Le fabuliste méconnu ( 142 )

Un fier cheval anglo-arabe
Etait le feu de ses narines
L’éclair de ses yeux la forêt de sa crinière
Le globe de sa croupe
Echappé de son écurie
Il galopait au hasard
Franchissait les coteaux les vallons
Défiait le vent
Il provoque par le tonnerre de ses hennissements
L’ouragan furieux qui rugit sur sa tête
A sa vue un noir vol de corbeaux
Epouvanté se cache dans les arbres
La foudre frappe le cheval intrépide
Il tombe inanimé sur le gazon
Qu’il inonde de son sang
Les corbeaux un à un sortent de leur repaire
La peur fait place à la colère
Leurs croassements deviennent insultants
Sur le cheval mort ils fondent en bande
Ils foulent en vainqueurs le cadavre palpitant
Ils le dévorent

Tels sont les envieux les sots les ingrats
Quand sonne la disgrâce ou la mort
D’un dignitaire dont ils baisaient les pas
Qu’ils n’osaient pas regarder en face
Ils réclameraient volontiers
L’honneur de l’avoir mis à bas