Le fabuliste méconnu ( 120 )

L’humanité du chat n’est pas un fait reconnu
Un seul sur mille peut-être peut s’en réclamer
On m’a conté l’histoire que je crois véridique
D’un chat philanthrope
Ce chat pacifiste par nature et par conviction
Ne voulait que des croquettes
Et ne désirait en aucun cas porter atteinte
A quelle que vie que ce soit
A le voir ainsi les rats s’enhardirent
L’un d’eux osa même lui monter sur le dos
Il n’eut d’autre ennui que de subir
Un cours de politique humanitaire
D’autres rats se pressèrent pour jouer avec le chat
Celui-ci se laisse pincer mordre
Mais quand le premier sang jaillit
Le chat devinant qu’on le dupe
Balaie la racaille d’un revers de la patte
On pourrait dire que si l’on chasse le naturel
Il revient au galop
Ou qu’avec les méchants
On perd son indulgence
Je voudrais donne un exemple humain :
Un homme pillait égorgeait
Tua même père et mère
On le condamna à mort
Un philanthrope argua
Que la société n’avait pas à tuer
La condamnation fut muée en bagne à vie
Le philanthrope critiqua les galères
Indignes d’un être humain
Promené de prison en prison
Le prisonnier réussit à s’évader
Et reprit son activité criminelle
Il est bon d’être bon
Même avec les criminels endurcis
La peine de mort est irrémédiable
Elle exclut le repentir
Ne tient pas compte de l’erreur judiciaire
Mais il ne faut pas prendre les criminels
Pour des innocents
Une certaine philanthropie niaise naïve
Va à l’encontre de sa propre cause
Et oublie les racines du mal
Qu’il faudrait éradiquer
L’enfance malheureuse la misère