APC 87

Un perroquet vient du sud
Plumage vert et noir col rouge
Oreille fine langue habile
Il connaît le parler des oiseaux et des hommes

Tantôt c’est le milan aux longues serres
Tantôt le corbeau au bon bec
Le milan s’abat sur une couvée
le corbeau s’en prend à une poule
L’un prend les oeufs l’autre les poussins
Il y a aussi les vautours et les aigles

Gentil perroquet devant les phénix
Jamais la moindre remontrance
A quoi servent dans ces circonstances
Tes cris et tes paroles creuses !

*

Ne parlons pas ! Ne parlons plus !
Aimons-nous en cachette ! Quittons-nous en secret !
La cage assombrie cache un oiseau solitaire
On tranche les branches enlacées
L’eau trouble du fleuve bientôt sera claire
Le corbeau sera blanc
Il faut des adieux secrets et des départs furtifs
Pour qu’on se résigne à ne plus se voir toi et moi

*

Nous mouillons de nuit à l’île des perroquets bleus
Le fleuve et la lune sont purs pendant l’automne
A bord d’un bateau un air d’une tristesse extrême
Il fut suivi de pleurs tantôt clairs tantôt étranglés
Grâce au bruit j’aperçus la chanteuse à la pâleur de neige
Son dos s’appuyait contre un mât Jeune beauté
Ses larmes semblaient des perles de nuit
Les yeux baissés elle ne dit rien