La poussière et parfumée
Je suis trop lasse pour peigner mes cheveux
L’homme n’est plus Mon entreprise est vaine
Mes larmes devancent mes paroles
Je songe à prendre ma barque légère
Je crains que ce frêle esquif
Ne supporte pas le poids de ma peine
Durant des années je ne quittais pas mon miroir de jade
Le fard et les grains de beauté maintenant m’ennuient
Je tremble de recevoir ses lettres
Nous sommes séparés Je sors rarement boire du vin
Mes larmes s’épuisent dans l’automne
Mes pensées se perdent dans des nuages
Les confins du ciel sont plus proches que l’aimé
L’encens se refroidit dans le brûle-parfums
Le désordre rouge du lit m’évoque la mer
Je néglige mes cheveux Je n’ouvre pas le coffret à toilette
Je n’ouvre pas les rideaux
Je demeure atterrée par la séparation par l’éloignement amers
Je reste muette Je suis toute amaigrie
Ni la maladie ni la boisson ni rien d’autre n’en sont la cause
Tout est fini ! Il est parti
Mes journées sont sans fin Mon regard reste au loin
Là-bas se cache pour moi un surcroît de chagrin