Esthétiques

Tout est question de styles. Le style est apparence qui rend compte de l’apparence. Tout est apparence, tout est hypothèse.
Le classicisme cherche avec gravité un retour à la nature, au naturel. Le baroque recherche avec joie l’exubérance de la nature. Le classicisme est probe, le baroque est gentiment escroc qui multiplie les trompe l’oeil. Le classicisme aime la raison, le baroque l’irrationnel. Ils aiment le même Dieu, mais l’un est un dieu de raison, l’autre une foi, une croyance. Le classicisme apprécie la ligne droite, le baroque les courbes. Le classicisme triomphe dans l’architecture même quand celle-ci est dite baroque à Rome au XVII° siècle avec Le Bernin et Borromini. L’architecture est d’abord l’art du fil à plomb. Le baroque triomphe dans la décoration qui corrige l’austérité de l’architecture.
Le maniérisme réalisait en petit ce que le baroque réussissait en grand. Le baroque visait le sublime, le maniérisme se contentait de la joliesse.
La modernité cherche à épuiser les possibilités de l’art, en recherche l’essence. La post-modernité explose les catégories. La post-modernité offre des possibilités inouïes dans le n’importe quoi du bazar et du supermarché. La modernité est élitiste, la post-modernité est accessible à tous à condition de renoncer à ce qu’on a appris. La post-modernité offre des plaisirs simples, la modernité la plus simple est complexe, dans le lyrisme de Kandinsky comme dans la géométrie de Mondrian.
Le baroque et le classicisme étaient des arts de cour et d’église. La modernité correspondait à la laïcisation du monde. La post-modernité fait état de la post-industrialisation, de la virtualisation du monde réel.
Où est la beauté là-dedans ? Elle est partout.
Le classicisme et le baroque sont des contraires complémentaires. La modernité et la post-modernité sont des contraires qui s’excluent. Le baroque explose là où le classicisme implose. La modernité concentre là où la post-modernité déconcentre à l’extrême. La modernité compose, la post-modernité décompose …

N.B. : Un article sur la « post-modernité » a été publié le 18/10/2013