Par petits groupes nous errions dans la savane. Notre taille se redressait peu à peu, nos mains étaient de plus en plus adroites, nous apprenions à fabriquer des outils…Notre langage se perfectionnait, de vagues inquiétudes apparaissaient sur la mort, le sens de la vie au delà des simples apparences…
Nous étions des chasseurs et des cueilleurs… Peu à peu les femmes se spécialisaient dans la cueillette, moins fortes sur le plan musculaire, entravées par leurs grossesses, les enfantements, l’allaitement.. Il leur arrivait de chanter et de danser en cueillant…
Les femmes sont de fines observatrices. Elles apprirent à sarcler pour éliminer les mauvaises herbes, elles repérèrent les bonnes semences… L’agriculture était née.
A force d’observation nous avons appris à domestiquer le feu
Nous avions quitté la savane africaine. Nous errions dans les steppes du nord-ouest, attrapant une belle couleur blanche, nous errions dans les steppes du nord-est, attrapant une belle couleur dite jaune, en fait cuivrée…
Après la dernière glaciation, dans le croissant fertile du Proche-Orient, les femmes mirent la dernière main à l’agriculture. Nous étions désormais plus nombreux, plus sédentaires, nos croyances s’affirmaient sur le royaume des morts, les puissances élémentaires, la religion aussi était née. Les hommes transformaient leur puissance de chasseurs en pouvoir de guerriers, l’Etat était né accompagné de son armée, légitimé par des rites religieux…
Réduites à la sphère domestique dont elles devinrent les maîtresses, les femmes gardèrent le prestige de leur fécondité. Les hommes, grâce à leur travail de paysans et d’artisans, gardèrent leur humanité menée par leur spécialisation secondaire dans le pouvoir.