Jules Laforgue fut-il un pierrot lunaire ?
Noel ! Noel ! La tendresse maternelle !
La liesse que l’on hume !
Je ne les retrouve pas sous ma plume
Dans la petite église dont la toiture s’effondre
Ma jeune madone au doux corsage blanc
Donne son sein à son nouveau-né génial
Au vitrail j’avise un coeur de rubis
Qui se meurt et qui revit
Il parait que l’Enfant est né
J’ai le plaisir de vous annoncer :
Je suis falot, elle est falote
Le train stoppe sous un falot
Sera-t-elle un bon pilote ?
Sous le serre-tête en soie noire
Les yeux sont noyés le cou est raide
La bouche est comme empesée
La bouche rouge comme un géranium
S’arrondit à peine
Une petite larme noire perle sur la joue
Le pierrot est toujours blanc
Ca lui fait de la peine
Sectateur du blême
On ne l’oblige pas à s’exhiber
Pour une fois
Le géranium ne passera pas l’hiver
Grâce à cette demoiselle
Le pierrot sera là l’année prochaine
J’adore le solstice d’hiver
Je préfère l’équinoxe de printemps
N.B. : J’ai rarement à ce point ressenti la supériorité du poète d’origine.