Plus je lis Tristan Corbière, plus je l’aime :
Il se tua au travail pour mourir de paresse
Il ne vécut que par l’oubli
Son seul regret : ne pas être sa maîtresse
Il fut un mélange hétéroclite de tout
De « je ne sais quoi » à « je sais pourquoi »
De l’or à « sans le sou »
De la vigueur à manque de nerf
De l’âme sans esprit
Du trop de noms pour avoir un nom
Chercheur d’idéal sans une idée
Rime riche jamais rimée
Poète en dépit de ses vers
Toujours parti déjà de retour
Philosophe à tort et à travers
Drôle sérieusement pas drôle
Peintre il faisait de la musique
Bref une tête sans tête
Trop fou pour faire la bête
Oiseau rare de pacotille
Très mâle parfois très fille
Capable de tout et bon à rien
Mettant les pieds dans le plat
Incompris par lui-même
Ni quelqu’un ni quelque chose
Son naturel était la pose
Trop cynique étant naïf
Ne croyant à rien avalant tout
Trop cru étant bien cuit
Flâneur ou épave
L’esprit à sec et la tête ivre
Il vécut en s’attendant à mourir
Il mourut en attendant de vivre