APC 105

S’il te reste un peu d’argent
Achète du vin
Empêche-toi d’acheter un champ
C’est un appas pour le fisc
Si effrayant qu’il fait peur aux pins !

*

J’étais jadis épris de sites grandioses
Aujourd’hui j’aime une humble retraite
Devant ma porte le ruisseau se réduit à un cheveu
Qui vaut bien les cinq lacs

*

Le lac est comme un plat rempli de vif-argent
L’arc-en-ciel soudain vient s’y mirer
Immense roue de toutes couleurs
Ma barque la traverse en son milieu
La lumière traverse mon âme
Je quitte le sanctuaire j’arrive à la crique
Où suis-je donc ?
Des dizaines de criques
Des roseaux bleutés à perte de vue
La lune comme un flambeau
Pas un habitant
j’ai passé la nuit dans les roseaux en fleurs

*

La verdure s’étend autour des blancs torrents
Les coucous chantent la pluie comme une fumée
Peu de villageois sont oisifs
Après les soins aux mûriers et aux vers à soie
il faut repiquer le riz dans les champs

*

Je suis oisif Peu me chaut de m’en retourner
Mon goût grandit jour après jour pour la vie champêtre
Aucun agent ne m’apporte un rapport
Tel un immortel vagabond je cultive la poésie
Ma coupe est plus brillante que le croissant de lune
Je bois à la source en bas du rocher
Avec un ami qui connait ma pensée
Je confie à la brise un air léger de cithare