Florian ( 24 )

Un jardinier avait un antique poirier
Qui jadis fertile était désormais
Stérile
Le jardinier empoigne sa cognée
Au premier coup l’arbre s’écrie :
« Respecte mon grand âge
Souviens-toi des fruits que je t’ai donnés
N’assassine pas un mourant
Qui fut ton bienfaiteur »
« Je te coupe avec peine mais j’ai besoin de bois »
Le rossignol se montre et de sa douce voix :
« Cet arbre est aussi le mien
C’est dans son ombrage
Que je répands mon ramage
Qui plait tant à madame votre épouse »
Le jardinier sourit et frappe un second coup
Un essaim d’abeilles sort du tronc :
« Homme inhumain, si tu nous laisses cet asile
Nous te laisserons prendre tant de miel
Que tu pourras en vendre à la ville »
L’avare jardinier s’exclame :
« Je dois beaucoup à ce poirier
Je me souviens de ma jeunesse
Que ma femme écoute en paix les oiseaux !
Pour vous qui augmentez mon aisance
Je vais semer des fleurs dans tout ce canton »
Il est bon que la reconnaissance
S’accompagne de l’intérêt bien compris