Le fabuliste méconnu ( 106 )

Un rossignol caché dans un riant bocage
Charmait l’air embaumé de son ramage
Sur un rameau un aigle amical
S’abattit en douceur Son oeil rouge enflammé
Eut tôt fait de découvrir au travers du feuillage
Le chantre mélodieux qui le charmait
« Pourquoi te caches-tu dans ce séjour obscur ?
Viens suis-moi tu connaîtras ta voix dans l’azur »
Le rossignol oublie son naturel timide
Monte à défier le soleil
Mais l’orage se déchaine au sein des nuages
La foudre et le tonnerre épouvantent le petit oiseau
Tandis que l’aigle s’émerveille de la fureur des éléments
Il demande au rossignol d’opposer au fracas
Les merveilleux accords de sa douce musique
L’oiseau essaye Ses sons languissent
Sa voix n’a plus d’éclat Ses faibles accents
Se perdent dans la tempête
Trouvant la force de planer calmement
Il rentre au bercail son bosquet solitaire
Il peut dire adieu à l’aigle majestueux :
« Les orages sont pour moi de bien tristes concerts
Je ne peux chanter que dans ce vert bocage  »

Nous avons tous un talent
Encore faut-il savoir lequel