Devant une basse-cour je passais
Flaneur désoeuvré
J’admirais cette république pacifique :
« Ces gentils animaux sont heureux
Alors qu’ils ne savent pas
Qu’ils n’ont rien à payer »
Je revenais de ma promenade
Quand je vis la fermière paraître
Et éparpiller du grain
Poussant de petits cris
Suscitant un tumulte confus
On se bat on se pille !
C’est la guerre de tous contre tous
A grands coups de bec
La poule contre le pigeon
Le canard contre la pintade
Pire de la poule contre la poule
Sur le toit une volée de moineaux
Piaule d’impatience
Je pense en frémissant :
« Les volatiles sont à notre image
Tout animal est rapace et jaloux
Pour un peu de grain de terre ou d’or
La force est le droit de tous »