Les historiens ne disposent généralement que de notions et pas de concepts. Cette carence n’a pas d’importance tant qu’ils se cantonnent dans le concret qui est leur spécialité. Mais, même sans qu’ils s’en aperçoivent, des glissements sont possibles.
Il est de bon ton aujourd’hui de parler systématiquement de Cités-Etats. Mais qu’y-a-t-il de commun a priori entre la Phénicie, disons, du IX° siècle avant le Christ, les Mayas du III° siècle après J.C., les Grecs du V° siècle avant J.C. ? Les Cités certes, mais de quel type ?
On peut faire l’hypothèse que les cités phéniciennes se fondaient sur le commerce pour créer un Etat de type encore archaïque, que les cités mayas se basaient sur l’agriculture pour fonder de mini-asiatismes dans mon vocabulaire. La grande originalité est celle des cités grecques qui ont beaucoup travaillé la question institutionnelle de type aristocratique ou démocratique. Dans les deux premiers cas, il faudrait parler d’Etats-Cités, c’est dans le dernier qu’il faudrait parler de Cités-Etats.
Une preuve, pour autant qu’on puisse parler de preuve dans ce domaine complexe, est donnée par l’histoire de Carthage. Cette colonie phénicienne située en Afrique a suffisamment évolué pour se doter d’une constitution, la seule non-grecque qu’Aristote ait étudiée au même titre que les constitutions helléniques. Garthage était devenue incontestablement une Cité-Etat.
N.B. : La dernière fois que j’ai abordé le thème des modes de production, en association avec celui des formations sociales, c’était le 22/10/2013. Pour les modes de production eux-mêmes voir le 10/10/2013.