Le fabuliste méconnu ( 82 )

Le vent porta une graine dans un hallier
Elle devint une petite pousse
Les ronces enlaçant leurs sarments épineux
L’étouffaient sous leur voute inhospitalière
La pressaient de leus épines
Le ténébreux berceau était-il un tombeau ?
Le jeune ormeau apparut au grand jour
Devint l’honneur du bocage
Les ronces l’entourant de leurs tiges grimpantes
Quémandaient son appui
L’orme dit : « Vous me caressez maintenant
Que vous n’avez pu m’étouffer ? »
La ronce la plus diserte répondit :
« Quelle erreur ! Quelle injustice !
C’est notre ombrage protecteur
Qui a protégé votre enfance
Hiver et été »

Il en va de même des humains
Petit vous êtes humilié
Grand vous êtes flatté
Y compris par ceux qui n’ont pu
Faire de vous une victime