Les chiffres-clés des civilisations ?

Les Sémites ont fini par être hantés par le Un, unité transcendante, métaphysique de l’Univers. D’où le judaïsme, resté religion communautaire, et l’islam, religion universelle.
Grâce au juif Saül de Tarse, devenu Saint Paul, le culte du dieu unique a pénétré le monde euro-européen, mais il s’est transformé. Il a fini par devenir celui du Un en Trois par l’intermédiaire de la Sainte Trinité, le Père, le Fils et l’Esprit Saint.
Nous savons, depuis les travaux de Georges Dumézil, que les Indo-Européens voient le monde en Trois.
Protagoras, l’esprit critique ami de Périclès, que beaucoup ont mis au rang des sceptiques ou plutôt des sophistes, jugeait que toute chose pouvait se réduire à deux opinions. Que faire d’un troisième terme ?
L’Esprit Saint, qu’on nomme familièrement le Saint-Esprit, assure la continuation et la continuité de l’oeuvre divine une fois que les actes fondateurs ont été posés.
Mieux encore que la continuité, le Chiffre Trois exprime la fécondité, un et deux à eux-seuls étant stériles.
Peut-il symboliser autre chose et plus encore ? Bien sûr. Quand on réduit un phénomène à deux de ses aspects, quelle que soit leur importance, on sait qu’il en est d’autres.
Le ou les troisièmes aspects, ignorés, peut-être mystérieux, sont un excitant pour l’esprit et la source de grandes découvertes.
Nous disposions du système de Ptolémée, puis de celui de Newton. La découverte de la radioactivité par Becquerel a rendu possible le système d’Einstein. il en viendra probablement un quatrième.
La Chine n’est pas dans cette guerre des chiffres. Elle est plus observatrice et historienne que mathématicienne. C’est ainsi que les Chinois nous ont laissé des tables astronomiques sur plusieurs millénaires. Rien de tel en Occident. Par contre les Européens ont inventé, après Euclide, Newton, c’est-à-dire un ordre géométrique de l’univers.
Les Chinois ont accès à tous les chiffres suivant l’ordre de leurs préoccupations. Je voudrais cependant attirer l’attention sue le chiffre Cinq qui est déjà celui d’une complexité ordonnée.
Les Chinois classiques ont ajouté un cinquième élément aux quatre tenus par nous pour traditionnels : le métal, et une cinquième saveur, après le salé, le sucré, l’amer, le doux : le fade.
Un mot encore sur la complexité chinoise : il est vain d’opposer radicalement ses différentes écoles. La Chine est la terre du syncrétisme historique. Confucius et son école ont apporté leur touche au Yi king et ont interprété le Tao tö-king, livre sacré des taoïstes.