Facebook ne veut pas de moi : Les réseaux sociaux et la démocratie

Pour diverses raisons, j’avais décidé d’ouvrir un compte Facebook.

Je m’inscris, trouve un mot de passe et commence à chercher des « amis » , comme ils disent.

C’est alors qu’apparait sur l’écran brutalement l’annonce suivante : « Votre compte a été désactivé. Vous ne pouvez pas utiliser Facebook car votre compte n’a pas respecté les standards de la communauté »

Je clique sur « contester ». Aucune réponse

Quelques jours plus tard, j’essaye de me reconnecter et je trouve la même phrase assortie d’une autre : « Nous avons déjà examiné cette décision et elle ne peut pas être annulée. »

J’erre de page en page pour essayer de trouver une sorte de contact humain qui m’explique pourquoi je suis ainsi exclue alors même que je n’ai rien écrit. IMPOSSIBLE

La justice a beau dysfonctionner trop souvent, elle existe : on peut porter plainte, aller devant un juge, faire appel, rencontrer des êtres humains…

Dans le cas de Facebook, me voila punie pour un motif que j’ignore.

C’est peut être un bienfait de ne pas être sur ce réseau social mais on a beau dire, être exclue pour une raison inconnue, c’est très désagréable.

Alors je lance un appel : Y-a-t-il de nombreux cas de ce genre ? Que faire ?

Je connaissais la méchanceté et la connerie sur Twitter. Je connais maintenant une forme de dictature sur Facebook

Ce monde est décidément merveilleux.

« Sous le ciel de Paris. Le petit monde du Pletzl » de K. Benech (Ed Fabert)

J’ai beaucoup aimé ce livre, malheureusement passé presque inaperçu.

K. Benek est né en 1905 à Lodz en Pologne. Réfugié à Paris après la guerre, il travaille et passe son temps libre à écrire en yiddish.

Dans ce livre paru en 1957 et traduit en français en 2020 par Serge-Alain Rozenblum, il met en scène dans des nouvelles, le petit monde juif de Paris.

Son écriture est simple, lumineuse et surtout pleine de tendresse pour ces gens du Pletzl, ballottés de pays en pays, survivants mais capables de rire.

Il réussit à transmettre l’atmosphère d’un quartier juif et populaire, avec tendresse et humour.

C’est la petite histoire dans la grande qu’il nous raconte.

Maternité (Jacqueline Feldman)

On élève ses enfants, le mieux qu’on peut. On guide avec quel bonheur, leurs premiers pas hésitants. On leur apprend tant bien que mal, la vie, la société, autant qu’on en sait soi-même, ce qui se révèle, en définitive, bien peu : la société change si vite.

Puis, c’est la maturité, ils volent de leurs propres ailes, ils expérimentent, ils essaient, ils se trompent, ils apprennent, on ne peut plus grand-chose pour eux. Leur génération s’estime en avance sur la nôtre, nous sommes mises à l’écart, des potiches que la morale leur demande de respecter, sinon d’aimer (l’amour se commande mal).

Et puis, les voila frappés à leur tour par l’aile de la vieillesse. Désarçonnés soudain dans leurs désirs, freinés dans leur élans, comme nous l’avons nous-mêmes été, il y a quelques temps, ils prennent conscience du temps qui coule, et avec conscience des générations, de l’avant, de l’après, de la mort, de l’oubli.

Et les voilà qui nous reviennent un peu, puisque ce drame inévitable qui leur tombe dessus, nous l’avons déjà connu et pouvons peut-être, à nouveau, les guider. Nos cheveux blancs retrouvent la fonction de maternité.

De Quoi vaut-il mieux mourir ? (par Jacqueline feldman)

C., 95 ans me téléphone, elle a vu son cardiologue, qui n’est pas d’accord avec son généraliste, gériatre. Elle a une tension trop basse, elle ne doit pas prendre de diurétiques à midi, elle ne doit pas boire plus d’un litre d’eau par jour.

Il lui a demandé :

– Qui voulez-vous suivre ? votre cardiologue ou votre généraliste ?

Elle a répondu, bien sûr, mon cardiologue.

Mais elle est très embêtée.

Il a écrit une lettre au généraliste-le très sympathique Dr M. aux cheveux longs et à la moto qui se déplace à domicile et sait écouter ses patients, et que j’aimerais bien avoir comme médecin traitant, mais il ne prend plus de patients.- Une lettre dans une enveloppe fermée.

J’essaie d’imaginer ce que pourrait être une discussion entre les deux médecins :

– Cher collègue, décidons ensemble de quoi cette vieille dame fort sympathique et courageuse devrait mourir : mort subite, IVC  épouvantable, continuation de la détérioration générale lente, avec chaque fois un nouveau problème à traiter…

Je ne suis pas médecin. Mais voila le type de discussion que j’aimerais voir devenir publique. Il en va de la philosophie de la  vie, de la maladie , de la mort, qui nous concerne tous. Ces problèmes sont à discuter ensemble, médecins et patients.

(Jacqueline Feldman est co-autrice avec moi du livre : Ma vie en vieille et le droit d’en choisir la fin – Paris 2022, Les Impliqués)

Notre corps nous appartient : A propos de l’IVV (interruption volontaire de vie)

La convention citoyenne sur la fin de vie doit se réunir dans le mois qui vient jusqu’en mars 2023. Il faut d’abord que le tirage au sort puisse avoir lieu dans de bonnes conditions

Depuis l’annonce de cette décision de légiférer sur la fin de vie en 2023 et malgré la légère évolution du Comité consultatif national  d’éthique sur cette question, la totalité des responsables religieux ont pris position contre.Il en est de même pour les partisans des soins palliatifs, même si les deux « méthodes » peuvent parfaitement coexister.

Mais je souhaite ici insister sur un article paru dans Le Monde du 27 septembre 2022, du Docteur Didier Dreyfuss, ancien chef du service de réanimation à l’APHP.

Je cite : « Concernant l’euthanasie, ne pourrait-on s’inspirer de la façon dont peut se dérouler le suicide assisté en Suisse ? Le patient ouvre lui même la perfusion létale qui lui a été posée de façon médicale. Ne peut-on imaginer un déroulement comparable au cas ou l’état du patient ne lui permettrait pas d’accomplir lui même ce geste ? Rien ne s’oppose sur le plan technique, à ce que l’injection puisse être déclenchée par un non soignant ayant reçu l’information adéquate.(Rappelons que dans la plupart des cas, il ne s’agit pas d’une injection mais de la prise d’une pilule, RD)

Le geste de provoquer la mort par l’ouverture de la perfusion implique une lourde charge émotionnelle. Le médecin est-il le seul à devoir, à pouvoir l’assumer ?

… Qu’est-ce qui s’opposerait à ce qu’à la demande du malade, ce geste de solidarité et d’amour, soit effectué par un proche, un parent, un militant..

Cette interrogation questionne la fonction symbolique attribuée au médecin. »

Cette réflexion me parait tout à fait pertinente. Espérons qu’elle fera partie des débats de la Convention citoyenne. Le modèle suisse me parait en effet être celui qui correspond le plus à la liberté ultime que nous sommes nombreux à demander : la possibilité d’interrompre notre vie, sans violence, le jour où cette vie sera devenue insupportable. Pourquoi le demander à un médecin si nous disposons du médicament ad hoc ?

On oublie trop souvent que tous ceux qui le souhaitent peuvent se suicider. La seule question est alors l’accès à un suicide non violent décidé et accompli par le patient ou par un proche si celui-ci n’est plus en mesure de le faire mais l’a demandé expressément dans ses Directives anticipées.

A suivre …

Soutien aux femmes iraniennes : Notre corps nous appartient

manifestation du 2 octobre 2022

Une manifestation est organisée par Femmes solidaires  en soutien aux femmes iraniennes le dimanche 2 Octobre 2022 à 15h place de la République à Paris

Un premier rassemblement avait été organisé devant l’ambassade d’Iran tout au début des manifestations en Iran.

Depuis l’accès à l’ambassade d’Iran est interdit.

On entend peu les organisations féministes intersectionnelles sur ce massacre qui se déroule au 21ième siècle pour protester contre la mort d’une jeune femme parce qu’une mèche dépassait de son foulard.

Ce matin même sur France Inter une boxeuse iranienne, vivant en France condamnait les manifestations en Iran sous prétexte qu’elles ne présentaient pas d’alternative politique!!!

Les mêmes qui se permettent de dénoncer publiquement les soi disant violences  de certains hommes politiques contre des femmes, sans aucune preuve, ne semblent pas concernées par les plus de 80 personnes déjà mortes pour avoir osé protester contre l’obligation de porter un foulard.

Décidément l’intersectionnalité , la cancel culture, l’opposition à la laïcité  etc…notamment de la part de féministes américaines ,apparaissent comme portant atteinte à  notre slogan féministe toujours d’actualité : Notre corps nous appartient.

Deux pas en avant ….douze pas en arrière

Je me souviens du Comité pour la défense de Salman Rushdie en 1989

Nous étions deux amies, Annie Prassoloff et moi même et nous avions décidé de faire vivre l’interdisciplinarité à l’Université de Paris/Jussieu en inventant un cours qui s’intitulait Droit et Littérature. Ce cours enseigné essentiellement à des étudiants en Littérature fut pour nous un cadeau pendant plus de dix ans, jusqu’à la disparition brutale d’Annie en 1999.

C’est Annie qui eut l’idée de créer ce Comité dès la parution de la fatwa.

Nous avions réuni plusieurs centaines de signatures de gens (qui se pensaient)illustres et nous avions demandé à la Présidence de Paris 7 de nommer Salman Rushdie Docteur Honoris causa de l’Université, ce qui fut refusé pour d’obscures raisons.

Je me souviens de nos interminables conversations téléphoniques avec les éventuels signataires, pas toujours enthousiastes, disant parfois :  » Je suis d’accord avec vous…mais l’Iran est un grand pays »

Je me souviens des réunions dans mon petit bureau de Jussieu avec Evelyne Pisier (paix à son âme) s’inquiétant de notre obstination (?) a avoir la signature de Bernard Kouchner ? Les réunions militantes sont parfois très décevantes!

33 ans plus tard, un fou a accompli la fatwa.

Comment ne pas être désespéré par la connerie humaine ?

Salman, j’espère que tu survivras et que tu conserveras ton talent et ton merveilleux sens de l’humour.

Ce qu’un chat tout roux peut révéler du racisme !

J’ai récemment fait l’acquisition d’un chaton roux dans un petit village du fin fond de la Seine et Marne. Mon vieux compagnon, le Meshugue atteint par la limite d’âge m’ayant abandonné.

Le petit chat et moi vivions une vie de couple presque parfaite .

Il y a quelques jours, en le regardant s’agiter, j’ai été approchée par une sorte de rejet de ce petit animal adorable. A plusieurs reprises je me suis surprise à le regarder avec une sorte d’indifférence .

Après une introspection sérieuse de mon inconscient, je crois avoir compris pourquoi : la couleur rousse évoque pour moi les bretons, les Français de souche.

Ou va se cacher la bêtise humaine non genrée ? Au fond de moi même, je rejetais ce délicieux animal parce qu’il était trop conforme, pas assez juif, pas assez étranger.

J’ai eu envie de le raconter parce que c’est l’apparition chez une personne politiquement correcte sous tous rapports, du pire des racismes.

Excuses moi Toutroux. Tu es magnifique et je peux être aussi méchamment stupide que le membre le plus borné du RN

Qu’on se le dise

« La dernière fois que j’ai nagé, je me suis noyée »

C’est une citation mais j’ai oublié le nom de son auteur(e).

Elle correspond exactement à ce que je ressens devant les mer depuis quelques années, dès qu’elle n’est pas calme et plate : une peur panique

Encore une contradiction : je ne veux pas vivre vieille et j’ai peur des vagues.

Si je franchis ces petites vagues, je parviens à une zone moins agitée ou il y a encore quelques mois, je pouvais nager, bercée par la mer.

Et bien c’est fini .J’écoute avec jalousie Chantal Thomas parler de sa passion pour la nage. C’est à la mode et c’est très beau.

Et me voila, tremblante, hésitante, terrorisée , les pieds dans l’eau exceptionnellement chaude de la Manche, imaginant mon corps de vieille dame emporté par la mer rugissante.

A côté de moi des jeunes enfants se ruent dans les vagues en hurlant de joie. Pour eux c’est un jeu, pour moi c’est un obstacle à ma liberté.

Mais je n’ai pas dit mon dernier mot : vieillir c’est aussi lutter contre la panique constante

Il parait qu’il ne faut pas se complaire dans la vieillesse. Je suis d’accord mais comment fait-on ?

« Ma vie en vieille et le droit d’en choisir la fin »

Avec mon amie Jacqueline Feldman, nous venons de publier ce livre aux Editions : »Les Impliqués ».

Ce livre raconte quelques unes de nos expériences de vie, en tant que « vieilles », et quelques attitudes devant la mort (Georges Sand, Paul Lafargue…).Comme tant d’autres nous nous sommes soudain découvertes hors société, infantilisées. On parle de nous à notre place, on décide ce qui est censé être le mieux pour nous. On nous explique comment « rester jeune » ou comment « bien vieillir ».

Les divers récits qui forment ce livre, parfois contradictoires-impressions de libertés nouvelles, vulnérabilités, petits ou grands arrangements…-et dont l’humour n’est pas exclu, nous permettent de réintégrer les réalités de notre condition, comme une sorte de droit à l’existence, comme un besoin d’apprivoiser ces dernières étapes de vie.

La mort, ultime étape, il est encore plus malséant d’en parler. La mort n’est ni triste, ni gaie : elle EST

Nous nous sommes connues dans l’effervescence des révoltes féministes des années 70, nous clamions dans les rues :Notre corps nous appartient. Nous n’avons pas changé d’avis : nous voulons pouvoir choisir le moment et les conditions de notre mort.

(commande@harmattan.fr au prix de 25,50 euros (3 rue de l’Ecole polytechnique, 75005, Paris)