Quand cinquante hivers* assiègeront ton front
Creusant de profondes tranchées dans le champ de ta beauté
Ta livrée de jeunesse jusqu’à présent admirée
Ne sera plus qu’une loque peu prisée
On te demandera où git ta beauté ?
Où est le trésor de tes jours glorieux ?
Peut-on dire que, dans tes yeux caves,
Rodent une honte dévorante et une louange vaine ?
Combien plus de compliments mériterait ton usage de la beauté
Si tu pouvais répondre : « Mon enfant si charmant
Devrait régler mon compte et présenter l’excuse pour mon vieillissement »
En prouvant que sa beauté est par héritage la tienne
Ce serait rajeunir quand tu vieilliras
Et réchauffer ton sang quand tu le sentiras froid
* Quarante dans le texte original