Dans mon enfance autour de moi personne ne connaissait le rugby. Je lisais un petit journal pour enfants, franco-belge, « Will », qui répétait à satiété que le rugby est un sport violent, fait pour et par des brutes, qu’il ne faut surtout pas s’y intéresser. En 1958, j’avais vingt ans, j’ai découvert, grâce à la télévision, un match de rugby. J’ai été émerveillé, fasciné. Une des raisons est que le rugby offre des possibilités à toutes les carrures. Les petits et lents comme moi peuvent penser être demis, jouer à la mêlée ou à l’ouverture. L’étrange mêlée manifeste un étonnant esprit de solidarité dans le combat. Je continue à trouver merveilleux que quelqu’un, un Anglais, ait inventé le ballon ovale. Je trouve ça bien intéressant que la France soit le seul pays à rivaliser depuis un siècle avec les nations britanniques, que justement il y ait des nations en Grande-Bretagne, le pays à la rose, l’Angleterre, la pays au chardon, l’Ecosse, le pays au poireau, le Pays de Galles, le pays au trèfle, l’Irlande, le rugby étant de reste l’une des rares activités à unifier l’Irlande du Nord, l’Ulster, et l’Eire… Le rugby me parait bel et bien « un sport de voyous joué par des gentlemen »…