La pensée de Platon peut être décrite comme l’ascension d’une montagne. Au sommet les nuages, les merveilleux nuages, ou les nuées moquées par Aristophane, c’est à dire les idées transcendantes qui seraient seules essentielles, mais qui pour beaucoup sont inaccessibles. A un moment l’escalade qui se fait par petits groupes rencontre un obstacle infranchissable, en termes logiques une aporie. Il faut redescendre en se promettant de recommencer à la première occasion car l’amour de l’idée est plus fort que tout.
Ainsi présentée la pensée de Platon ne peut être dogmatique. Elle ne l’est que si elle devient religieuse, chrétienne ou musulmane. Aristote présente un corset de concepts de base, utilisés dans la vie quotidienne. Sa pensée est dogmatique, ce qui ne lui enlève pas une validité essentielle. Les derniers platoniciens paiens comme les premiers théologiens musulmans ont constaté une division du travail entre les deux géants de la pensée antique, résumée par Raphael, dans une peinture célèbre : Aristote désigne la terre, Platon le ciel, le ciel des idées.