Le fabuliste méconnu ( 64 )

Les guerriers surexcités
Demandaient à haute voix
Que l’on passe immédiatement
A l’assaut frontal brutal
Le général demanda deux chevaux
L’un n’avait plus que la peau sur les os
L’autre noble et fier avait une croupe luisante
Des jarrets vigoureux une encolure puissante
Le chef demanda à un soldat robuste
D’arracher sa queue à la pauvre haridelle
Il s’attelle volontiers à cette tâche aisée
Mais vainement il se démène et sue
Peine perdue il se retire
Sous les brocards et les rires
Le général demanda ensuite
A un petit guerrier dont la taille
Ne dépassait pas la hauteur du bouclier
Le malheureux manque de défaillir
Mais le chef lui glisse un conseil dans l’oreille
Le quasi-nain épluche la queue
Du noble étalon crin après crin
Il n’en reste plus qu’un mince appendice

Quand la force échoue la ruse peut réussir
Souvent il convient d’essayer d’échouer
De recommencer de tâtonner d’avancer
De réussir enfin
Mais enfin on peut constater er c’est tant mieux
Que personne n’a arraché la queue