Nous avons eu un copain étranger dont nous avons pensé qu’il pouvait être un ami. Il était extraordinairement narcissique. C’était un véritable Narcisse. Je n’ai vu personne s’adorer autant en se regardant dans la glace. Mais il était charmant.
il voulait à tout prix être mon égal, ce qui est louable. Le problème est qu’il confondait les trois types d’égalité que je vais essayer de distinguer :
Le premier est l’égalité en droit qui est acquise à tous, qui va de soi. Quelle que soit ta personnalité, tu es mon égal en droits et en devoirs.
Le deuxième est l’égalité devant le mystère de l’être, le mystère contenu au fond de chaque personne devant lequel nous manquons singulièrement de critères et de connaissances.
Le troisième est l’égalité uniforme dans la foule anonyme. Les deux premières sont nécessaires, la dernière est condamnable. Nous sommes tous différents les uns des autres. Nos différences sont non seulement inéluctables, elles sont souhaitables. Ne nions surtout pas la formidable inégalité des talents.
Le copain étranger avait le don des langues, il s’était merveilleusement intégré dans la société française. Il était enviable à bien des égards. Pourquoi vouloir être mon égal ?