PCA 116

Les fleurs écarlates pâlissent
Les abricots sont encore verts
Les hirondelles effleurent de leurs ailes
Les eaux émeraude contournent la belle demeure
Les bouffées de vent emportent les chatons des saules
Les herbes douces couvrent la terre

Une balançoire bouge encore derrière le muret
Devant, sur le chemin, on entend le rire clair d’une belle
Il faiblit peu à peu et s’éteint
Un coeur aimant souffre d’un coeur indifférent

Les platanes sont effeuillés par la mince faucille de la lune
La clepsydre s’arrête, les voix s’assourdissent
Personne ne voit le reclus solitaire marcher de long en large
Dans la brume épaisse un cygne sauvage effrayé indécis tourne la tête
Accablé d’un chagrin que nul ne connaît
Il ne se pose pas sur les branches nues
Il reste seul sur le sable glacé de l’îlot vide

Que signifie notre vie sur terre ?
Un passage d’oies sauvages !
Elles se posent sur la neige
Laissant des traces de leurs pattes palmées
Puis s’envolent

Le vieux moine n’est plus
N’en reste qu’une pierre funéraire
Le temps a effacé les poèmes que nous avions peints
Sur les murs délabrés de la hutte
Te rappelles-tu les épreuves pour parvenir jusqu’ici ?
La route paraissait sans fin
Nous étions épuisés tous les deux
Et mon âne boiteux qui ne cessait de braire !