J’ai toujours peur d’être ridicule. Il faut dire que je ne suis pas aidé par ma vision du monde qui me donne tort a priori, mais qui m’autorise à tout vérifier a posteriori. J’ai l’impression que le ridicule me suit comme mon ombre. Je me retourne, il n’y a personne, le plus souvent il n’y a personne.
Les ridicules sont légion. Il y en a de toutes les sortes, fondés sur la présomption. Ma présomption de culpabilité ne m’empêche pas d’être présomptueux par nécessité pour m’offrir au monde qui me refuserait si je n’étais que modestie.
Cette première forme de ridicule est subjective, voire névrotique. Les ridicules sont légion. Il en est donc des minuscules qui se voudraient objectifs. Deux m’ont frappé il y a quelque temps déjà : Il a été de bon ton dans certains milieux de nier le concept de révolution industrielle ou de traiter Venise de ville morte. Il s’agissait bien de mode parce que les personnes concernées ne se connaissaient pas.
Une mode récente consiste à parler de gentE féminine, barbarisme qui ignore la gent trotte-menu de La Fontaine aussi bien que le fait qu’on peut traiter certaine personne de « gente » dame.