Ce petit conte provient à la fois d’une histoire récemment racontée par Régine dans son blog et de mon aventure personnelle :
Une quantité énorme de gens a vécu une expérience analogue à celle que je m’en vais vous raconter, y compris mon épouse Régine qui m’accuse déjà de plagiat.
Il y a longtemps, je monte dans un autobus de la ligne 86. Il est plein. Il n’est pas bondé. La conductrice se lève et hurle : « Serrez-vous derrière, mesdames, messieurs, serrez derrière ». La R.A.T.P., la régie autonome des transports parisiens, nous a offert de magnifiques chauffeuses d’autobus.
Je m’efforce d’être un bon citoyen. Je me faufile donc pour atteindre le fond du véhicule. J’arrive au centre. Devant moi un petit homme grisâtre, vêtu de marron, la tête ronde, les cheveux plats, me regarde horrifié. Pourquoi ? Je ne sais pas.
Je passe l’obstacle du petit homme entre deux âges. Le fond de l’autobus est complètement vide à part les places assises. Personne n’en connait la raison. Ce que j’ai fait tout le monde peut le faire. C’est d’habitude ce qui m’arrive.
Deux arrêts plus loin le refrain de la conductrice recommence mais modifié : » Allez au fond, mesdames, messieurs, allez au fond ». Une dame de l’arrière se lève, laisse sa place pour descendre du bus. Le petit homme s’assied avec un air de triomphe que j’ai rarement vu. C’était donc ça le problème. Il avait vu en moi son rival direct, un véritable monstre.