Post-modernité

Un des plus grands regrets de ma vie est d’avoir sous-estimé pendant trente ans la post-modernité. Je n’y voyais que petites turbulences autour de la modernité. Dès 1964 je savais quelque chose de l’opposition entre baroque et classicisme, auxquels succédaient le romantisme, puis la modernité. J’ai fini dans les années quatrevingtdix par dater la modernité des années 1860, de Flaubert et Baudelaire, de Courbet et Manet pour la faire terminer dans les années 1960 qui ont vu les premiers triomphes de la post-modernité.
Telle que je la conçois, la modernité est volonté d’aller au bout des possibilités de l’art, à partir de ses codifications traditionnelles, avec d’un côté une volonté de réalisme, un fort désir de se rapprocher de la réalité, de l’autre une volonté de renouveler les symboles esthétiques.
La post-modernité conteste ou détruit le concept même d’art. Tout devient art. Tout devient question de regard : la même chose anonyme, anodine, voire vulgaire, devient artistique si on la regarde comme telle. Certains ont même parlé d’an-art, de disparition de l’art.
Je fais volontiers débuter la post-modernité avant même 1960 avec le peintre américain Jackson Pollock, dont les giclures ont évoqué pour certains les mathématiques fractales. Nos cités sont envahies par les « graff »; les « tags » du « street-art », nos maisons par des variations généralement géométriques sur le mode illustré par Keith Haring que j’ai déjà cité dans ce blog.