Tu n’as pas choisi de vivre. Tu n’as pas choisi tes parents, ni le lieu, ni le moment de ta naissance. Tu es arrivé dans un monde qui te surplombe de toutes parts, de l’intérieur, de l’extérieur. Tu es radicalement dépassé. Tu es prisonnier d’une malédiction. Tu n’es pas responsable de ce qui devient un destin.
Mais cette malédiction est la tienne. Depuis la rencontre hasardeuse d’un ovule et d’un spermatozoïde, seul toi es essentiellement atteint par les événements qui te concernent. Plus tu avances en âge, plus tu prends des décisions qui modèlent ce qui devient ta destinée. Tu es aussi coupable des coups du sort qui t’accablent parce qu’ils ne concernent véritablement que toi. Tu ne peux qu’assumer ce que tu es, ce que tu es devenu.
Tu es pris entre destin, fruit d’une fatalité à bien des égards évidente, et destinée, fruit d’une liberté dans une certaine mesure paradoxale.
D’un côté tu es irresponsable, de l’autre tu es responsable. D’un côté tu n’es pas du tout responsable, de l’autre tu l’es totalement.
Il va de ta dignité d’assumer tes responsabilités. Tu as droit à d’éventuelles circonstances atténuantes.