Hommage à Cyrano

Hercule Savinien de Cyrano de Bergerac écrivait en prose au XVII° siècle :

Trois fleuves arrosent nos campagnes
La premier, le plus large, est la mémoire
Le deuxième, étroit et creux, est l’imagination
Le troisième, une rivière minuscule, est le jugement
La mémoire est handicapée par le ramage importun des oiseaux
Son eau roule avec beaucoup de bruit
Elle enfante de gentils monstres qui se répètent ce qu’ils se sont entendus dire
L’imagination coule doucement
Ses bluettes humides voltigent en désordre
Sirènes et salamandres y nagent allègrement
Les branches qui s’avancent accueillent des phénix
Les fleuves se divisent en de multiples bras
L’imagination et la mémoire se tarissent mutuellement
Le petit jugement est froid et lent
Il nourrit l’ellébore et des serpents
Sur ses rives paissent des éléphants
Il revient perpétuellement sur lui-même
Ces trois fleuves sont les seuls à arroser le soleil
Ils détrempent les atomes brûlants
Pour en faire une purée succulente