Hommage à Clément Marot ( 4 )

J’avais un valet de Gascogne
Gourmand ivrogne et menteur assuré
Pipeur larron jureur blasphémateur
Sentant le gibet cent lieues à la ronde
Au demeurant le meilleur fils du monde
Ce vénérable enfant de Gascogne
J’en parle à titre posthume
Sachant que j’avais caché quelque argent
Se leva plus tôt que de coutume
S’empara de ma bourse
Je n’en ai plus jamais entendu parler
Le vilain ne voulant partir avec si peu
Me happe casaque bonnet chausses
Pourpoint et cape mes plus beaux habits
Dont aussitôt il se vêtit
Vous l’eussiez pris en plein jour pour son maître
Il va droit à l’étable où deux chevaux il trouve
Il laisse le pire et monte sur le meilleur
Pique et s’en va Au sortir de chez moi
Il n’oublia rien sauf de me dire adieu
J’ai le sentiment que je ne le reverrai jamais