L’espoir fait vivre. Mais il n’y a pas d’espoir sans désespoir.
L’espoir est le désespoir de l’instant présent.
J’ai beaucoup vécu dans l’espoir. J’ai respecté le « principe espoir » du théoricien marxiste Ernst Bloch
Dans les années soixante, après le succès de certaines luttes de libération nationale, au Vietnam, en Algérie, après l’explosion de Mai 68, devant un bloc « socialiste » qui paraissait susceptible d’évoluer de façon positive par des voies diverses, de Tito à Mao, je pensais que s’ouvrait sur la gauche du parti communiste un large espace propice aux luttes.
Je n’avais pas tout à fait tort. Qu’on pense au féminisme, à l’écologie, à l’homosexualité ! Les années soixante-dix ont été expérimentales. J’étais partisan d’un vaste dialogue sans exclusives. Je déclarais même : « Pas d’ennemis à gauche ». A partir de 1980 j’ai déchanté dans le même temps que soudain je vieillissais. Les erreurs de jeunesse du gauchisme étaient devenues sénilité.
J’espère moins, je désespère moins. J’apprécie le bonheur. J’ai même connu la déprim’ du bonheur, ce malaise intime qui provient de l’absence inattendue d’adversité.
Le bonheur n’est pas la joie. Le rire a peur. Le rire est réaction soudaine à une peur éventuelle.
Mais je me souviens d’Héraclite : « Si tu n’espères pas, tu ne recevras pas l’inespéré ».