Civilisations

Au XVIII° siècle le terme civilisation désignait le fait d’être civilisé. Ce n’est qu’au XX° siècle que la diversité des civilisations humaines a été pleinement reconnue, par exemple par l’Anglais Arnold Toynbee. La civilisation n’est qu’un concept complexe, approximatif, abstrait d’une réalité plus ou moins connue. Aucun conflit matériel n’est possible entre de tels concepts. L’hydrogène ne se bat pas contre l’oxygène ni même le baroque contre le classicisme, ce qui n’empêche pas les débats d’idées. Il n’y a donc pas de telle chose comme un conflit de civilisations, notion à la mode en ce moment, notion dangereuse parce qu’elle signifie la guerre.
On peut toujours dire de quelqu’un qu’il est cultivé, qu’il a de la culture. Par contre, dans une évolution analogue à « civilisation », le mot « culture » désigne depuis quelque temps, grâce aux ethnologues, l’ensemble des caractéristiques matérielles et réelles qu’on attribue à une population donnée à un moment de son histoire. Là on imagine bien que les conflits sont nombreux, à des niveaux différents. Par exemple l’autre devient un mangeur de choses immondes.
Le conflit de civilisations serait une guerre inexpiable entre essences différentes au point d’en être opposées, par exemple entre l’Occident et l’Islam, en oubliant par exemple que l’Islam est une religion occidentale, monothéiste, héritière du judaïsme.
Le conflit de cultures est une opposition conjoncturelle d’existences, de moeurs et de manières, appelée à évoluer, parfois rapidement. C’est ainsi que le plat national des Français est sans doute devenu le couscous.
N.B. : Je n’ai fait aucune allusion au large concept allemand de « Kultur ».