Héros, sages, saints

Une société en paix avec elle-même et les autres n’a pas besoin de héros, même pas de sage, encore moins de saint.
Une société en guerre avec elle-même ou ( et ) les autres aura à coup sûr des héros, comme des personnages d’épopée sortant de la mêlée, de l’ordinaire, même valeureux.
Il arrive que des personnes poussent au plus haut niveau les qualités, les valeurs, intellectuelles et spirituelles, dont une société estime avoir besoin. Ils seront alors des sages ou, à défaut, des amoureux de la sagesse. Une société heureuse et pacifiée serait faite de tels sages. Il est difficile d’être sage dans un état de guerre qui attise les contradictions internes.
Le saint survient dans certaines religions qui recherchent une exigence transcendante de perfection ou d’héroïsme sacré, de martyre. Voir le christianisme, le bouddhisme…, chaque religion avec ses spécifités.
Ces cas exceptionnels surgissent quand ils veulent, QUAND ILS PEUVENT.
La morale publique nécessite de bons citoyens ordinaires, avec leurs défauts. Elle a besoin en particulier, à l’avenir, ( sans compter les derniers paysans, les politiques, les travailleurs à domicile,…) d’un côté de scientifiques et de techniciens, de l’autre d’artistes, y compris des artisans.
De ce point de vue la morale ordinaire ne comprend toujours pas l’extraordinaire, symbolisé par le concept de génie. Là encore le génie surgit seul même s’il appartient à un mouvement, à une école.
Pour qu’il y ait des exceptions, encore faut-il qu’il y ait des règles. Le fondamental, c’est les règles.
Le fondamental c’est le normal, le banal, l’ordinaire.
Il est heureux que des héros, des sages, des saints montrent la voie à suivre ou l’une des voies. Plus on va vers la sainteté, plus les exigences spirituelles, au delà de l’intellectuel, du raisonnable, voire du rationnel, l’emportent.
L’amusant dans cette vaste histoire, c’est qu’on l’écrit le plus souvent à partir des sommets, des cimes, donc des exceptions, des cas extraordinaires. Comme si on décrivait l’Himalaya uniquement à partir de l’Everest en ignorant le concept, la réalité de la chaine de montagnes. Sans être à proprement fausse, cette vision est faussée. Elle s’impose souvent faute de sources.
Les mythes du héros ( De Gaulle ), du sage ( Socrate ), du saint ( Sainte Thérèse d’Avila ) ont le mérite de nous rappeler l’importance essentielle de l’individu, de la personne dans l’Histoire.
Il n’est pas mauvais d’introduire dans l’extraordinaire un peu d’ordinaire. Ces grands personnages tiennent à l’existence humaine.