Paresseux de tous les pays, unissez-vous ! La paresse est un « mol oreiller » selon Montaigne soi-même. C’est dire que la paresse est la rançon, mais aussi la récompense du travail. Les sociétés humaines se définissent par le travail et non pas par le loisir, si précieux soit-il.
En latin l' »otium », le loisir, s’oppose à sa négation, le « negotium », dont nous avons fait négoce. Je veux bien croire que l’empire romain avait pour but le loisir, par exemple dans ses thermes et dans ses jeux. Mais il ne s’est pas construit à coup de loisirs.
La paresse est le meilleur moyen de s’isoler de la connerie ambiante. Elle culmine dans ce que j’appelle le sommeillage, c’est-à-dire qu’on fait semblant de dormir pour se reposer et faire venir les idées. On sommeille.
La paresse permet d’écluser le pire de la misanthropie. Eventuellement elle empêcherait Alceste de se rendre dans le salon de Célimène, haut lieu des vanités. Alceste a oublié d’être paresseux.
Cependant ne te fais pas d’illusions, tu es vaniteux et tu n’échappes pas à la mode. La mode, comme tout ce qui est humain, est paradoxale : d’un côté elle est uniformité, de l’autre elle est créativité.
Bref, la paresse est aussi un travail.