Je voudrais écrire un éloge de la paresse, mais je suis trop paresseux pour le faire. J’ai déjà rencontré une difficulté de ce genre quand il s’est agi pour moi d’écrire un éloge pas banal de la banalité.
Montaigne et Lafargue, le gendre de Marx, ont eu plus de talent que moi. Lafargue a même écrit un véritable « droit à la paresse ». Mais le plus brillant est peut-être notre Jean de la Fontaine qui a écrit son « épitaphe d’un paresseux » :
« Jean s’en alla comme il était venu …
Quant à son temps bien le sut dispenser :
Deux parts en fit, dont il soulait* passer
L’une à dormir et l’autre à ne rien faire ».
* Soulait : « avait coutume de… »
Quand on voit l’importance qualitative et quantitative de l’oeuvre de notre fabuliste national, il est difficile de prendre sa paresse au sérieux. N’oublions pas de reste ses « contes » grivois.
Pourtant La Fontaine a raison. Pour bien travailler, une première condition est de bien dormir et aussi de rêvasser… , puis de prendre son temps…
Au total ce n’est pas sa paresse qui subsiste de La Fontaine, mais bien son génial travail. Seul le travail est fondateur.
N.B. : C.F. l’article du 6/9/2013 intitulé « Paresseux’.