certaines ont-elles réussi à dépasser les haines ?
Ce que l’on peut dire, c’est que nous vivons dans un siècle de la tentation qui multiplie les envies et donc les haines contre celui qui possède ou n’est pas comme vous.
Cependant, il ne faut pas sombrer dans un pessimisme stérile. On peut espérer trouver des solutions.

Réunions à la base (2)

Julien : Nous sommes cinq. J’en ai marre. On ne peut pas continuer comme çà !
Antoine : Être ou ne pas Être
Colette : Finalement, à part Raymonde, nous sommes venus parce que nous n’avons pas été élus au CA. Alors, imaginez, si on avait été élus !Fin de l’histoire
Raymonde : De toutes manières, être seul, c’est le meilleur moyen de devenir chef, non ?
Julien : Ce n’est pas faux. Quand on voit le nombre phénoménal d’associations en France, on se demande si ce n’est pas le résultat des micro-batailles pour le pouvoir. On se bat, on perd, on part, on crée une autre association et voila le travail.
Colette : si les gens ne viennent pas, c’est soit parce qu’ils s’en foutent des droits de l’Homme, soit parce que nous ne savons pas les motiver. La question est : notre action peut-elle contribuer à changer des choses ? Moi, je crois que oui mais en même temps je me sens dans une impasse :la base est là pour permettre à l’organisation d’exister sur le terrain. Si elle ne parvient pas à le faire, sa seule utilité est de permettre formellement la mise en place d’organes de direction, qui sont les seuls à pouvoir agir. Le seul espoir du militant de base, s’il veut agir est alors d’arriver au sommet. CQFD.
Raymonde : En partie lucide, en partie excessive. La seule alternative à ce type de fonctionnement, c’est la démocratie directe ou l’autogestion. Il faut beaucoup d’intelligence et de compréhension pour y parvenir. Ce sera dur. La seule possibilité, c’est cette démocratie mal foutue qui reflète aussi notre manque d’imagination, d’idées nouvelles, de moyens de lutter contre la connerie. Alors démocratie mal foutue ou dictature ?

Les réunions militantes

Le cadre : Une petite pièce triste. Tables et chaises en formica jaune. Vieilles affiches punaisées aux murs. Paquets de vieux tracts par terre.

Henri : Bon alors, quel est l’ordre du jour? Il ne faudrait pas terminer trop tard avec ce temps dégueulasse.
Julien : L’ordre du jour est chargé. Mais attendons un peu, il est à peine 21 h

Henri (énervé) : La réunion est prévue à 20h30 !
Entre Raymonde (environ 65 ans ) : Bonjour messieurs, c’est la première fois que je viens.J’espère que vous avez bien reçu ma cotisation…Je m’excuse d’être en retard…mais avec ce temps ! Je m’appelle Raymonde
Henri : Comme vous voyez vous n’êtes pas la dernière! enfin je l’espère…comme si on n’avait que çà à faire!
Raymonde : je suis à la retraite. J’ai du temps…c’est pour ça que j’ai eu envie de faire quelque chose, de participer…Oh mais je bavarde. Je vous ai interrompu. Je m’excuse…
Entre Antoine (jeune cadre dynamique) : Impossible de se garer dans le quartier. Salut tout le monde. Au fait Julien, tu pourrais me dire ce que je dois dire à la réunion de la fédé demain soir ?
Julien: On doit en discuter ce soir tous ensemble. On est une organisation démocratique, non ? Bon, on va commencer. Il est 21h15 et nous devons terminer à 22h30. La première chose dont nous devons discuter, c’est de l’absentéisme aux réunions et pire encore, de la chute des effectifs militants.

Entrent Colette ( la cinquantaine souriante) et Annie (la militante de choc)

Antoine : Il ne faut rien exagérer. On m’a dit en effet qu’à la dernière réunion publique, il y avait douze personnes. D’ailleurs, je tiens à m’excuser mais j’avais une autre réunion au sommet très importante. Je crois qu’il faut aller chercher les réponses à la base et par exemple envoyer un questionnaire aux adhérents que l’on ne voit jamais.
Henri : Mais mon vieux, tu sais bien pourquoi ils ne viennent pas. Ils s’emmerdent ici ..ils préfèrent la télé.
Raymonde : Je peux parler ? Je m’excuse. Je n’ai pas beaucoup milité dans ma vie…le travail, trois enfants, un mari très occupé. Ce que je voudrais dire, c’est que si je suis venue , c’est pour faire quelque chose, pour agir. Je suppose que dans une grosse organisation comme la votre, il y a du travail. Il y a quelques années, j’avais essayé de militer a « Paix internationale » et chaque fois que j’offrais mes services, on me faisait comprendre que intel ou intel serait meilleur que moi. J’étais un peu en colère, alors j’ai arrêté. J’ai trop parlé…excusez-moi.
Julien : Bien sûr Madame…Nous avons besoin de toutes les énergies, même si pour certaines tâches, il vaut mieux utiliser des gens qui ont une certaine expérience ou qui sont un peu célèbres. A mon avis, ce ne sont pas les véritables raisons de la chute des effectifs. J’ai une approche politique, voire structurelle de cette crise. Les organes centraux ont trop de pouvoir.
Colette : C’est curieux, j’ai l’impression de toujours avoir assisté dans toutes les réunions à la base où je suis allée aux mêmes questionnements : où sont les autres ?, ces autres qui changeraient tout. On pourrait être cent ici, ça ne changerait rien. Je pense que Raymonde parle vrai. Nous sommes quelques uns à venir dans les réunions pour Faire, pour décider de ce qui nous parait important. En fait Nous ne pouvons qu’entériner des décisions prises ailleurs. Dans ces conditions, je ne vois que deux motivations pour venir dans des réunions de la base : soit s’ennuyer ferme dans la vie, soit se servir de la base pour monter plus haut…Et puis, il y a les idéalistes et les masos…
Annie : Je n’ai rien compris à ce que tu viens de dire. C’est du bla-bla. Dimanche à la distribution de tracts, on était deux ! Hier, j’ai vu personne à la manif pour les Tamouls. Il est là le problème.
Henri : Bon, moi, il faut que je rentre. On a fixé la date de la prochaine réunion ?
Les gens se lèvent.
Colette, Annie et Raymonde : Tout le monde s’en va mais il n’est même pas 22H30. Et puis on n’a rien décidé!

Troubles dans la communication 2 : Québlo dans le tromé

« Mesdames, Messieurs, la RATP s’excuse auprès de vous pour la gêne occasionnée. Nous avons repéré un colis suspect à Nation.Nos rames vont être ralenties. Nous comptons sur votre compréhension. »
 » Allo, merde, j’suis québlo dans le tromé…Les cons, T’es où ? »
« Mesdames et Messieurs, Nos rames vont bientôt circuler normalement. Merci pour votre patience. »
« Allo, j’sais pas ce qu y a… Personne dit rien. Non, mais j’te jure…j’sais pas quand je pourrai arriver avec ces abrutis.. »
« Mesdames, Messieurs, le colis suspect a été neutralisé. Nous vous invitons à nous signaler tout paquet suspect ou tous comportements étranges. Merci de votre compréhension. »
« Allo, il avance pas ce tromé. Tu m’attends…t’es où ? »

Troubles dans la communication: 1- Mal au zizi ? Allez chez le psy !

« Qu’est-ce qui vous arrive ? » assène la Dermatologue vulvaire de ce prestigieux Institut qui a pignon sur boulevard.
« C’est ma gynéco qui m’envoie…Ben, mon machin…enfin mon zizi me brûle,me pique, me gratouille, surtout quand je porte un pantalon. »
« Vous avez regardé à quoi ça ressemble ? »
« Ben, non, c’est pas mon truc. A vrai dire ça me dégoutte un peu! »
« Madame, c’est votre corps, votre vagin, votre vulve…Bon allongez-vous et détendez-vous. » »Mais ce n’est pas possible, je vous ai dit de vous détendre. »
« J’ai bien entendu mais c’est quelque chose que j’ai du mal à faire, depuis toujours, mais je me soigne… »
« Je vois, ce n’est rien, c’est nerveux. Je peux vous donner une crème mais c’est un cautère sur une jambe de bois! »
« Je suis désolée, mais vous savez dans l’ensemble, ça va, on vit et pas si mal. »
« Ce qu’il faudrait c’est une analyse. »
 » Ah oui, j’oubliais, j’ai apporté les analyses, les voici. »
« Mais non Madame, je ne parle pas de CES analyses; je parle de psychanalyse! »
 » Non, je n’en ai jamais fait et ce n’est pas à 75 ans que je vais commencer. En fait avec des hauts et des bas, j’ai toujours eu ça après l’épisiotomie lors de mon accouchement, il y a plus de quarante ans. »
« Je ne suis pas que dermatologue chère Madame. Votre nervosité est anormale. Voici l’adresse d’une très bonne psychanalyste à Boulogne. Allez madame, bon courage. »

La « parano »


J’entame un cycle de courtes nouvelles sur le thème des petits abus de pouvoir et du fil ténu qui les relie aux GRANDS abus de pouvoir ( Cf « Chroniques des petits abus de pouvoir » par Régine Dhoquois et Anne Zelensky, Ed L’Harmattan, 2010)


Isabelle a publié un roman, proche de l’auto-fiction, comme on dit maintenant avec un brin de mépris. Isabelle a passé la soixantaine et elle sait bien que des milliers de livres sont publiés chaque année et que le sien n’a rien d’extraordinaire.
Mais Isabelle sait qu’elle y a mis tout son coeur, sa sensibilité d’écorchée vive et chaque fois qu’elle en relit des passages, elle est émue.
Elle ne s’attend pas à des critiques dithyrambiques dans la presse , mais elle se prend à rêver qu’ au moins un journaliste se laissera séduire par son histoire et en parlera.
Bref Isabelle est comme tous les auteurs. Elle serait si heureuse d’avoir une petite reconnaissance.
Alors, elle dépense une fortune à l’envoyer un peu partout et ne reçoit aucune réponse.
Un jour elle déjeune avec des amies proches. Elle est passée chez l’éditeur en acheter trois exemplaires.
Elle propose à ses amies de leur donner mais, enthousiastes, celles-ci insistent pour l’acheter, à prix d’auteur.
Un an plus tard, à une fête d’anniversaire, elle rencontre Rosalie, l’une des trois.
Elle ne lui dit pas qu’elle attend depuis des mois un petit mot, une réaction, un avis peut-être.
Elle dit seulement : » Rosalie, as-tu-eu le temps de parcourir mon livre ? »
« Quel livre ma chérie ? » répond Rosalie puis  » Oh, excuse-moi je n’ai pas eu une seconde à moi! »
Isabelle sent les larmes lui monter aux yeux.
Rosalie s’exclame en riant : » C’est bien notre Isabelle ! toujours parano… »

Fin provisoire du cycle « Emotions ». Eloge de la modération.

Au cours de cet été qui s’achève, j’ai connu des émotions fortes face à la mer, aux couchers de soleil, au contact de l’eau, à la joliesse de certains enfants…J’ai connu aussi la peur et la colère face aux attentats terroristes, la fatigue face au racisme ambiant, la rage contre un gauchisme imbécile qui semble trouver sa voie dans le communautarisme, au détriment des valeurs républicaines et égalitaires notamment entre hommes et femmes.
Chacun a droit à ses émotions et à ses passions (fussent-elles dangereuses) à partir du moment où elles ne nuisent pas à autrui.Cette société qui nous abreuve d’interdictions de fumer, de boire, de consommer telle ou telle chose m’ennuie profondément. Je m’occupe de ma santé, de ma vie, de ma mort comme je l’entends.
Par contre, s’il s’agit de gouverner, un village, une ville, un pays ou de porter des jugements publics sur les Autres, les passions, les émotions ne sont plus de mise.
La négociation, y compris la négociation avec nous mêmes sur nos émotions, s’impose. Elle ne peut aboutir qu’à des compromis qui n’auront le plus souvent rien de passionnant.
La modération peut être ennuyeuse. Elle a le mérite de ne pas mettre en danger la vie humaine, cette petite vie quotidienne banale que des millions d’individus dans des pays pauvres ou en guerre ne connaitront peut-être jamais.
Je termine donc ce cycle sur un éloge de la banalité, de ma propre banalité, de notre banalité d’êtres humains.
Heureusement, il y a la fiction qui peut nous permettre de vivre par procuration la passion, les excès, le crime…

Vive l’esprit olympique !

Extrait de la Charte de l’Olympisme : « Le but de l’Olympisme est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l »homme en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine »

C’était un spectacle fort agréable que ces JO à Rio, avec bien sûr, à la télévision, son lot de commentaires hystero-chauvins. Nous avons tout appris sur « le beaucoup d’émotion » des athlètes français, presque rien sur ce magnifique perchiste brésilien qui a eu le culot de détrôner notre héros national Renaud Lavillenie.
Mais France 2 nous a réservé (sans le vouloir) un intéressant moment de journalisme: cela s’est passé pendant l’épreuve du 50km marche. Notre champion français Yohann Diniz titube, tombe, saigne, s’arrête, repart. Le commentateur s’émeut, en appelle aux autorités olympiques pour arrêter sa course folle et demande à Nelson Montfort de trouver un responsable du staff français. Habituellement, nous voyons les chefs, mais dans l’urgence, le journaliste n’a déniché qu’un obscur bureaucrate grisâtre et grisé par cette célébrité inattendue. Face à la description du martyre de notre champion, il déclare en souriant : »Tout se passe bien, tout est sous contrôle, les médecins du staff suivent la course. Yohann Diniz est toujours en marche. C’est l’olympisme, le sport, la compétition, en un mot RAS. »Fin de l’interview. Disparition du bureaucrate. The show must go on.
Comme le dira plus tard Yohan Diniz : » Si l’athlète était au coeur des JO, ça se saurait! » (L’Equipe du 20/08/2016)

Je rejoins entièrement Jacques Attali qui dans l’Express, dénonce le triomphe de la hiérarchie- que l’on estime cependant nuisible dans l’éducation-, la fascination pour les seuls vainqueurs dans toutes les dimensions de notre monde et en particulier-en dehors du sport- dans la compétition économique. Le risque-ajoute-t-il- c’est de condamner l’essentiel de l’humanité à la frustration et à la rage.

L’émotion olympique peut être très belle. elle peut être répugnante.