Surprise ! Voilà que m’apparait pendant mon sommeil
Celui qui s’est noyé
Pour le voir il faut bien que je rêve
Vous daignez m’apparaître, soyez-en remercié
Néanmoins vous n’avez pas attendu
Le terme naturel de la vie
Vous vous êtes noyé m’abandonnant
Vos serments de jadis étaient donc des mensonges
Aussi n’ai-je pour vous que de la haine !
Tous les dieux nous abandonnent
L’esprit est en déroute
Le courage abattu la force évanouie la volonté brisée
C’est ainsi qu’ils accompagnent la majesté déchue
Spectacle pitoyable….
Prenant une barque je m’éloignai de la rive sans but
Rempli d’une grande tristesse
Les vicissitudes du monde sont rêve après rêve
Ainsi que les fleurs du printemps et les feuilles de l’automne
Se sont dispersées et flottent sur la mer
La barque solitaire est poussée vers le large
Par le vent d’automne soufflant du rivage des saules
Comme par l’ennemi vainqueur
Ce rassemblement de hérons dans les pins
N’est-ce pas plutôt les innombrables étendards ennemis
Qui ondulent au vent ?
Mon courage m’abandonne O misère !
Il est sûr qu’un corps éphémère doit disparaître comme la rosée
Figure passagère emportée par les vagues comme une herbe flottante
Ou dérivant à l’aventure dans une barque
Pour ne plus souffrir d’une détresse au nom inconnu
Je décide d’en finir en me jetant à la mer….
Je sortis de ma ceinture une flute, monté sur l’avant
Je jouai un air pur je chantai….
Passé et avenir m’apparurent
Tôt ou tard il faut en finir sous la vague légère
Le passé ne revient pas Le temps ne s’arrête pas Ma volonté est brisée
Je ne veux voir dans la vie qu’un voyage
Qui ne doit pas laisser de regret
Les uns prétendent qu’aux yeux du monde j’aurai été un dément
Les autres restent indifférents
Je regarde la lune qui descend vers l’ouest….
Je me jette dans le flot qui se retire
Tristesse ! Mon corps misérable s’enfonce parmi les épaves du fond de mer