Hétéro Clite est un idiot

Hétéro est censé être la partie consciente de mon subconscient. C’est déjà bizarre. Mais en plus il me vanne. Comme si ce n’était pas suffisant, il m’impose ce qu’il appelle ses proverbes. Le dernier à date : « Honni soit qui bien y pense ». J’ai envie de le baffer. Parfois, rarement, il flirte avec le non-sens. Par exemple : « Je me couche avec les poulpes, je me lève avec les poux ». Comme je lui fais remarquer que cela ne veut rien dire, il me répond que je suis un crétin, qui ne comprend rien à rien. Aujourd’hui il me répète à satiété : « Sans blague, tu blogues ? ». Excédé, je vais prendre un café au bistro d’à côté. Il me rejoint et me glisse un papier. Je lis : « Je suis pas sûr, je suis sur ». Je ne vous l’avais pas dit, Hétéro est un lettré. Il fait même des plaisanteries en latin. Exemple : « Bis repetita non placent ». Et il rit, et il rigole. Je vous traduis : « Les choses répétées deux fois ne plaisent pas », alors que l’adage latin originel dit que les choses répétées deux fois plaisent ! Hétéro, lui, il se répète cent fois, mille fois ! C’est l’esprit de répétition incarné. Je rentre chez moi. Hétéro me suit comme mon ombre. Il me susurre : « Tu es ce que tu manges ». Cette fois j’en ai marre. Je réussis à lui claquer la porte au nez. Je l’entends s’exclamer en éternuant : « Tous les fleuves vont à la mer… parce que la définition des fleuves est… : « Cours d’eau qui se jettent dans la mer ».